Que retenir de la rencontre entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou ?

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Dimanche 10 décembre, le Premier ministre israélien a été reçu à l’Elysée par le chef d’Etat français pour un déjeuner de travail. Il s’agissait de la seconde visite en France de Benyamin Netanyahou depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Il avait déjà été invité à Paris en juillet dernier pour commémorer la rafle du Vel d’Hiv.

Cette nouvelle rencontre avait été annoncée le 19 novembre, alors que les deux dirigeants s’étaient entretenus par téléphone à propos de la crise libanaise. Les échanges ont inévitablement été animés par la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Lors de l’allocution commune qui a suivi l’entretien, les deux dirigeants ont fait acte de leurs divergences mais ont aussi évoqué la force de l’amitié franco-israélienne qu’aucune action diplomatique, semble-t-il, ne saurait entamer.

Voici les 3 points à retenir de ce rendez-vous diplomatique.


Jérusalem, pomme de discorde de la rencontre
Les conseillers d’Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou ont évoqué une explication « très franche », un tête à tête d’une demi-heure en anglais, sans interprète, qui aurait permis de se dire « clairement les choses ». Les deux dirigeants ont campé sur leurs positions respectives, cinq jours après le début de la crise provoquée par la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis. Le président français a condamné la décision de Washington, « non conforme au droit international » et qui ne « favorise par la sécurité d’Israël » et ensuite rappelé la position de la France dans le conflit israélo-palestinien: celle d’une solution « à deux pays, vivant côte à côte dans la paix ». Emmanuel Macron a invité le premier Benyamin Netanyahou à « laisser une chance à la paix » et à « faire un geste vers les Palestiniens » en suggérant notamment « un gel de la colonisation » pour sortir de l’impasse actuelle. Benyamin Netanyahou a une fois encore souligné le fait qu’Israël ne saurait avoir d’autre capitale que Jérusalem et que les tentatives de nier cette « connexion millénaire » étaient « absurdes »: « Paris est la capitale de la France. Jérusalem est la capitale d’Israël depuis plus de 3000 ans. (…) Jérusalem est notre capitale et pas celle d’un autre peuple ».

Malgré cette divergence d’opinion, les deux dirigeants ont tenu à soigner et préserver la relation bilatérale, Benyamin Netanyahou, a ainsi  affirmé : « Nous sommes des partenaires, nous partageons tant d’objectifs, de valeurs. Mais nous ne sommes pas d’accord sur tout. Pas encore…»

La diplomatie duale d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron s’est évertué à dissocier les points de litige actuels sur la question de Jérusalem du lien profond qui unit la France et Israël. Il n’est, du reste, pas le premier président à adopter une telle posture diplomatique. Si les relations entre les deux pays étaient au beau fixe jusqu’en 1967, date de la Guerre des Six-jours, elles se détériorèrent grandement  jusqu’à l’élection François Mitterrand qui fut le premier à faire la part des choses entre la question israélo-palestinienne et la relation franco-israélienne. Il avait ainsi consacré son premier voyage présidentiel à Jérusalem, prononçant un discours historique à la Knesset, tout en portant secours quelques mois plus tard à Yasser Arafat en l’aidant à fuir Beyrouth.

De la même façon, Emmanuel Macron a su soigner sa relation avec Benyamin Netanyahou et a également condamné « avec la plus grande clarté toutes les formes d’attaques des dernières heures et jours contre Israël, attaques terroristes ou attaques parfois non qualifiées ».

Les deux dirigeants se sont également entretenus sur les enjeux régionaux, comme le retour de Saad Hariri au Liban et la menace inquiétante que constitue le Hezbollah. A cet égard, « la France soutient la politique d’Israël qui vise à contrer le comportement agressif de l’Iran dans la région », a déclaré dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Hors Quai d’Orsay, une amitié au beau fixe
Emmanuel Macron a consacré une bonne partie de son allocution aux sujets d’entente et de collaboration entre les deux pays, évoquant « une relation fondée sur une coopération de longue date avec des liens humains d’une extrême densité », et soulignant son désir « d’approfondir et diversifier notre coopération qui est déjà riche en matière économique, technologique, ou culturelle ». Sans s’aventurer dans des propositions d’initiatives hasardeuses comme son prédécesseur François Hollande, le président s’est contenté de « souhaiter que le succès » de la prochaine année croisée France – Israël « coïncide avec une reprise du dialogue israélo-palestinien. »

Emmanuel Macron n’a pas voulu accabler le Premier ministre israélien. Est-ce une position attentiste ou une volonté du président français de se poser comme le médiateur dans cette partie du monde où tant de chefs d’Etat ont échoué ? Sa récente implication dans l’affaire libanaise laisse à penser qu’il pourrait prendre la place vacante laissée par les Etats-Unis dans la région, si l’opportunité lui en est donnée et si le contexte géopolitique le lui permet.