Gilbert Collard et Louis Aliot s’en prennent à Frédéric Chatillon

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on print
Share on email

Par le Monde – Olivier Faye


Lors d’une rencontre avec la Confédération des juifs de France et des amis d’Israël, Gilbert Collard et Louis Alliot se sont désolidarisés de ce proche de Marine Le Pen.

C’est le genre de rendez-vous dont rêve le Front national pour essayer de convaincre qu’il s’est débarrassé des soupçons d’antisémitisme qui pèsent sur son compte. Mercredi 8 février, Louis Aliot et Gilbert Collard étaient reçus pour un petit déjeuner au restaurant Chez Françoise, à Paris. Un événement organisé par la Confédération des juifs de France et des amis d’Israël (CJFAI).

Devant une trentaine de personnes, son président Richard Abitbol, qui assure avoir reçu des pressions du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) pour faire annuler cette invitation, se félicite de provoquer « une rupture avec un tabou dans la communauté juive de France ». La position officielle du CRIF reste de ne pas entretenir de rapports avec le parti d’extrême droite.

Mais, de leur côté, les dirigeants de la CJFAI veulent recevoir les grands candidats à l’élection présidentielle, « même Benoît Hamon »« Nul ne peut dire que depuis 2011, le FN n’est plus ce qu’il était. Il n’y a pas eu de propos antisémites de la part de Marine Le Pen ou de dirigeants proches d’elles », affirme Richard Abitbol. Et l’homme de se féliciter que la présidente du FN ait « éliminé » son père Jean-Marie Le Pen du parti.

Une fois ce satisfecit délivré, il tient à poser une « question qui dérange » à ses invités : « Il y a encore des gens peu fréquentables au FN, comme M. [Frédéric] Chatillon ou des proches de Rivarol [hebdomadaire pétainiste et antisémite]. Que comptez-vous faire avec ces personnalités qui dérangent ? » M. Chatillon, un ami de longue date de Marine Le Pen, est proche du polémiste antisémite Alain Soral et de l’humoriste Dieudonné, et soutient le régime syrien de Bachar Al-Assad. Dirigeant de la société Riwal, qui a longtemps été le prestataire des campagnes du FN, il se rend aujourd’hui régulièrement au siège de campagne de Mme Le Pen, et aurait, selon un dirigeant du parti, « une vision large sur la communication » de la candidate à la présidentielle.

Coup de com’ réussi

Gilbert Collard prend la parole le premier. « Frédéric Chatillon, je ne le connais pas, assure le député du Gard. Chaque fois que je le vois, je l’évite. Je crois savoir qu’il n’occupe aucune place dans les instances du Front. (…) J’ai une position très simple. Les gens qui sont discutables, je suis pour qu’on les vire. Chatillon, personnellement (…), je vous mets au défi de me voir en sa présence quelque part. Il ne serait pas là, on se porterait beaucoup mieux. » L’intéressé était pourtant présent à Lyon, les 4 et 5 février, durant tout le week-end des assises présidentielles de Marine Le Pen. Comme M. Collard.

Louis Aliot prend la parole à son tour. « On peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, je comprends, concède le député européen. Il ne s’occupe pas des affaires internationales, il n’a pas son mot à dire dans notre politique internationale. (…) Il est un extérieur qui pose problème dans certains milieux, je le conçois. (…) Je n’ai aucune sympathie pour un certain nombre de militants historiques de causes palestiniennes ou propalestiniennes, ou d’extrême gauche. Encore moins du révisionnisme historique, ou encore moins d’une tolérance quelconque par rapport au régime nazi. »

Pour la CJFAI, le coup de com’ est en tout cas réussi. Qu’importe qu’elle ne soit pas particulièrement représentative. « Abitbol est une confédération à lui tout seul », souffle un représentant de la communauté juive. Le président de l’Union des patrons et professionnels juifs de France, Claude Barouch, assure, de son côté, qu’il a donné sa démission de la CJFAI, confédération qui revendique chapeauter dix-huit associations différentes et plus de 40 000 adhérents. « Je suis un des fondateurs de la CJFAI. Aujourd’hui, c’est géré par trois ou quatre personnes, sans aucune consultation de ceux qui sont censés en être membres, déplore-t-il. Pour moi, le FN est une organisation infréquentable. Marine Le Pen a soi-disant dédiabolisé le parti, mais elle garde les diables : Chatillon, Bruno Gollnisch, Philippe Péninque. » Une opinion qui, visiblement, trouve de l’écho jusqu’au sein du FN.