Le bilan du quinquennat de François Hollande en matière de politique étrangère et dans la relation avec Israël

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La politique étrangère est sans doute le domaine où l’action des présidents fait relativement consensus et à cet égard, François Hollande n’a pas dérogé à la règle. L’Elysée a su dessiner une ligne rassemblant les diverses tendances de la diplomatie française, mêlant la tradition gaulliste / mitterrandienne à un atlantisme et un interventionnisme plus affirmés (chers aux partisans du droit d’ingérence humanitaire). En 2015, Camille Grand, alors directeur de la Fondation pour la recherche stratégique déclarait : « c’est une diplomatie désidéologisée qui s’éloigne des vaches sacrées du gaullo-mitterrandisme ».

La diplomatie française s’est articulée autour de plusieurs chantiers : la lutte contre le terrorisme avec la guerre au Mali et en Centrafrique et les frappes en Irak et en Syrie, le nucléaire iranien, l’accord sur le climat qui fut un succès, la crise en Ukraine… Le programme du candidat Hollande en 2012 intitulé Les 60 engagements pour la France listait une série d’objectifs de politique étrangère et européenne, même si ceux-là constituaient plus une collection de différentes actions qu’une doctrine de politique étrangère à proprement parlé. Et parmi ces 60 vœux, le 59e consistait à « Soutenir la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien ».

La politique européenne a été largement contrôlée par l’Élysée tandis que la politique africaine a été principalement conduite par le Ministère de la Défense, au nom de la lutte contre le terrorisme. La France considère depuis longtemps que sa participation aux organisations internationales est l’un des vecteurs d’exercice et de maintien, de sa puissance. À ce titre, le succès de la COP 21 doit être porté au crédit de la diplomatie française et constitue une preuve de l’engagement français en faveur du multilatéralisme. La grande caractéristique du Président Hollande a été son rapport décomplexé à l’utilisation de la force armée, avec les déclenchements de l’opération Serval au Mali et de l’opération Sangaris en Centrafrique, et une tentative d’intervention en Syrie qui ne fut guère efficace du fait des atermoiements de la communauté internationale. En effet, les velléités des puissances occidentales ont permis à la Russie de Vladimir Poutine de largement dominer le jeu au Moyen-Orient.


 

La lutte contre Daech et le terrorisme

 Dès l’entrée de son mandat, François Hollande a été confronté à la menace terroriste. Alors qu’il n’était pas encore en exercice, les attentats de Toulouse et Montauban en mars 2012 ont fait entrer la France dans une nouvelle ère et fait de la lutte contre le terrorisme le fil rouge du quinquennat suivant.

Dans cette perspective, les effectifs de l’armée française ont été rehaussés sous la présidence d’Hollande. En effet, la défense française a été particulièrement mise à l’honneur sous le quinquennat : volontariste, la politique de défense de François Hollande a permis le déploiement de l’armée française sur différents théâtres d’opérations en Afrique et au Moyen-Orient, au nom des valeurs universelles que la France porte et des intérêts qu’elle défend.

  

  • Afrique et Centrafrique

Le 11 janvier 2013, le président François Hollande engageait l’armée française au Mali contre les djihadistes : c’est l’opération Serval. Le pays était alors coupé en deux et dirigé par un gouvernement sans légitimité démocratique. En l’espace de douze mois, l’armée française (environ 2500 soldats) a libéré le nord de la boucle du Niger, des centaines de djihadistes ont été neutralisés et le Mali s’est doté d’un Président démocratiquement élu. L’opération Barkhane, prolongement de la précédente, lancée au Sahel le 1er août 2014 est parvenue à repousser les djihadistes qui ont contrôlé le nord du pays de mars-avril 2012 à janvier 2013. 3000 hommes ont été mobilisés. Les djihadistes ont été neutralisés dans les principales villes du nord telles que Tombouctou et Gao mais l’insécurité demeure sur les routes et les espaces désertiques et empêche le retour à une activité économique normale.

Lancée il y a trois ans après le renversement du Président François Bozizé par les groupes rebelles de la Seleka qui s’étaient adonnés à de multiples exactions contre les populations chrétiennes (lesquelles ont constitué des milices d’auto-défense anti-balaka et s’en sont pris à leur tour aux civils musulmans), l’opération Sangaris en Centrafrique s’est achevée officiellement en octobre dernier. Avec l’aval de l’Union africaine et de l’ONU, 2500 soldats français ont été mobilisés au plus fort des tensions, trois soldats sont morts pendant l’opération et 120 autres blessés. Sangaris a coûté plus de 500 millions d’euros et le bilan de l’opération est en demi-teinte : si elle a permis de mettre fin aux tueries de masse, les bandes armées ne sont pas neutralisées et les 10 000 casques bleus de l’opération des Nations-Unies MINUSCA, toujours présents en Centrafrique, continueront de faire face à de nombreux défis sécuritaires (25 000 réfugiés dans un camp près de l’aéroport de Bangui, reprise des exactions par les milices qu’il reste à désarmer, etc.). 

  • Syrie et Irak

En août 2013, François Hollande veut « punir » le régime du président syrien Bachar al-Assad, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques contre son peuple. Mais le dirigeant français doit se raviser après la volte-face de son homologue et allié américain, Barack Obama, qui renonce à le suivre. Sur le dossier syrien, François Hollande « veut penser que la démocratie existe dans ce pays et qu’il faut parvenir à la faire émerger. » Cela implique qu’il faut combattre Bachar al-Assad. La France doit donc opérer un virage et opte pour une approche beaucoup plus attentiste, calquée sur l’attitude américaine, qui privilégie l’endiguement de la crise et la lutte contre le terrorisme. Elle entend désormais cibler les bastions du groupe jihadiste dans le nord de la Syrie. Fin septembre 2016, les avions français, alors engagés en Irak dans le cadre de la coalition internationale anti-jihadiste, frappent des sanctuaires de Daech. Ainsi Paris considère son intervention en Syrie comme de la légitime défense puisqu’elle est attaquée sur son propre territoire.

En Irak, depuis septembre 2014, l’opération Chammal permet le déploiement des forces militaires françaises. Au sein de la coalition internationale contre l’EI, les avions de chasse tricolores et le porte-avions Charles-de-Gaulle sont fortement mis à contribution.

Au 1er septembre 2016, le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’État-major des armées, rapporte que la France a effectué du 5 juillet au 30 août 344 sorties et mené 61 raids. Depuis le début de l’opération, les Mirage et les Rafale français ont mené en Irak un millier de frappes. Ce qui fait de la France la deuxième force de la coalition internationale, juste derrière les États-Unis.

  

Le rôle de la France au Moyen-Orient

Pour la France, le Moyen-Orient et Israël représentent une importante sphère d’influence et des intérêts à long terme. Ces relations stratégiques étroites auraient du permettre aux Français de jouer un rôle de médiateur entre Israël et ses voisins dans les efforts pour obtenir la paix dans la région mais les initiatives françaises, bien que louables et sans doute bien intentionnés, ont davantage renforcé les tensions et la défiance entre Israéliens et Palestiniens.

  • Les relations franco-israéliennes

Depuis 1967, le conflit israélo-palestinien a souvent été un facteur de tension au sein de la société française. La position diplomatique de la France n’a pas évolué et se résume en trois points fondamentaux : « la création d’un État palestinien indépendant, viable et démocratique établi sur la base des frontières de 1967, la proclamation de Jérusalem comme capitale de deux Etats et des arrangements de sécurité préservant la souveraineté de l’Etat palestinien et garantissant la sécurité d’Israël. »

Les attentats de Charlie Hebdo, Montreuil et de l’Hyper Cacher, survenus presque 3 ans après ceux de Montauban et de Toulouse, puis ceux du Bataclan et de Nice ont toutefois changé la donne. Pour la première fois, le peuple français s’est levé pour exiger du gouvernement qu’il assume la «  guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical », selon les propos de Manuel Valls. La France et Israël se sont retrouvés unis dans ce même combat.

L’entente est particulièrement cordiale entre les deux pays lors de l’élection de François Hollande. Shelly Yachimovich, alors présidente du Parti travailliste, est invitée aux universités d’été du Parti socialiste à la Rochelle du 22 au 26 août 2012 puis est reçue à l’Elysée par le président français.

A l’occasion de sa première visite en France depuis l’élection de François Hollande, Benyamin Netanyahou demande à se rendre à l’école Ozar Hatorah à Toulouse le 1er novembre 2012 pour rendre hommage aux victimes de Mohammed Merah. Il s’agit alors de sa première rencontre avec le nouveau président français. Un an plus tard, le président français, qui apparaît comme un homme « neuf » et un ami d’Israël du fait de son engagement contre le boycott, et qui noue de fait une relation plutôt amicale avec le chef de l’Etat hébreu, fait une visite officielle en Israël pour consolider la coopération économique et stratégique à l’occasion de la Journée de l’Innovation. Cette nouvelle réunion avec Benyamin Netanyahou laisse augurer une collaboration fructueuse et les commentateurs évoquent même une « lune de miel » entre les deux hommes.

Si la relation reste forte, cette « lune de miel » ne va pas durer et à mesure que la popularité de François Hollande va s’effondrer et que le PS va essuyer plusieurs revers (il perd les municipales, les cantonales, les européennes et le Sénat en 2014), les liens entre la France et Israël vont se dégrader. Les protestations populaires renforcent ce sentiment de débâcle et la gauche est complètement désunie. Au même moment, survient la guerre à Gaza menée par Israël contre le Hamas à l’été 2014. Ce conflit fait prendre un tournant majeur à la vie politique française et devient une occasion pour la gauche de donner l’illusion qu’elle n’est pas si disloquée qu’elle apparaît et qu’elle peut avoir des convergences de vue avec les frondeurs. Ainsi, la question palestinienne est instrumentalisée à des fins de politique intérieure.

Les démonstrations de force pro-palestiniennes dans les rues de Paris et à Sarcelles et leurs dérives antisémites parviennent à mettre le gouvernement sous pression. Si au début du conflit, François Hollande via un communiqué de l’Elysée reconnaît à Israël « le droit de se défendre » suite à une conversation avec le Premier ministre israélien, il ne peut s’empêcher, quelques jours plus tard de donner des gages aux Palestiniens. Le gouvernement condamne alors « l’action disproportionnée de l’armée israélienne » pourtant très précautionneuse dans ce conflit asymétrique. Quelques semaines après la fin de l’Opération Bordure protectrice, le gouvernement français laisse les parlementaires voter à l’Assemblée nationale et au Sénat une résolution symbolique en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. François Hollande ne dit mot… sans doute y consent-il ? « Soutenir la reconnaissance de l’Etat de Palestine » constitue en effet la 59e promesse de sa campagne. Si la France est légitime à agir au sein du Quartet pour la paix au Proche-Orient, elle a commis de nombreuses erreurs dans le passé et sous le quinquennat de François Hollande. L’agitation politique qui accompagne le débat parlementaire sur la reconnaissance de la Palestine ne présage rien de bon. Benoît Hamon, initiateur de la résolution, a reconnu de son propre aveu, rapporté par Le Canard enchaîné du 19 novembre 2014 : « Cette résolution est tout à fait opportune sur le plan électoral. Il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat des banlieues et des quartiers, qui n’a pas compris la première prise de position pro-israélienne de Hollande, et qui nous a quittés au moment de la guerre de Gaza. ». Les 2 et 9 décembre 2014, deux résolutions portées par les frondeurs du Parti socialiste, sont soumises au vote de la représentation nationale afin de « faire de la reconnaissance de l’Etat de Palestine un instrument pour obtenir un règlement définitif du conflit ». Si les parlements votent en leur faveur, cette décision n’a pas de valeur juridique et n’est pas contraignante pour le Quai d’Orsay. Mais symboliquement, le mal est fait.

Jusqu’à la visite de Manuel Valls en mai 2016, la relation entre la France et Israël est glaciale. Le Premier ministre, qui bénéficie d’une image positive auprès du gouvernement israélien, parvient néanmoins à réchauffer les rapports entre les deux pays.

  • Le soutien de la France à la Palestine au sein des instances internationales

Avant le mandat de François Hollande, Nicolas Sarkozy avait déjà œuvré pour une reconnaissance de la Palestine au sein des instances internationales. Ainsi, le 31 octobre 2011, la Palestine faisait son entrée à l’UNESCO. Un an plus tard, François Hollande prend la relève et le 29 novembre 2012, la France vote en faveur d’une résolution à l’Assemblée générale des Nations Unies permettant à la Palestine, Etat non-membre, d’avoir le statut d’État observateur. Le 31 décembre 2014, la France est le seul pays de l’UE à voter en faveur d’une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies sur un accord de paix qui fournissait un agenda et des paramètres. Celle-ci ne réunit même pas la majorité mais la France a commis une grave erreur diplomatique. « Cette résolution encourage les divisions et non un compromis », avait déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power. « Ce texte n’évoque les inquiétudes que d’une seule partie», avait-t-elle ajouté.

Enceintes de propagande et de haine, l’ONU et l’UNESCO sont aujourd’hui noyautées par une coalition de pays hostiles aux valeurs démocratiques qui ont trouvé une plateforme idéale pour dénigrer les valeurs occidentales et faire avancer leurs pions sur la scène internationale. Seul Israël fait l’objet de ce double standard permanent qui en fait un Etat à part parmi les nations. Ainsi pour la seule année 2014, Israël a été condamné à 20 reprises par l’Assemblée générale des Nations Unies, alors que la Corée du Nord ne l’a été qu’une seule fois, comme la Libye, l’Iran ou la Syrie, et que l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan, la Chine (entre autres pays qui bafouent les droits de l’homme les plus élémentaires) qui ont été tout simplement « oubliés ». 38% des résolutions du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies ont été dirigées contre Israël, le Conseil ayant un agenda où 10 questions sont examinées à chaque session dont une est spécialement réservée à Israël. Les démocraties, et la France en première ligne, ont capitulé face à ce groupement d’Etats antisionistes. Il est pourtant de son devoir de porter haut et fort les valeurs communes que partagent la France et Israël.

Le 24 mai 2016, une résolution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), intitulée « Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé », est adoptée à une écrasante majorité de 107 voix pour et 8 contre. Elle condamne Israël pour avoir prétendument violé les « droits à la santé » des Syriens sur le plateau du Golan. Cette résolution est adoptée alors même que des hôpitaux israéliens soignent, sur le plateau du Golan, des Syriens qui fuient les massacres d’el-Assad. Cette résolution a été promue par les États arabes, et en premier lieu par l’Arabie Saoudite, dont le représentant a averti que les pays qui voteraient contre la résolution de l’OMS ne seraient pas considérés comme des « États épris de paix ».

Toutes ces décisions n’ont aucunement fait avancer les pourparlers de paix, bien au contraire, elles ont entrainé les Palestiniens dans l’irrédentisme, encouragé le terrorisme et le fanatisme. L’Autorité palestinienne a utilisé la scène internationale pour condamner systématiquement Israël, créant toujours plus de défiance entre les deux peuples. Si la France veut être audible et crédible au Moyen-Orient, elle doit prendre pleinement conscience du terrain et du contexte régional, sans brûler les étapes. Elle doit aider à rétablir la confiance et à renforcer les coopérations économiques et stratégiques pour créer un climat favorable plutôt que d’imposer des paramètres sans consulter les principaux intéressés.

Aux mois de mai et d’octobre de cette année, l’UNESCO a officiellement adopté deux résolutions sur « Jérusalem-Est » qui cautionnent une réécriture inadmissible de l’Histoire juive et donc de l’Histoire universelle en niant tout lien millénaire entre Jérusalem et le peuple juif. Tous les sites religieux y sont dénommés en arabe alors même que l’islam est apparu plus de 600 ans après la naissance du Christ et que le Temple d’Hérode, dont le Mur Occidental, selon tous les archéologues, est le vestige. Lors du vote de la première résolution, la France s’exprime en faveur du texte suscitant une levée de boucliers dans le monde et obligeant

Manuel Valls et plusieurs responsables politiques à s’en excuser, pourtant, 5 mois plus tard, au lieu de rectifier le tir, elle choisit de s’abstenir lors du vote d’une nouvelle résolution qui marginalise encore Israël fait des grands sites juifs de Jérusalem un héritage musulman. Le gouvernement israélien a immédiatement annoncé la suspension de sa coopération avec l’UNESCO en signe de protestation. Par ce vote, l’UNESCO a rejeté les fondements mêmes de notre civilisation, faisant ainsi le lit des islamistes qui, dans une volonté de conquête, ambitionnent de prendre en otage la culture du monde libre et les racines du christianisme. Il était du devoir de la France, qui s’est abstenue, et de toutes les démocraties de défendre nos valeurs et faire triompher la vérité et ne pas laisser cette organisation internationale faciliter le travail de sape organisé par les mouvements pro-palestiniens et panislamiques.

 

  • Etiquetage des produits issus des implantations juives de Cisjordanie, du Golan et de Jérusalem Est

Pour la France et la communauté internationale, les implantations juives de Cisjordanie ne font pas partie du territoire israélien. Selon le Quai d’Orsay, « l’implantation de colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est constitue une appropriation illégale de terres qui devraient être l’enjeu de négociations de paix entre les parties sur la base des lignes de 1967 ». Ainsi, l’idée de la mise en place d’une politique d’étiquetage, a progressivement muri au sein des institutions européennes, avec pour objectif de mettre Israël sous pression.

Le 24 novembre, la France a fait le choix d’appliquer cette directive pourtant « non contraignante ». Les hautes instances européennes créent ainsi un droit et une souveraineté palestinienne qui n’existent pas (tant qu’il n’existera pas d’Etat de Palestine) en inventant une frontière fictive (la « ligne verte » est une ligne d’armistice, pas une frontière) qui sépare Israël des implantations. En voulant sanctionner Israël et faire pression sur son gouvernement qui, comme elle, fait face au terrorisme islamiste, la France encourage l’Autorité Palestinienne et les mouvements pro-palestiniens à privilégier l’incitation à la haine et la violence plutôt que revenir à la table des négociations pour rechercher un compromis sans lequel, il n’y aura pas de paix. Contrairement à ce que les promoteurs de cette politique discriminatoire à l’égard d’Israël affirment, il n’y a pas de différence entre l’étiquetage des produits des implantations juives et le boycott d’Israël. La directive de l’UE stigmatise Israël comme « puissance occupante » et « Etat colonial ». Elle appuie la rhétorique des pays arabes au sein des organisations internationales et donne une justification au mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions).

L’étiquetage, du fait de son caractère ambigu et discriminatoire, sera naturellement instrumentalisé par les partisans du boycott d’Israël. C’est une initiative inutile qui participe du double standard auquel est en permanence confronté Israël et n’a pour autre objectif que d’isoler l’Etat hébreu. Enfin, l’étiquetage entre en contradiction avec un mouvement global de condamnation du boycott d’Israël, pourtant interdit en France.

 

  • Le nucléaire iranien et l’Accord de Vienne

La ligne dure française dans le dossier du nucléaire iranien a été officialisée par Nicolas Sarkozy puis poursuivie et assumée par son successeur socialiste François Hollande depuis 2012. La France a ainsi fait le chemin inverse des Etats-Unis, qui ont changé de stratégie avec l’arrivée de Barack Obama et sa volonté de parvenir à un accord historique avec Téhéran sur le dossier nucléaire. L’ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius fut Premier ministre entre 1984 et 1986, à l’époque la pire des relations entre Paris et Téhéran. Attentats en France, prises d’otages français au Liban attribuées au Hezbollah chiite allié de Téhéran, contentieux sur le contrat nucléaire Eurodif, soutien de la France à l’Irak alors en guerre contre l’Iran etc., des événements qui ont compromis toute relation de confiance avec la République islamique. Par ailleurs, Paris avait clairement fait le choix des monarchies pétrolières du Golfe et de la stabilité conservatrice qu’elles représentent face à un Iran dont la France n’a de cesse de rappeler le rôle déstabilisateur en Syrie, au Liban ou en Irak. S’ajoutent d’autres raisons comme la volonté française d’apparaître comme le « gardien de la non-prolifération » nucléaire.

C’est en arguant de son expertise – reconnue – sur ces questions que Paris réclame un accord solide avec l’Iran et soupçonne parfois son allié américain d’être prêt à trop de concessions pour arracher un compromis historique. Lequel allié, en retour, surveille son partenaire français pour éviter, dans la dernière ligne droite des négociations, une réédition du « psychodrame » de Genève en novembre 2013. A l’époque, Paris s’opposa in extremis à la première mouture d’un accord provisoire concocté entre Washington et Téhéran. Un texte amélioré avait été signé 15 jours plus tard.

 

Malgré la fermeté française sur le nucléaire iranien, l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet 2015 n’a été ni « bon » ni « robuste » comme le souhaitait le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. S’il retarde le programme d’une bonne année, le limite et le soumet à un contrôle bien plus poussé qu’il ne l’est aujourd’hui, il ne propose aucune solution à long terme et comporte de nombreuses failles.

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La diplomatie française sous la Présidence de François Hollande offre un bilan en demi-teinte. Des actions décisives ont été menées et ont permis d’empêcher des désastres humains et politiques, notamment au Mali et en Centrafrique. Vis-à-vis du conflit israélo-palestinien, l’action française n’est pas éloignée de celle des mandats précédents, se contentant de postures parfois contradictoires ou d’initiatives le plus souvent contre-productives. La France a toutefois résisté à la tentation et à la pression d’une reconnaissance unilatérale de la Palestine et n’a donc pas franchi la ligne rouge.

Ce qu’il faut également retenir et saluer est le volontarisme marqué du Président, qu’il s’agisse du dossier iranien pour lequel la France bénéficie d’une crédibilité forte et dont les positions ont souvent été les plus fermes, ou de la crise en Syrie pour laquelle la France n’a pas hésité à affirmer seule et tôt la nécessité d’intervenir. Ceci n’a malheureusement pas été accompagné d’une force de persuasion suffisante pour avancer sur ces deux dossiers majeurs : l’accord iranien n’est pas satisfaisant et l’impuissance face à la tragédie syrienne jette un voile de honte sur toute la communauté internationale.