Analyse – Comprendre la vague de terreur qui sévit en ce moment en Israël

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Contrairement à ce qui a pu être affirmé, les attaques qui frappent l’État hébreu depuis ce weekend ne sont pas une réponse à l’élection du gouvernement « le plus à droite de l’histoire d’Israël » mais s’inscrivent dans une vague de terreur qui a débuté en mars 2022. Des attentats contre des civils avaient alors endeuillé les villes de Tel Aviv, Eilat, Hadera et Beer Sheva, faisant une trentaine de morts. En outre, pas moins de 400 attentats avaient été déjoués. À cette époque, le pays était dirigé par une coalition de partis embrassant tout le spectre politique, allant de la droite nationaliste religieuse aux partis de gauche et d’extrême-gauche, intégrant même le parti islamiste Ra’am proche des Frères musulmans, sous la houlette du tandem formé par Yaïr Lapid et Naftali Bennett.

Par le passé, une vague d’attentats plus connue sous le nom de Seconde Intifada avait déjà fait des milliers de morts et de blessés, succédant aux Accords d’Oslo et alors que le Premier ministre de gauche Yitzhak Rabin était au pouvoir. La menace terroriste a toujours été omniprésente et cela même avant la création de l’État d’Israël. Elle n’a rien à voir avec la situation politique ou la couleur du gouvernement en place à Jérusalem, mais tout à voir avec le rejet de l’existence d’Israël qui reste, hélas, au cœur de la doctrine des organisations palestiniennes, qu’elles soient extrémistes ou « modérées ».

Ce document sous forme de questions/réponses entend rétablir les faits, les expliquer et proposer des recommandations, afin de mieux comprendre la vague de terreur qui frappe actuellement le pays.

  • Que s’est-il passé à la synagogue de Neve Yaakov le vendredi 27 janvier au soir, à l’entrée de shabbat ?

À l’issue de la Journée internationale de commémoration de la Shoah (il est important de le souligner), un terroriste palestinien a ouvert le feu sur des civils israéliens qui se trouvaient à proximité de la synagogue de ce quartier de « Jérusalem-Est »[1]. On déplore la mort de 7 d’entre eux. Ce quartier n’est pas une colonie comme cela a été dit avec inexactitude, mais un ancien village acheté par des pionniers juifs en 1924, par la suite rattaché à la municipalité de Jérusalem et dont le titre de propriété existe encore.

Les 7 victimes de Neve Yaakov. Elles étaient âgées de 14 à 68 ans.

  • Quelles ont été les réactions de la communauté internationale ?

Les réactions ont été unanimes de la part des démocraties occidentales et de certains pays arabes (Émirats arabes unis, Égypte, Arabie saoudite…), qui ont immédiatement exprimé leur soutien et leur solidarité avec Israël face à ces actes atroces. Emmanuel Macron s’est entretenu personnellement au téléphone avec Benjamin Netanyahou et l’a invité à venir à Paris le jeudi 2 février. Un petit bémol a pu être noté du côté du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a renvoyé dos à dos, d’une certaine manière, Israël et les Palestiniens, appelant les premiers « à n’utiliser la force létale qu’en dernier recours » en ne faisant aucune distinction entre les victimes civiles innocentes et désarmées et les terroristes neutralisés la veille dans la ville de Jénine. Seul Mahmoud Abbas n’a pas jugé bon de se joindre au concert des condamnations, malgré les demandes répétées du Secrétaire d’État américain Antony Blinken, présent dans la région. Au contraire, il a condamné l’action d’Israël, alors que l’Autorité palestinienne (AP) est supposée lutter contre le terrorisme sur le territoire qu’elle contrôle, depuis la signature des Accords d’Oslo. Une fois de plus et il faut à nouveau le déplorer, l’AP manque à tous ses devoirs et n’agit ni contre l’incitation à la haine, ni contre le terrorisme, ni à promouvoir la culture du dialogue, de la coopération et de la paix.

  • Que s’est-il passé à Jénine le jeudi 26 janvier ?

L’armée israélienne a procédé à une intervention de contreterrorisme dans le cadre de l’opération « Breaking the wave », qui vise à empêcher des groupes palestiniens armés de fomenter des attentats sur le territoire israélien. Il s’agissait ce jour-là de neutraliser une cellule du Jihad islamique palestinien (JIP), organisation terroriste classée comme telle par l’Union européenne et implantée dans les Territoires palestiniens, plus particulièrement dans la ville de Jénine et son camp de « réfugiés »[2]. Ce raid n’était pas une « agression délibérée » mais une opération préventive qui relève normalement de la compétence de l’AP, hélas déficiente. Sur les 10 morts recensés, 9 étaient des terroristes armés qui s’apprêtaient à commettre un attentat. 3 étaient membres du Jihad islamique palestinien, 2 des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa (rattachées au Fatah de Mahmoud Abbas) et les 4 derniers des Brigades de Jénine. Leur idéologie est celle de la guerre à outrance contre l’État d’Israël et de sa destruction.

Photos des terroristes tués lors du raid à Jénine. Propagande officielle et réseaux sociaux personnels.

  • Le terrorisme palestinien découle-t-il d’une absence de perspectives de paix et est-il l’expression d’un désespoir ?

Il n’a pas fallu attendre « l’occupation » pour que le terrorisme palestinien soit un mode opératoire si distinctif : le massacre d’Hébron en 1929[3] en est la preuve, s’il en fallait une. Il est avant tout un mode d’expression culturel et cultuel, un paradigme psychologique et religieux qui porte aux nue la figure du shahid, du martyr. Le suicide terroriste est enseigné aux enfants palestiniens dès leur plus jeune âge, dans les manuels scolaires notamment, et l’éducation à la haine innerve toute la société, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il fait office de mort glorieuse, qui garantit le Paradis à celui qui la choisit. Le terroriste de l’une des attaques de ce weekend était un mineur de 13 ans, qui n’a pas agi par désespoir ou désœuvrement mais par conditionnement. Il suffit de voir les scènes de liesse, particulièrement choquantes, qui ont envahi les rues des villes palestiniennes suite aux attentats : gâteaux et bonbons étaient distribués, musique et feux d’artifice retentissaient. Ce rapport à la mort et à la violence est une donnée structurelle de la culture palestinienne.

 Scènes de liesse en Cisjordanie. A droite, la mère du terroriste mineur célèbre la mort de son fils.

  • Que devraient faire désormais les alliés d’Israël et plus particulièrement l’Union européenne et la France ?

Les alliés d’Israël doivent certes rappeler leur attachement à la solution à deux États, qui reste une option réaliste, mais si ses contours sont définis et si les paramètres qui lui font obstacle sont pris en considération : le financement du terrorisme, l’incitation à la haine et la défaillance politique d’une Autorité palestinienne corrompue. Pour ce faire, il s’agirait de : 

  • Repenser la coopération sécuritaire et l’encadrement des forces palestiniennes qui rechignent à combattre fermement les foyers du terrorisme en expansion dans le nord de la Cisjordanie, où un grand nombre d’armes circulent et d’où la plupart des attentats sont commandités et lancés.

Il est temps pour la communauté internationale de prendre ses responsabilités, dans le périmètre des négociations existant, à savoir celui des Accords d’Abraham et dont les Palestiniens pourraient être partie prenante, s’ils en avaient seulement l’envie.


[1] Cette dénomination a été imposée par les Jordaniens lors de leur conquête et de leur occupation de la Vieille ville de Jérusalem, de 1948 à 1967.

[2] Jénine est une ville située en Cisjordanie, dans la zone contrôlée par l’Autorité palestinienne. Un camp y a été établi en 1948, dont les habitants actuels ne peuvent plus être considérés comme des réfugiés puisque leur situation a été régularisée mais comme des résidents.

[3] En 1929, la ville d’Hébron connaît le massacre le plus sanglant de son histoire : 67 Juifs tués par des Arabes suite à des rumeurs leur imputant la conquête des lieux saints de Jérusalem. Il a été qualifié de pogrom par son ampleur et ses modalités.

[4] L’Autorité palestinienne rémunère les terroristes qui purgent leur peine dans les prisons israéliennes, leurs familles et celles dont les membres ont été éliminés au cours d’un attentat. Des allocations et des pensions à vie sont versées et leur montant est proportionnel à la lourdeur de la peine, autrement dit au nombre des victimes, juives ou non juives, tuées par le terroriste.