Israël mise sur Donald Trump pour enterrer définitivement le processus d'Oslo

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Par Cyrille Louis – correspondant à l’étranger pour le Figaro

L’arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche va probablement se traduire par une politique américaine beaucoup plus favorable à Israël, repoussant l’établissement d’un État palestinien.

L’élection de Donald Trump, saluée avec une étonnante sobriété par Benyamin Nétanyahou, a déclenché des réactions euphoriques à l’aile droite de sa majorité

Les ténors du courant national-religieux, favorables à la colonisation de la Cisjordanie et hostiles à la création d’un État palestinien, semblent en effet convaincus que l’arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche va leur permettre d’enterrer définitivement le processus d’Oslo. «Nous entrons dans une nouvelle ère, s’est ainsi réjoui le député (Foyer juif) Moti Yogev, et nous devons maintenant recommencer à construire» dans les Territoires occupés. «Nous appelons le premier ministre à saisir cette occasion historique de tirer un trait sur la redoutable solution des deux États pour imposer enfin notre souveraineté sur la Judée et la Samarie (nom biblique de la Cisjordanie)», complète son collègue Yoav Kish (Likoud).


Des intentions encore floues

L’orientation des conseillers chargés de nourrir le programme de Donald Trump sur le Proche-Orient explique en partie ce vent d’optimisme.

L’avocat David Friedman, présenté comme le prochain ambassadeur américain auprès du gouvernement israélien, préside une association qui soutient le du candidat républicain, il a affirmé que celui-ci comptait respecter sa promesse de faire déménager l’ambassade américaine, actuellement située à Tel-Aviv, pour l’installer à Jérusalem. 

Jason Greenblatt, un expert juridique bombardé conseiller en charge du Proche-Orient, a pour sa part affirmé mercredi que le président élu, contrairement à l’immense majorité de la communauté internationale, ne jugeait pas les colonies illégales. «Les positions de Donald Trump ne sont pas encore bien claires, et je ne me fierais pas nécessairement à ce que raconte un avocat spécialiste des questions immobilières pour en juger», relativise Martin Indyk, ancien ambassadeur des États-Unis à Tel-Aviv.

«Contrairement aux précédentes administrations américaines, qui avaient un programme clair avant leur élection, Israël va devoir traiter avec un président qui n’a pas d’opinion arrêtée»  Amos Yadlin, directeur de l’Institut d’études pour la sécurité nationale.

Peu familier de la région, le milliardaire s’est en réalité gardé d’exposer ses intentions – si ce n’est en indiquant dans un premier temps qu’il comptait se comporter en médiateur neutre, puis en affirmant qu’il n’imposerait pas d’accord aux parties. «Contrairement aux précédentes administrations américaines, qui avaient un programme clair avant leur élection, Israël va devoir traiter avec un président qui n’a pas d’opinion arrêtée», relève Amos Yadlin, le directeur de l’Institut d’études pour la sécurité nationale dans le quotidien Yedioth Ahronoth.

Et c’est cette incertitude qui semble imposer à Benyamin Nétanyahou une certaine réserve.

Tout en proclamant son amitié envers l’État hébreu, le milliardaire a dit vouloir remettre en cause certains programmes d’assistance aux alliés des États-Unis jugés insuffisamment rentables. Israël, premier bénéficiaire de cette aide, vient de se voir attribuer un chèque de 38 milliards de dollars pour les dix prochaines années. Or Donald Trump ne semble pas se sentir lié par les engagements de son prédécesseur – du moins si l’on en juge par sa promesse d’annuler l’accord sur le nucléaire iranien. «Contrairement aux autres dirigeants américains, observe l’éditorialiste Ben Caspit, il n’est pas animé par un engagement inconditionnel au soutien d’Israël.»