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Monsieur l’Ambassadeur,

Dans une interview accordée à The Atlantic, le 19 avril dernier, profitant de votre « liberté de parole » retrouvée, vous avez fait des déclarations absolument déplorables sur Israël et la situation politique au Moyen-Orient. Elles sont d’autant plus surprenantes que vous avez été en poste à Tel Aviv durant 3 ans et que vous avez été un témoin privilégié de la vivacité de la démocratie israélienne dans un environnement géopolitique difficile, pour ne pas dire hostile.

Pour vous, il n’y pas d’alternatives à une solution à deux Etats. Ou plutôt si, une seule : l’apartheid. Ainsi vous avez dit qu’en Cisjordanie, « les Israéliens ne feront pas des Palestiniens des citoyens d’Israël. Alors il faudra qu’ils officialisent ce que nous savons de la situation – que c’est un apartheid. Il y aura officiellement un Etat d’apartheid. C’est déjà le cas en fait ». Si les décennies de devoir de réserve vous ont très probablement frustré, elles ne doivent pas pour autant vous inciter à répandre des mensonges et juger un conflit à l’aune de critères européens étriqués qui ont jusqu’ici montré leur inefficacité. Vous insinuez que les Israéliens mènent une politique d’apartheid dans les territoires, or 90% des Palestiniens de la Cisjordanie se trouvent sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.

Il importe de rappeler qu’Israël n’a commencé à contrôler ces territoires que par suite d’une guerre d’autodéfense menée alors que son existence même était menacée. Le contrôle s’est poursuivi par suite de l’intransigeance des voisins arabes d’Israël qui ont constamment rejeté les nombreuses offres de paix d’Israël, notamment son message délivré dans le sillage de la guerre des Six Jours selon lequel il était disposé à échanger la majeure partie des territoires en échange de la paix. L’Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994 finirent par signer des traités de paix avec Israël. Mais les Palestiniens n’y sont toujours pas résolus.

Qu’ils soient privés de leurs droits, est-ce la responsabilité d’Israël ? Que Mahmoud Abbas en soit à la 13ème année de son mandat de 4 ans, est-ce la responsabilité d’Israël ? Que la corruption paralyse l’économie palestinienne, est-ce la responsabilité d’Israël ?

La résolution du conflit a échoué car les Palestiniens ont systématiquement refusé toute proposition de négociation. La solution à deux Etats a été tuée par l’incurie de leur gouvernement, plus préoccupé à éduquer à la haine et inciter au terrorisme qu’à promouvoir la paix. La réalité, que vous feignez d’ignorer, est qu’il s’agit d’une société faillie dont la responsabilité incombe en partie à la communauté internationale qui les a entretenus dans une situation d’assistanat et de frustration. Cette complaisance mortifère a largement contribué à saboter le processus de paix.

Vous ne pouvez donc décemment parler de « disproportion des pouvoirs ». L’actuelle présence d’Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza remonte à 1967, année de la guerre des Six Jours. Ces territoires constituent cependant le berceau de la civilisation juive à l’époque biblique et des communautés juives y vécurent pendant plusieurs milliers d’années. L’Israël d’aujourd’hui est étroitement lié à de nombreux sites historiques situés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais la revendication d’Israël ne se fonde pas seulement sur ses liens anciens, ses croyances religieuses et ses impératifs sécuritaires ; elle s’appuie également sur le droit international et la coutume.

En outre, la résolution 242 et la résolution 338 de 1973 imposent des obligations aux deux parties. Les régimes arabes ne peuvent pas exiger qu’Israël se retire unilatéralement, alors qu’ils négligent leurs propres responsabilités et la nécessité de négociations. Ils oublient délibérément le fait que la résolution 242 appelle à la cessation de toutes assertions de belligérance et au droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force.

Dans l’espoir que ce courriel retiendra votre attention, je vous prie de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’expression de ma très haute considération.

Arié Bensemhoun

Directeur exécutif d’ELNET