Si les questions de politique étrangère ont été peu abordées dans les différents débats télévisés entre les candidats en lice pour la présidentielle, il n’en demeure pas moins qu’elles sont déterminantes pour l’avenir de la France et les programmes des cinq têtes d’affiche (François Fillon, Benoit Hamon, Marine le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon) méritent d’être tout autant examinés que les questions économiques ou sociales.
Sous la présidence de François Hollande, l’Elysée a dessiné une ligne qui rassemble les diverses tendances de la diplomatie française, mêlant la tradition gaulliste / mitterrandienne à un atlantisme et un interventionnisme plus affirmés (chers aux partisans du droit d’ingérence humanitaire). En 2015, Camille Grand, alors directeur de la Fondation pour la recherche stratégique déclarait : « c’est une diplomatie désidéologisée qui s’éloigne des vaches sacrées du gaullo-mitterrandisme ». La diplomatie française s’est ainsi articulée autour de plusieurs chantiers : la lutte contre le terrorisme avec la guerre au Mali et en Centrafrique et les frappes en Irak et en Syrie, le nucléaire iranien, l’accord sur le climat, la crise en Ukraine…
A part sur l’Europe, il n’y a jamais eu de vraie rupture dans les grandes orientations diplomatiques depuis 1958. La France a toujours été l’alliée de Washington et a pris ses distances avec Moscou lorsque la Russie adoptait une posture offensive. Cela n’a, du reste, jamais empêché un dialogue constant avec Moscou.
Aujourd’hui plus que jamais, les relations internationales de la France ont des conséquences majeures sur la politique intérieure : le terrorisme et les migrations sont liés au chaos syrien et à l’émergence de mouvances islamistes au Moyen-Orient ; le Brexit a crée une fracture et invitera le prochain président à redéfinir la place de l’Europe et sa raison d’être ; les sanctions imposées à la Russie peuvent avoir un impact sur notre agriculture ; l’élection de l’imprévisible Donald Trump nous laisse avec un certain nombre d’incertitudes dans le domaine commercial et militaire…
Deux visions de notre diplomatie s’opposent pour cette élection : d’une part, la continuité, c’est-à-dire la méfiance vis-à-vis de la Russie et une ligne dure sur la Syrie et sur l’Iran, et d’autre part, une sorte de « politique alternative » où la France se rapprocherait de Moscou et des puissances chiites du Moyen-Orient et se distancerait de Washington et des monarchies sunnites du Golfe.
Sur certaines questions précises, de choix stratégiques se présentent : faudra-t-il lever les sanctions imposées à la Russie ? Devrons-nous nous d’intervenir militairement pour secourir des populations en danger ? Faudra-t-il s’allier à Bachar el-Assad pour lutter contre Daech ?
Les réponses à ces interrogations auront inévitablement des répercussions sur la France. Il faudra donc pour les électeurs, avant le 23 avril prochain, date du premier tour, prendre en considération la perception de la France, de l’Europe, du monde, et plus largement de notre civilisation, qu’ont les candidats à l’élection présidentielle.