Washington se renforce en Syrie avant l’assaut contre l’Etat islamique à Rakka

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Le Monde – Par Gilles Paris


Les Etats-Unis vont envoyer des Marines pour assurer l’appui des rebelles. Mais la Maison Blanche est confrontée à la montée des tensions entre ses alliés kurdes et turcs.

Devant la commission des forces armées du Sénat, jeudi 9 mars, le général Joseph Votel, le responsable du CentCom chargé du Moyen-Orient, a confirmé l’envoi de renforts en Syrie. Il n’a donné aucun chiffre, alors que la presse a évalué ces renforts à 400 hommes. Les Etats-Unis ne disposent d’aucune couverture juridique pour justifier leur présence militaire dans ce pays, et s’étaient contentés pour l’instant de forces spéciales opérant contre l’organisation Etat islamique (EI) aux côtés de leurs alliés syriens, principalement kurdes.

Les militaires supplémentaires déployés par le Pentagone, issus du corps des Marines, assureront un appui d’artillerie dans la perspective de l’assaut en préparation contre Rakka, le bastion syrien de l’EI. Le général Votel a tiré un parallèle avec l’Irak, où les Etats-Unis et la France ont assuré ce soutien au profit des troupes irakiennes à Mossoul. Le Pentagone a précisé que ce déploiement serait « temporaire », en prenant soin de l’associer à l’offensive contre Rakka. L’administration précédente avait préparé un plan finalement abandonné, qui comportait également l’ajout d’hélicoptères d’attaque.

Selon une source non identifiée du Washington Post, qui en a fait état le premier, ce renfort s’inscrirait dans le cadre d’une planification ancienne. Elle ne serait pas, pour cette source, une première traduction du plan que le président Donald Trump a demandé à son secrétaire à la défense, James Mattis, pour « rayer l’EI de la carte », un engagement qu’il n’a cessé de répéter depuis sa prise de fonction. Interrogé jeudi à propos de ces renforts, le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, a d’ailleurs renvoyé vers le Pentagone.

Force d’interposition

Lors de son audition, jeudi, le général Votel a dû affronter le scepticisme du président de la commission des forces armées, John McCain (Arizona), inquiet des tensions entre les alliés kurdes syriens des Etats-Unis, et la Turquie, qui les assimile à des groupes terroristes. « Je ne suis pas sûr que l’administration mesure combien le président [Recep Tayyip] Erdogan considère la menace que les Kurdes représentent. Sauf changements, nous allons dans le mur », a estimé M. McCain, répondant aux propos rassurants du général.

Ces tensions ont contraint les Etats-Unis à se transformer en force d’interposition dans la ville de Manbij, proche de la frontière turque. Elles compliquent également l’offensive contre Rakka, pour laquelle ces forces kurdes devraient assurer l’essentiel des opérations de reconquête au sol, ce qu’Ankara considère d’un mauvais œil.

Selon l’agence Reuters, les progrès survenus à Mossoul, l’ancienne capitale de l’EI en Irak, et l’assaut prévu à Rakka, auraient conduit l’administration américaine à déployer une force de réserve d’un millier d’hommes au Koweït. Devant les sénateurs, qui l’ont beaucoup interrogé sur l’Afghanistan, après le raid meurtrier conduit par l’EI dans un hôpital de Kaboul, le général Votel a également plaidé pour l’envoi de renforts américains.