Pour une approche constructive et impartiale au service de la paix

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Depuis quelques semaines, les directions prises par la diplomatie internationale au Proche-Orient, la position française en particulier, suscitent de nombreuses inquiétudes. La teneur outrancière d’une résolution soumise à l’UNESCO, qui nie tout lien du peuple juif avec Jérusalem, la surprise déconcertante du vote favorable de la France, ont creusé la méfiance des Israéliens vis-à-vis des institutions internationales et jeté un immense froid aux relations diplomatiques franco-israéliennes.

Si les rectifications politiques et le voyage du Premier ministre Manuel Valls ont permis d’apaiser les tensions, l’actualité onusienne, cette fois à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), nous a malheureusement renvoyé au même constat, celui d’un biais systématique à l’encontre d’Israël. En effet, alors même qu’il n’y a aucun doute sur le secours apporté par Israël aux blessés fuyant la Syrie, accueillis dans les premiers hôpitaux d’Israël, une résolution condamnant Israël de violation des « droits à la santé des Syriens » a été votée le 25 mai dernier par l’OMS et la France y a été encore favorable.

A chaque résolution qui condamne Israël arbitrairement, la partialité des décisions prises vis-à-vis d’Israël au sein des instances internationales se confirme, suscitant des doutes légitimes dès lors qu’il s’agit d’internationaliser la résolution du conflit avec les Palestiniens.

Dans ce climat international délétère, une plus grande méfiance s’est aussi installée concernant l’évolution de la position française au Moyen-Orient. Etant donnée la situation abominable en Syrie, les massacres perpétués par Assad, les répercussions de l’Etat islamique en Europe, il est assez troublant de voir qu’au lieu d’inquiéter la communauté internationale à ce sujet, la France continue d’acquiescer régulièrement à la mauvaise foi, aux mensonges, aux trucages et à l’acharnement infatigable et à toutes les impostures des mêmes Etats et des organisations palestiniennes contre Israël.

Que ces compromissions soient accidentelles, passagères, ou qu’elles témoignent d’une ligne de fonds, les décisions que prend la France ont un poids immense. La France est regardée partout dans le monde pour l’influence de sa diplomatie et, parce qu’elle y dispose d’une assise et d’une légitimité historique, la France joue au Moyen-Orient un rôle essentiel. Malgré les assurances données par le Premier ministre sur les bonnes intentions de la diplomatie française vis-à-vis d’Israël, l’actualité récente nous convoque à une plus grande vigilance.

Pour que la conférence du vendredi 3 juin ne soit pas un échec, nous souhaitons donc rappeler un certain nombre d’éléments :

– si les paramètres de la paix sont connus de tous (frontières, réfugiés, Jérusalem, ressources naturelles), leurs définitions font la substance même de la négociation et il n’appartient qu’aux Israéliens et aux Palestiniens d’en discuter. On ne peut pas prier les Israéliens et les Palestiniens de jouer le jeu des négociations si on leur impose un calendrier et si on leur confisque toutes les cartes qu’ils ont en mains pour défendre leurs intérêts vitaux et garantir leur sécurité;

– toute intervention extérieure au conflit israélo-palestinien doit avoir comme objectif ultime d’accompagner Israéliens et Palestiniens vers une négociation directe et non les en éloigner ;

il faut se prémunir contre les conclusions biaisées auxquelles pourrait aboutir une conférence composée d’une majorité automatique d’Etats arabes hostiles à Israël ; il ne faudrait surtout pas donner l’illusion d’une création mécanique d’un Etat palestinien à l’issue de la conférence, confortant dès lors l’ambition palestinienne d’avancer un agenda en se dédouanant de toutes les concessions nécessaires;

– l’analyse du conflit doit être vigilante à la réalité du terrain : ne pas oublier que le Hamas, organisation reconnue comme terroriste par la France et l’Union européenne, contrôle une grande partie du territoire palestinien ; ne pas se laisser persuader qu’un retrait total de l’armée israélienne de Cisjordanie apporterait la paix plutôt que la guerre sans rappeler que l’exemple de Gaza nous convoque à la plus grande prudence ;

– la coopération régionale avec les Etats arabes sunnites pourrait être une clef majeure de la stabilisation au Moyen-Orient. Un environnement moins hostile rassurerait Israël et conforterait la position palestinienne, permettant un rapport de force plus équilibré. La France a sans aucun doute un rôle essentiel à jouer pour favoriser une dynamique de la paix par le développement des partenariats économiques, technologiques et stratégiques.

A l’aube de la conférence internationale de Paris, nous souhaitions d’autant plus réaffirmer ces points qu’un article publié ce lundi 31 mai par le quotidien israélien Haaretz a aiguisé notre inquiétude. Certains éléments du document préparatoire distribué aux participants de la conférence sont cités et semblent manquer de clarté, laissant l’espace à des interprétations malheureuses.

Nous attirons l’attention des responsables politiques sur les conséquences que pourrait avoir une mauvaise appréciation de la situation et mettons en garde quant à l’adoption d’un document officiel teinté d’une dimension partisane qui pourrait nous éloigner définitivement de la négociation. Pour rappel, l’Autorité palestinienne a à plusieurs reprises déclaré qu’elle était contre la négociation directe et pour des mesures de rétorsion ou de sanctions prises directement par la communauté internationale contre Israël. Conforter cette démarche briserait tout espoir d’une paix négociée, juste et durable.

Nous espérons vivement que nos inquiétudes seront entendues et que la diplomatie française saura prendre toutes les précautions nécessaires au moment des discussions. Nous vous enjoignons à défendre cette approche pragmatique, impartiale car elle est indispensable à la réussite de la médiation française au Proche-Orient.