Alors que nous sommes à huit mois de l’élection présidentielle, les rendez-vous politiques majeurs commencent à se multiplier. Alors que la droite se prépare à désigner fin novembre son candidat, certains sujets émergent davantage, comme la lutte contre le terrorisme.
Le 7 juillet dernier, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, présidée par le député LR Georges Fenech qui s’est d’ailleurs rendu en Israël cette semaine pour étudier le modèle sécuritaire israélien et le fonctionnement de la rétention administrative, présentait son rapport, dans lequel elle analyse les dysfonctionnements des moyens de lutte contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 et préconise des solutions pour y remédier. Depuis l’Etat d’urgence, le fichier européen PNR, la déradicalisation des candidats au djihad, les blocages de sites Internet, la déchéance de nationalité… ont largement été discutés par les candidats et créé les premières lignes de clivage.
Nicolas Sarkozy, qui s’est vu reprocher de proposer des mesures qu’il a lui-même supprimé lors de son mandat, considère que la France doit adapter son appareil juridique à la menace terroriste, quitte à modifier la Constitution et l’équilibre de l’État de droit. « Plus nous tardons à adapter l’État de droit, moins nous assurerons la sécurité des Français », explique-t-il. François Hollande estime quant à lui que « la seule voie qui vaille et qui est efficace, c’est celle de l’État de droit », prenant pour preuve les tentatives d’attentats déjouées ces derniers jours. Les adversaires de Nicolas Sarkozy à la primaire se sont également exprimés sur le terrorisme. Ainsi, Jean-François Copé a dénoncé « les atermoiements face à l’islamisme » de l’ancien président et moqué les «fausses solutions ». Hervé Mariton a, lui, mis en garde contre les «réponses en apparence viriles mais impraticables». Le député de la Drôme juge en effet que « mettre tous les fichés S en rétention est impossible numériquement et juridiquement ». Bruno Le Maire, de son côté, plaidepour une « justice d’exception », souhaitant notamment que la « prison préventive » devienne « la règle ». « Dans le cadre légal actuel, notre justice ne peut pas prévenir les actes terroristes : elle ne pourra que les condamner », explique-t-il dans une brochure de campagne. « Pour prévenir des actes exceptionnels, il faut une justice d’exception. »
Pour Alain Juppé enfin, on peut avoir pour objectif « l’identité heureuse » tout en maintenant une grande fermeté en matière de sécurité.
Depuis l’attentat de Nice, le 14 juillet dernier, l’opposition évoque une «gauche tétanisée », selon l’expression employée par Nicolas Sarkozy et un exécutif trop passif pour assurer la protection des Français. Pour François Fillon, « l’élection présidentielle ne peut pas se résumer à un débat sur le terrorisme. C’est le choix de l’avenir de notre pays, d’un modèle de société, pas le choix d’un super-ministre de l’Intérieur», explique-t-il, ajoutant que « la libération de l’économie est tout aussi centrale que la lutte antiterroriste ».
En ce mardi 20 septembre, François Hollande et de nombreux membres du gouvernement et de l’opposition, dont Nicolas Sarkozy, assistent à la cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme, organisée depuis 1998 par les associations. Les actes terroristes ne constituent plus aujourd’hui un épiphénomène mais une constante de notre société, c’est pourquoi il est urgent de repenser profondément notre système de défense, l’adapter à ce changement de paradigme avec les outils nécessaires, même s’ils peuvent parfois déroger à l’Etat de droit.