Y aura-t-il un nouveau front contre Israël dans le Sud syrien ?

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 L’Orient Le Jour – par Samia Medawar

Alors que le monde a les yeux rivés sur les deux fronts principaux en Syrie, à savoir Alep dans le Nord et Deir ez-Zor dans l’Est, plusieurs incidents dans le sud du pays sont passés quasi inaperçus ces dernières semaines. À plusieurs reprises au cours de la semaine écoulée, des projectiles auraient été tirés à partir de la Syrie en direction de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël, qui aurait immédiatement riposté aux tirs. Le régime syrien a en outre affirmé avoir abattu un avion et un drone israéliens, ce qu’a immédiatement nié l’État hébreu. Très vite, des responsables syriens ont accusé Israël de vouloir « perturber et rompre l’application de l’accord russo-américain », qui venait d’être annoncé.

Ce n’est certes pas la première fois que ce genre d’incident a lieu dans cette zone, mais la multiplication des tirs, présentés par Israël comme des tirs perdus, est exceptionnelle. En outre, pour la première fois depuis le début du conflit syrien, le système antimissiles israélien « Dôme de fer » a été activé samedi pour détruire une roquette tirée depuis la Syrie en direction du Golan. En riposte, un drone israélien aurait mené un raid contre des positions de l’armée syrienne dans la localité de Khan Arnabeh, dans la province de Quneitra, faisant un mort et cinq blessés.

Ces tirs surviennent quelques jours après l’annonce par plusieurs médias syriens antirégime, mais aussi et surtout par l’agence iranienne d’information Fars, que le régime syrien et le Hezbollah préparent une opération d’envergure dans le Sud syrien, c’est-à-dire dans la région de Quneitra, à proximité du Golan. D’après les différentes sources citées, cette opération servirait à « nettoyer » la région des différents éléments armés, notamment Fateh el-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda) – présent dans toute la zone de Quneitra, jusqu’à la frontière jordanienne – et l’État islamique, au niveau de Deraa.

Zone sécuritaire israélienne et autres enjeux
Cette théorie est à appréhender avec précaution, toutefois, car la Russie a un accord avec Israël, et de ce fait si le Hezbollah et le régime venaient à lancer des attaques dans la région, « ils n’auraient pas de couverture aérienne russe », souligne Fabrice Balanche, géographe et expert de la Syrie. « Si des avions du régime syrien passent à proximité de l’espace aérien israélien, il y a de fortes chances qu’ils seront descendus immédiatement, à moins que ce ne soit pour renforcer les positions de l’armée de Bachar el-Assad pour nettoyer les poches autour de Damas », ajoute-t-il, en référence à la Ghouta orientale, cruciale pour la défense de la capitale face aux insurgés.

Le renforcement du Sud, conforté par la reprise et l’évacuation des localités de Daraya et Moadamiyat al-Cham par l’armée loyaliste ces dernières semaines, représente un enjeu décisif pour Damas et ses alliés, qui cherchent entre autres à enregistrer des gains sur les plans militaire et diplomatique, repousser les groupes jihadistes, mais également à faire pression sur Israël. L’État hébreu, inquiet de la proximité du Hezbollah, chercherait donc, d’après le général Amine Hoteit, ancien officier de l’armée libanaise, à créer une zone sécuritaire dans le Golan. Il ne serait pas étonnant, dans ce cas, que le régime de Damas et le Hezbollah cherchent à contrer ce projet, « quitte à entrer dans un conflit total avec Israël », affirme l’ancien officier.

La possibilité de l’ouverture d’un nouveau front dans le Sud existe et reste toujours sur la table, mais pour le moment, elle n’a « pas plus de 30 % de chances » d’avoir lieu, estime le général Hoteit. Pour ce dernier, Israël a essayé trois fois, au cours des deux dernières années, de créer un cordon sécuritaire dans la zone du Golan, dans le cadre d’une opération appelée Qadissiyat al-Janoub, opération uniquement mentionnée dans des médias partisans du régime syrien.