Enjeux internationaux : Les programmes de politique étrangère des candidats à la présidentielle 2017 au banc d’ELNET

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Le 23 avril prochain, François Fillon, Benoit Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon s’affronteront pour le 1er tour de l’élection présidentielle. Les questions de politique étrangère ont encore peu été abordées néanmoins certains sujets sont déjà l’objet de dissensions. Nous avons sélectionné cinq thématiques qui nous semblent contenir des enjeux cruciaux du débat politique et nous vous proposons ici de comparer les visions des cinq candidats.


I. SUR L’ISLAMISME ET LE TERRORISME

François Fillon est des rares candidats qui dénonce fermement l’islamisme comme la racine idéologique du terrorisme. Le candidat LR pointe plus précisément le wahhabisme comme source du mal. Dans son premier discours d’avant les primaires, il a parlé de la nécessité de faire la guerre aux Frères musulmans et revoir les relations de la France avec les pétromonarques. Invité à se prononcer sur les questions internationales lors des débats télévisés, François Fillon a dénoncé « la montée d’un phénomène totalitaire », en référence à l’islamisme radicale, qui se traduit par « l’émergence d’un mouvement politique qui fait peser une menace sur la paix mondiale, qui a des tentations génocidaires, et qui veut massacrer les Chrétiens d’Orient et expulser les Juifs d’Israël. » Dans un entretien accordé au Figaro le 13 octobre 2016, il déclarait : « Il y a une montée de l’intégrisme musulman dans la société française. Mais c’est au commanditaire qu’il faut s’attaquer, celui qui entraîne, qui fixe des objectifs, qui dissémine son idéologie mortelle. »

La candidate frontiste fustige les jihadistes et promet de fermer toutes les mosquées salafistes. Pour elle, les lois de la République sont au-dessus de toutes les lois religieuses ; et elle invite ceux qui les refusent et revendiquent la chariaa d’aller dans les pays qui l’appliquent. Marine Le Pen estime qu’un islam « laïcisé par les Lumières » est compatible avec la République. Selon elle, son parti « ne vise en aucune manière à opérer des discriminations, nous défendons tous les Français », assure-t-elle.

Pour l’ancien ministre Emmanuel Macron, la réponse au terrorisme est politique et morale. Il pense qu’il est nécessaire de clarifier le message de ce qu’est la laïcité en France. En septembre 2016, il avait déclaré lorsque nous l’avions rencontré : « la clé de notre vivre-ensemble c’est que les règles de la république prévalent dans toutes les situations (…) on ne peut pas combattre tous les musulmans de France mais être intraitable avec les fondamentalistes (…) nos ennemis nous poussent à la division mais nous ne devons pas tomber dans ce piège. » Mais au-delà de ces perceptions assez générales, il n’a pas encore dit quels moyens il mettrait en œuvre pour lutter efficacement contre le terrorisme ni quelles mesures il prendrait contre les Frères musulmans et leurs sponsors. Il considère que l’Islam n’est pas structuré et que « nous le faisons vivre dans le traumatisme post-colonial, ce qui est une erreur ». Pour redonner à l’islam sa place au sein de notre république, il affirme que les imams doivent être formés en France et non en Turquie, au Maroc ou en Algérie. Deuxièmement il faut s’assurer que les prêches soient en français afin de pouvoir contrôler le message véhiculé. Enfin, le financement des mosquées doit être contrôlé pour que les activités cultuelles restent dans un cadre légal. Un diagnostic politique de l’islam s’impose et non un diagnostic religieux comme les politiques l’ont trop souvent fait : « il faut le traiter l’Islam avec d’autres règles que la laïcité. C’est un sujet d’ordre public mais surtout, il ne faut pas tomber dans le piège de Daech qui nous incite à communautariser notre société et nous pousse vers la guerre civile », a-t-il déclaré.

Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont eu aussi une position tranchée vis-à-vis de l’islam et l’islamisme, mais dans un sens plus laxiste. Entre les deux tours de la primaire de la gauche, certains vallsistes ont souhaité mettre en parallèle la fermeté de Manuel Valls et les positions de Benoît Hamon sur l’islam. « On va mettre le doigt sur le laxisme de Hamon par rapport à l’islamisme » confiait durant la campagne un proche de l’ancien Premier ministre au journal Le Monde. Sur ce sujet, Benoit a un leitmotiv : « Arrêtons de faire de l’islam un problème de la République ». Une sentence, répétée encore le 23 janvier sur France Inter, à partir de laquelle il regrette qu’il y ait « une volonté de dire que l’islam est incompatible avec la République, ce qui n’est pas vrai ». Benoît Hamon semble relativiser les interdictions faites aux femmes, dans certaines banlieues de Paris et de Lyon, de rentrer dans des cafés, considérant que l’on évoquait ce sujet dans les médias pour stigmatiser l’islam. « Remettons des questions sociales avant de mettre des questions religieuses sur ces sujets-là », explicite-t-il.

Jean-Luc Mélenchon a quant à lui minimisé voire ignoré les questions liées à l’Islam ou au terrorisme lors de la dernière campagne en 2012. Aujourd’hui, il condamne l’instrumentalisation de la laïcité : « La laïcité est devenue un argument hypocrite pour montrer du doigt les musulmans en France ». Il poursuit : « Nous n’avons pas, en tant qu’autorité publique, à nous mêler de religion. La discussion de savoir si l’islam est compatible avec la République est grotesque. Ce n’est pas le sujet de l’Etat, c’est le leur ».


II. SUR LA RUSSIE ET LA SYRIE

Lors des débats organisés durant les primaires qui précèdent la course à l’Élysée, la question des relations avec la Russie – notamment depuis son intervention en Syrie – a fait figure de pomme de discorde entre les candidats.

François Fillon est favorable à un rapprochement stratégique avec la Russie et la Syrie. Il souhaite lever l’embargo imposé à Moscou après l’annexion de la Crimée et coopérer avec le Kremlin sur la question syrienne. Il prône aussi une alliance avec Bachar Al-Assad et une coalition avec la Russie pour éradiquer l’organisation Etat islamique.

Le candidat LR estime que Bachar el-Assad peut rester au pouvoir : « si Bachar el-Assad est encore au pouvoir, c’est qu’il a un soutien populaire ». « Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’autre alternative politique dans le pays. Si Bachar el-Assad s’en va, il y aura les islamistes, il y aura les Frères musulmans. » Il demande une « coalition avec les Russes », à un moment où « l’Amérique et la Russie se réconcilient par-dessus nos têtes », et ce afin de faire face à la « menace mondiale » que fait peser l’organisation Etat islamique.

Le candidat de la France insoumise s’est agacé sur son blog, de la « propagande mortelle » sur le dossier syrien. Après avoir déclaré son soutien à la Russie pour l’intervention en Syrie, Jean-Luc Mélenchon est à plusieurs reprises revenu sur ses pas lors d’interview le mettant en difficulté sur les bombardements russes ne visant pas uniquement Daesh. En alignement avec Moscou, il a exprimé la nécessité de mettre un terme à la guerre syrienne, de créer une coalition universelle et de tenir des élections en Syrie.

De son côté, Emmanuel Macron a défendu à Beyrouth le 23 janvier dernier une « politique d’équilibre » à l’égard du régime et des rebelles en Syrie. Une ligne qui se démarque de la politique pro-opposition que Paris défend depuis le début du conflit. Il a plaidé pour une « politique d’indépendance, d’équilibre de capacité à parler à toutes les parties » dans le conflit syrien, qui a fait plus de 310 000 morts depuis 2011. C’est « une logique de construction de la paix beaucoup plus qu’une logique d’intervention à tout-va pour un clan ou pour un autre », a déclaré le candidat à des journalistes, en marge d’un discours prononcé à l’École supérieure des affaires de la capitale libanaise. Il s’est dit opposé à ce que le départ du président syrien Bachar al-Assad soit un « préalable à tout » mais a rejeté l’idée de « pactiser » avec lui. « Assad est un dirigeant qui a failli […], l’erreur qui a été faite, de droite ou de gauche a été à un moment de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable à tout ».

Il propose que la France s’inspire de la position allemande de dialogue, et que le pays inscrive « sa politique internationale dans l’Europe qui la rend plus forte et doit savoir discuter avec des puissances, même quand elles ne sont pas amies ». Discuter efficacement avec la Russie et consolider les relations d’amitié avec les Etats-Unis passe par une politique étrangère européenne efficace qui permet aux démocraties européennes de peser à l’échelle diplomatique.

Benoît Hamon quant à lui, a déclaré qu’il était nécessaire de revoir la politique envers la Russie qu’il juge « trop complaisante »: « Cette forme d’attitude et de complaisance à l’égard de Vladimir Poutine que je ne comprends pas. Nous avons là un impérialisme agressif de la part de la Russie qu’il faut traiter avec fermeté et certainement pas avec complaisance », déplore le candidat de la gauche.

Enfin, Marine Le Pen prône l’idée d’un monde multipolaire et est favorable à l’instauration d’un dialogue avec Moscou. Dans une interview accordée à la BBC quelques jours après l’élection de Donald Trump, la candidate du Front national a rappelé que la France et la Russie sont historiquement amies. Elle a ainsi déclaré en septembre 2015 : « La France apparaît complètement isolée dans son refus de discuter avec Bachar el-Assad, dans son refus de discuter avec la Russie (…). Le moindre mal, c’est Bachar el-Assad ». Sur Alep, Marine Le Pen s’est longuement expliquée dans une interview diffusée en octobre 2016 sur France 24 et RFI, affirmant : « Il faut choisir le moins pire pour nos intérêts nationaux. Mieux vaut Bachar el-Assad que les fondamentalistes islamistes ».

Concernant la Russie, elle s’est montrée dithyrambique sur la personnalité de Poutine : « Dans une certaine mesure, j’admire Poutine. Il fait des erreurs, mais qui n’en fait pas? », expliquait-elle en 2011 au journal russe Kommerssant.


III. SUR ISRAEL

Israël est un sujet délicat pour les candidats car ils sont conscients qu’il affecte la communauté juive de France. Les relations franco-israéliennes, bien qu’amicales, demeurent complexes et toute déclaration politique est finement attendue et analysée.

Si François Fillon et Emmanuel Macron assurent leur amitié à l’égard d’Israël, Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen ont une vision plus politisée de la question.

La position du candidat LR a évolué ces dernières années. En 2014, François Fillon avait accusé Israël de menacer la paix mondiale en retardant la création d’un État palestinien. Un an plus tard, l’ancien Premier ministre avait appelé la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour parvenir à un règlement du conflit israélo-palestinien. En novembre 2015, il défend l’étiquetage des produits israéliens des localités juives de Cisjordanie. Un revirement intervient cependant en février 2016 où il affirme alors « n’avoir pas de leçon à donner à Israël » et se prononce finalement contre l’étiquetage des produits israéliens.

Un mois plus tard, en Iran, François Fillon a rappelé « la position de la France vis-à-vis de son alliée, Israël, qui a droit à la sécurité et dont l’existence ne peut être mise en cause. Sans cela, les palestiniens ne pourront faire prévaloir leur droit légitime à un Etat ».

Lors du troisième et dernier débat de la primaire de la droite, François Fillon a affirmé que Daech a pour objectif de « mettre les Juifs hors d’Israël ».

Début septembre, en tant que ministre de l’Économie Emmanuel Macron avait participé en Israël à un salon des hautes technologies où il a fait l’éloge de l’esprit entrepreneurial de l’État d’Israël et a appelé les entrepreneurs français innovants ayant immigré en Israël à revenir en France. En tant que candidat à la présidentielle 2017, il exprimé lors de son récent déplacement au Liban, son rejet des pressions et du boycott d’Israël. « Le boycott d’Israël a été condamné par la France et il n’est pas question de revenir là-dessus », a-t-il déclaré lors d’une Conférence à l’Ecole supérieure des Affaires (ESA), un établissement français à Beyrouth, en référence à un arrêt de la Cour de cassation, en 2015, qui l’a rendu ce mot d’ordre illégal.

Pour Benoit Hamon, les Israéliens sont « illégaux en Palestine », il faut dresser une frontière au milieu de Jérusalem et exclure les juifs de sa partie Est, la présence des « colons » est illégale, ils n’ont aucun droit d’y habiter ou d’y construire leurs habitations, la demande des Palestiniens d’un Etat interdit aux juifs est légitime et il l’a soutient avec enthousiasme, et toute présence juive dans ce qu’il appelle les « territoires occupés » est assimilable à une « colonisation ».

Jean-Luc Mélenchon et le parti de gauche se sont exprimés contre Israël à plusieurs reprises. Son opposition a été particulièrement virulente lors de la guerre de Gaza en 2014. Ses nombreux tweets, communiqués et posts étaient très critiques d’Israël, avec des titre tels que : « NON à l’agression militaire israélienne contre Gaza », « Le gouvernement d’Israël martyrise la population de Gaza ». Il a également pris l’initiative d’organiser un rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien, accusant Israël de crimes de guerre, et a appelé les militants et les citoyens à amplifier la campagne Boycott, Désinvestissements, Sanctions (BDS) pour briser l’impunité israélienne.

Marine Le Pen avance en terrain miné s’agissant d’Israël. L’antisémitisme notoire de son père Jean-Marie et son sionisme « intéressé » (il est sioniste car cela permettrait de se « débarrasser » des juifs de France grâce à l’alya) lui donnent aujourd’hui peu de crédit et la communauté juive doute fortement de sa sincérité lorsqu’elle déclare sa « solidarité au peuple israélien victime du terrorisme islamiste[1] », puisqu’elle donne encore le sentiment d’instrumentaliser le sujet à des fins politiques.

D’autre part, invitée de L’Émission Politique sur France 2, la candidate frontiste a rappelé qu’elle était opposée à la double nationalité extra-européenne, évoquant notamment les Franco-israéliens. Alors que la journaliste Léa Salamé interrogeait la leader frontiste si, dans le cas où elle était élue, elle comptait «  demander aux Juifs français de renoncer à leur double nationalité israélienne », Marine Le Pen a répondu : « Israël n’est pas un pays européen. Je crois que même Israël accepte de le dire et de le penser. Je suis contre la double nationalité extra-européenne ». – j« Donc vous demandez ce soir aux Juifs français qui nous regardent de renoncer, s’ils voulaient avoir une double nationalité », a insisté la journaliste.

« Eux et les autres (…) Ce n’est pas aux Juifs mais aux Israéliens à qui je demande de choisir leur nationalité », a-t-elle rétorqué.


IV. SUR LA RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE

La ligne de fracture entre les cinq candidats sur ce sujet se situe au même niveau que pour la question de l’islam et l’islamisme en ce sens où le conflit israélo-palestinien est instrumentalisé à des fins de politique intérieure, surtout par les candidats Hamon et Mélenchon.

Benoit Hamon n’a jamais caché son soutien à la reconnaissance d’un Etat de Palestine ni son intention de le faire s’il est élu président de la république : « Je reconnaîtrai l’Etat palestinien. La coexistence de deux Etats est la seule solution qui permettra d’assurer la sécurité et l’intégration de l’Etat d’Israël dans la région et de rouvrir le processus de paix ». Ce n’est pas la première fois que le candidat socialiste évoque la question palestinienne de manière intéressée. Initiateur de la résolution pour la reconnaissance d’un Etat de Palestine votée à l’Assemblée nationale le 2 décembre 2014, il avait reconnu de son propre aveu, rapporté par Le Canard enchaîné du 19 novembre 2014 : « Cette résolution est tout à fait opportune sur le plan électoral. Il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat des banlieues et des quartiers, qui n’a pas compris la première prise de position pro-israélienne de Hollande, et qui nous a quittés au moment de la guerre de Gaza. ».

Le programme de Jean-Luc Mélenchon prône la « reconnaissance de l’État de Palestine par la France et par l’UE ». « Nous nous battrons pour la suprématie du droit international sur la force, précise-t-il plus loin, et notamment pour le droit souverain du peuple palestinien à disposer d’un État viable et indépendant, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et dans le respect du principe du droit au retour des réfugiés, un État palestinien vivant pacifiquement aux côtés d’Israël conformément aux résolutions de l’ONU. »

Emmanuel Macron a de son côté refusé de s’exprimer sur l’idée d’une reconnaissance de l’Etat de Palestine, avant même la conclusion d’un accord de paix entre les deux parties. Dans son programme, il déclare : « La sécurité est pour nous un principe intangible, de même que la légitimité de l’Etat palestinien. Nous devrons chercher les conditions d’une paix juste et durable, qui permette aux deux Etats de coexister en sécurité. »

La présidente du Front national a affirmé qu’elle était en faveur d’une reconnaissance de l’Etat Palestinien, mais à certaines conditions. « La condition essentielle préalable et incontournable c’est que la Palestine reconnaisse Israël ». L’inverse serait pour elle « un non-sens inadmissible ».

François Fillon a déclaré à ELNET : « Les Palestiniens ont légitimement droit à un Etat. Israël doit également voir respecter son intégrité territoriale et sa sécurité. Les négociations menées depuis quelques années ont été un échec. L’idée d’organiser une conférence sur la paix à Paris sans les parties au conflit n’avait aucun sens. Je suis contre une reconnaissance unilatérale mais pour le dialogue et la volonté commune de parvenir à une solution territoriale ».


V. SUR LES RELATIONS DE LA FRANCE AVEC LES PAYS DU GOLFE

Concernant l’alliance avec les pays du Golfe, François Fillon estime que les partenaires arabes de la France doivent clarifier leurs positions. Il n’est pas possible d’un côté que ces Etats nous soutiennent officiellement lorsque nous intervenons au Moyen-Orient et d’un autre coté ferment les yeux sur les financements privés qui alimentent le flot des fondamentalistes.

Le 30 septembre 2014 sur France 24, Marine Le Pen avait déclaré : « La France doit rompre ses relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite, qui ont aidé, assisté et financé les fondamentalistes islamistes à travers le monde. Il faut s’appuyer sur les pays musulmans qui luttent contre le fondamentalisme », en citant les Émirats arabes unis et l’Égypte, et appelant de ses vœux « une grande coalition ». « La première chose à faire est de s’attaquer à la tête et la tête, on le sait, ce sont des pays comme le Qatar. On ne peut pas continuer à avoir des relations économiques, des conventions fiscales avantageuses pour un pays comme le Qatar, à le laisser intervenir dans nos entreprises alors que nous savons pertinemment que c’est ce pays notamment qui aide, finance, assiste le fondamentalisme islamiste dans le monde », a –t-elle ensuite déclaré sur Europe 1. « Je suis évidemment extrêmement inquiète du développement de ce califat pour lequel le gouvernement français porte une part de responsabilité, celui de Nicolas Sarkozy mais également celui de François Hollande. (…) Ils l’ont beaucoup renforcé, avec les Etats-Unis. C’est la conséquence des interventions en Libye et en Syrie », estime-t-elle.

Emmanuel Macron se déclare favorable au dialogue avec des « puissances nouvelles » qui sont pour lui la Russie, l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite, qui constituent des régimes autoritaires avec lesquels il faut néanmoins discuter afin de parvenir à une stabilité sur la scène internationale, ce qui est dans l’intérêt de la France.

Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon se sont peu exprimés sur le sujet. Si le premier souhaite que la France revoie sa politique vis-à-vis des Etats du golfe, Benoit Hamon se montre assez ouvert. Il aurait, selon le journaliste Georges Malbrunot, co-auteur avec Christian Chesnot du livre Nos chers émirs traitant de la corruption des politiciens français par les pétromonarchies du Golfe, demandé de l’argent au Qatar qui lui aurait été refusé. Interrogé sur Twitter à ce sujet, Georges Malbrunot n’a pas hésité à répondre sans détour : « Non c’est lui qui a demandé de l’argent à l’ambassade du Qatar mais il a essuyé un refus »[2]

Sans surprise, Benoît Hamon est des plus compréhensifs à l’égard des dérives l’islam. Il déclarait ainsi que si l’opinion publique percevait la doctrine de Mahomet comme une menace, c’était le simple résultat d’une politique gouvernementale « stigmatisante ».

***

Nous vous avons donc proposé dans ce document une synthèse des multiples déclarations des principaux candidats à la présidentielle sur les questions de politique internationale qui ont eu incidence sur la relation bilatérale France-Israël. Si Emmanuel Macron vient enfin de dévoiler son programme, des ombres demeurent encore sur certains points de politique étrangère ainsi que pour les autres candidats. Ces questions-là, peu évoquées dans les médias par les candidats, sont pourtant d’importance cruciale puisqu’elles ont très souvent un impact sur la politique intérieure de la France. De ce point de vue, les semaines à venir seront décisives et confirmeront ou infirmeront certains propos.

 

[1] Tweet du 8 janvier 2017

[2] Tweet de Georges Malbrunot, 23 janvier 2017