Nétanyahou teste sa relation avec Trump

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Par Le Figaro – Cyrille Louis


La colonisation sera au centre de la rencontre entre le Premier ministre israélien et le président américain.

Correspondant à Jérusalem

Benyamin Nétanyahou, qui avait habitué le public israélien à l’étalage de sa mésentente avec Barack Obama, semble par contraste décidé à choyer son successeur. À l’approche de leur première rencontre officielle, qui doit intervenir ce mercredi à Washington, le chef du gouvernement israélien a dit à ses ministres vouloir faire «tous les efforts pour éviter d’entrer en confrontation» avec le puissant allié. La confidence, relayée par le quotidien Haaretz, visait sans doute à calmer les ardeurs de la droite religieuse, qui le somme depuis plusieurs semaines de mettre Donald Trump devant le fait accompli en tournant publiquement le dos à la solution des deux États. Mais elle témoigne aussi, plus fondamentalement, d’un malaise palpable face aux inconnues qui entourent les intentions du nouveau locataire de la Maison-Blanche.

Le Premier ministre israélien, si cela ne tenait qu’à lui, aurait sans doute choisi de placer ce premier sommet sous le signe de la lutte contre le programme nucléaire iranien. L’accord conclu en juillet 2015 entre les puissances du P5 + 1 et la République islamique, il n’a cessé de le répéter, présente de graves lacunes qui doivent être corrigées au plus vite. Sur les conseils des experts israéliens, il a renoncé à en réclamer l’annulation, mais souhaite, grâce à un renforcement des pressions financières et politiques, empêcher l’Iran de développer son programme de missiles balistiques et ses centrifugeuses de dernière génération. Il devrait, sur ce thème, trouver sans trop de difficulté une oreille compatissante auprès de Donald Trump, qui a également critiqué tout au long de sa campagne l’accord défendu par son prédécesseur.

Mais Benyamin Nétanyahou, hélas pour lui, n’échappera sans doute pas à une épineuse séance de clarification sur le dossier israélo-palestinien. L’aile droite de sa coalition, électrisée par l’élection de Donald Trump et mortifiée de n’avoir pu empêcher le démantèlement de la colonie sauvage d’Amona, presse le Premier ministre de pousser les feux de la colonisation. Il s’est exécuté début février en approuvant la construction de 5500 logements en Cisjordanieainsi qu’en laissant adopter une loi «légalisant» une cinquantaine de colonies sauvages. Mais Naftali Bennett, chef de file du Foyer juif, le somme d’aller plus loin en tournant une bonne fois pour toutes la page des accords d’Oslo. Il affirme que «la terre tremblera» s’il ne répudie pas clairement le projet de créer un État palestinien lors de son entretien à la Maison-Blanche.

Benyamin Nétanyahou, dont la politique en ce domaine consiste depuis 2009 à plaider pour la reprise du dialogue tout en laissant la colonisation se poursuivre sur le terrain, ignore pour l’heure quelle sera sa marge de manœuvre avec Donald Trump. Celui-ci a tour à tour estimé que «les colonies ne constitu(ai)ent pas un obstacle» à la résolution du conflit, puis, plus récemment, dans un entretien au quotidien Israel Hayom, qu’«elles (n’étaient) pas une bonne chose pour la paix». Il a par ailleurs indiqué vouloir confier à son gendre, Jared Kushner, le soin de sceller enfin un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens.