Remaniement : en Macronie, tous les chemins mènent à Nicolas Sarkozy (Marion Mourgue – Le Figaro)

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Plusieurs anciens ministres ou amis proches de l’ex-chef de l’État occupent aujourd’hui des postes importants au sein du gouvernement.

Matignon, ministère de l’Intérieur, ministère de la Justice… En Macronie, tous les chemins mènent désormais à Nicolas Sarkozy. L’annonce du remaniement, ce lundi après-midi, a consacré l’entrée au gouvernement de nombreuses personnalités ayant travaillé avec l’ancien chef de l’État. À commencer par le premier ministre, Jean Castex, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy. Aussitôt sa nomination connue, le nouveau locataire de Matignon a d’ailleurs appelé l’ancien président. En réponse, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’il avait «beaucoup de respect, d’amitié et même d’affection» pour Jean Castex.

Quand il s’était entretenu avec Emmanuel Macron, notamment le 8 juin, l’ancien président de la République avait glissé un conseil à son successeur : changer de premier ministre en cours de mandat pour redonner un nouveau souffle à son quinquennat. Nicolas Sarkozy a toujours jugé, avec le recul, qu’il aurait dû nommer un autre premier ministre plutôt que de garder François Fillon cinq ans à Matignon.

Darmanin, un fidèle à l’Intérieur

Le lien entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne se limite pas à Matignon : il concerne désormais le très stratégique ministère de l’Intérieur. À 37 ans, Gérald Darmanin, ancien coordinateur de la campagne de Nicolas Sarkozy pendant la primaire, décroche la Place Beauvau… un poste que Nicolas Sarkozy avait occupé entre 2002 et 2004, puis entre 2005 et 2007. «Gérald est mon ami, il est fidèle», confiait-il l’année dernière, en lui remettant La Légion d’honneur. Entre les deux hommes, outre la complicité politique, existe aussi une relation quasi filiale, comme le racontait le journaliste Ludovic Vigogne dans son livre Tout restera en famille (Éd. Fayard).

L’ancien chef de l’État l’avait d’ailleurs vivement encouragé son poulain à accepter le poste de ministre de l’Action et des Comptes publics, lorsqu’il lui a été proposé par Emmanuel Macron en 2017. «Si tu refuses, tu ne m’appelles plus jamais», lui avait lâché Nicolas Sarkozy. «La seule chose qui m’embête, avait ajouté l’ex-président à Gérald Darmanin, c’est que tu seras ministre du Budget plus jeune que moi». Cette fois-ci encore, Gérald Darmanin fait mieux que son mentor, qui avait été nommé à ce poste à 47 ans.

Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot, ses anciens ministres

En étant nommé Place Beauvau, Gérald Darmanin quitte Bercy où il laisse son ancien colocataire Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance. Ancien candidat à la primaire de la droite, face notamment à Nicolas Sarkozy, l’élu de l’Eure n’a jamais été très proche de l’ancien président… Même s’ils s’apprécient. Bruno Le Maire aurait d’ailleurs aimé devenir son ministre de l’Économie en 2011, mais Nicolas Sarkozy lui avait préféré à l’époque François Baroin. Au moment de la primaire, Bruno Le Maire avait considéré «que le vieux système politique (était) mort et qu’il est mauvais qu’un ancien président de la République revienne».

Si l’on avait pu assister à quelques passes d’armes musclées à cette période, l’ancien président et l’actuel ministre de l’Économie entretiennent des relations amicales depuis le début du quinquennat : ils échangent au cours de rendez-vous «réguliers». En mars 2018, l’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy l’avait d’ailleurs appelé pour lui apporter son soutien, alors que l’ex-président était mis en examen dans l’affaire du supposé financement libyen de sa campagne électorale de 2007. Un coup de fil que Nicolas Sarkozy avait apprécié.

Le remaniement de ce lundi après-midi a également permis le retour de Roselyne Bachelot au gouvernement. L’ex-ministre de la Santé, désormais ministre de la Culture, n’a jamais été proche de Nicolas Sarkozy – elle parlait de François Fillon comme de son «frère». Elle a toutefois appris à connaître l’ancien président au moment de la crise du H5N1. «Il est incomparable en temps de crise», jugeait-elle pendant la crise sanitaire.

Dupond-Moretti, un ami à la Justice

Enfin, une dernière personnalité proche de la Sarkozie vient de faire son entrée en Macronie : Éric Dupond-Moretti. L’avocat et l’ancien président aiment et partagent le même restaurant à Nice : «La petite maison». Les deux hommes se connaissent et s’apprécient. Éric Dupond-Moretti était par exemple en coulisses du concert de Carla Bruni-Sarkozy à l’Olympia, en mars 2014. Surtout, les deux hommes ont des amis en communs, comme Thierry Herzog, l’avocat historique de Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs en appelant ce proche que le bâtonnier s’est retrouvé espionné, comme l’a récemment révélé Le Point. Après la parution des informations de l’hebdomadaire dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy – on y apprenait que les factures de plusieurs cabinets d’avocats avaient été épluchées par le Parquet national financier (PNF) et plusieurs pénalistes géolocalisés – Éric Dupond-Moretti a annoncé porter plainte.

Depuis des années, le nouveau garde des Sceaux réclame un traitement équitable de l’ancien président. En juillet 2014, il indiquait ainsi sur RTL : «Je ne suis pas sarkozyste, ni sarkolâtre. Mais quand on place en garde à vue Nicolas Sarkozy, c’est l’ancien président de la République que l’on place en garde à vue. Voire la France». L’avocat déplorait alors «quelque chose de choquant», jugeant qu’il aurait été suffisant de «le convoquer» plutôt que de le placer en garde à vue.