Incendies en Israël: le Shin Bet confirme l'ouverture d'une enquête

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Par le Point


Des milliers de personnes ont été évacuées jeudi à Haïfa, troisième ville d’Israël, fuyant les feux de végétation qui se succèdent dans le pays depuis trois jours et dont les autorités soupçonnent que beaucoup ont une motivation politique.

Des quartiers entiers de la ville des bords de la Méditerranée, une université, des écoles et les prisons ont été évacuées, a indiqué une porte-parole de la police, Luba Samri. Un responsable municipal a fait état de 10.000 personnes évacuées, ajoutant que le chiffre pourrait atteindre 90.000 sur une population d’environ 280.000 si la situation empirait.

L’état d’urgence a été décrété sur la ville, théâtre en 2010 du plus grave incendie de l’histoire du pays, a dit à l’AFP le porte-parole des pompiers Kayed Daher. Cela revient essentiellement à demander à la population de ne pas se rendre à Haïfa, a-t-il précisé.

Les secours ont dit avoir transféré dans les hôpitaux une soixantaine de blessés légers, la plupart hospitalisés pour des problèmes respiratoires.

Un canader tente d'éteindre un incendie de forêt dans la montagne de Jérusalem près du Kibboutz Neve Ilan, le 24 novembre 2016 © MENAHEM KAHANA AFP
Un canader tente d’éteindre un incendie de forêt dans la montagne de Jérusalem près du Kibboutz Neve Ilan, le 24 novembre 2016 © MENAHEM KAHANA AFP

L’armée a annoncé avoir déployé deux bataillons et rappelé des réservistes avec du matériel pour prêter la main aux pompiers et aux policiers. L’aéroport local a décidé de fermer, a annoncé son porte-parole.
D’autres sinistres étaient en cours au milieu de la journée dans la périphérie de Jérusalem, à Nataf et Sha’ar Hagai, mais aussi à Talmon, colonie israélienne de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, a rapporté la police.
Trois cents enfants ont été évacués d’une école de Talmon, a dit la police.
– Prisonniers évacués –

Des flammes de plusieurs mètres menacent des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville d'Haïfa, le 24 novembre 2016 © JACK GUEZ AFP
Des flammes de plusieurs mètres menacent des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville d’Haïfa, le 24 novembre 2016 © JACK GUEZ AFP

A Haïfa, des flammes de plusieurs mètres léchant la végétation menaçaient des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville mixte, juive et arabe, a constaté un photographe de l’AFP. De petits avions combattaient les flammes en répandant de l’eau et du dispersant coloré, notamment à proximité des stations essence.

Les secours sont allés de porte en porte, ciblant principalement les personnes âgées. « Nous sommes parfois obligés de sortir les habitants de chez eux par la force », a dit le chef des services de secours du quartier du Carmel, Naftali Rottenberg, à la radio.

Le quartier de Ramot Sapir était enveloppé d’une fumée dense poussée par un fort vent. Dans les rues quasiment désertées, seuls quelques résidents s’éloignaient à pied ou en voiture, certains se protégeant des cendres épaisses avec des masques, a constaté un journaliste de l’AFP.

Amit, 27 ans, a quitté l’université technologique voisine pour aider bénévolement les pompiers. « Il y avait des endroits où on avait besoin d’aide, on a aidé à éteindre les feux », dit-il à l’AFP.

Environ 600 détenus ont été évacués des prisons sous forte escorte, a dit la police.

Le centre et le nord d’Israël sont en proie depuis trois jours à une succession d’incendies de végétation favorisés par la très grande sécheresse des derniers mois et des vents forts. Aucun décès n’a été rapporté jusqu’alors.

– Le souvenir de 2010 –

La moitié environ des incendies serait d’origine criminelle, commis soit par des pyromanes soit pour des raisons liées au conflit israélo-palestinien, a dit le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan sur la radio militaire.

Environ 1,4 million d’Arabes israéliens (17,5% de la population), descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël en 1948, vivent dans le pays. Citoyens israéliens, ils se considèrent largement comme Palestiniens et sympathisent avec leur cause. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent en outre quotidiennement en Israël, malgré la persistance de l’un des plus anciens conflits de la planète.

« Seuls ceux à qui la terre n’appartient pas sont capables d’y mettre le feu », a dit sur Twitter un poids lourd du gouvernement de droite, le ministre nationaliste religieux Naftali Bennett.

Israël, sous-équipé face aux incendies de grande ampleur, devait recevoir dans la journée le soutien d’une dizaine d’avions envoyés de Russie, Turquie, Grèce, Italie, Croatie et Chypre.

La vague d’incendies en cours a réveillé le souvenir du sinistre le plus grave de l’histoire d’Israël, survenu fin 2010, précisément sur les hauteurs de Haïfa, sur le mont Carmel.

L’incendie avait dévasté pendant plus de trois jours plusieurs milliers d’hectares et avait fait 44 morts, pour la plupart des élèves gardiens de prison pris au piège des flammes à bord d’un autobus.