Nétanyahou en passe de remporter son pari électoral (Thierry Oberlé – Le Figaro)

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Le premier ministre par intérim est le mieux placé pour former un gouvernement à l’issue des législatives de lundi.

Les élections israéliennes livrent une fois de plus des résultats ambigus. Le verdict définitif des urnes ne sera connu que ce mercredi, mais Benyamin Nétanyahou a réussi en partie son improbable pari. Le premier ministre par intérim est le mieux placé pour former un gouvernement à l’issue des législatives de lundi. Il pourrait parvenir, selon les dernières projections et dans l’attente des résultats officiels, à s’approcher du seuil du nombre de députés nécessaires pour obtenir une majorité absolue de sièges à la Knesset.

Son parti, le Likoud, devance largement Kahol Lavan, la formation Bleu et Blanc de Benny Gantz. Les sondages à la sortie des urnes des chaînes israéliennes et le dépouillement des suffrages créditent le Likoud de 36 ou 37 sièges, contre 32 à 34 pour la formation Bleu Blanc. L’écart est important mais il manquait ce mardi, en fin de soirée, trois sièges à la droite pour gouverner.

L’actuel chef du gouvernement qui doit répondre à partir du 17 mars devant la justice d’accusations de corruption peut s’appuyer sur le soutien de l’extrême droite religieuse et sur les partis ultraorthodoxes pour tenter de rester en place. Son adversaire n’a pas de marge de manœuvre. Benny Gantz ne peut compter que sur des partis de gauche en déliquescence. Les travaillistes et le Meretz ont obtenu en s’unissant un score médiocre.

Quant à la liste des partis arabes unifiés, elle progresse mais elle n’est prête à accorder qu’un soutien sans participation au centre droit. Et le «faiseur de roi», Avigdor Liberman, le chef du parti charnière Israel Beytenou, refuse de s’engager en faveur d’un camp ou de l’autre. Il s’estime comme le seul représentant de la droite légitime. Pro-laïque, il tempête contre les «messianiques», les ultraorthodoxes et le Likoud qui a, selon lui, renié ses convictions. Son choix, qu’il a prévu selon ses déclarations de rendre public jeudi, est incertain mais peut s’avérer décisif.

C’est une victoire contre toute attente.

Benyamin Nétanyahou

Le premier ministre par intérim qui tient les rênes du pays depuis dix ans, a su créer contrairement à son rival une dynamique en sa faveur. Ses relais tentent de convaincre des députés issus de son mouvement mais ralliés à Benny Gantz depuis la création du mouvement de Bleu et Blanc de se rallier à lui. Benyamin Nétanyahou a prévu dans son programme d’annexer les colonies juives de Cisjordanie et la vallée du Jourdain occupée par Israël depuis 1967 avec le soutien du président américain Donald Trump, et il est probable, s’il parvient à former une équipe, qu’il va tenter de s’accorder l’auto-immunité. Il lui manque toutefois des sièges pour installer un pouvoir stable.

Il a revendiqué mardi soir «la plus grande victoire de sa vie». «C’est une victoire contre toute attente», et aux dépens de ceux qui avaient prédit «la fin de l’ère Nétanyahou», a-t-il assuré, devant ses partisans et sous le regard de sa femme, Sara. Ses supporteurs étaient survoltés. «Mendelblit rentre chez toi!», ont scandé les partisans du «Roi Bibi», en référence au procureur général d’Israël qui a traduit le chef de l’exécutif devant les juges. Dès le 17 mars, le premier ministre va devoir rendre des comptes devant un tribunal de Jérusalem pour des affaires de corruption présumées, d’abus de biens sociaux et de confiance. Il s’y prépare.

La participation, clé du scrutin, a joué en sa faveur. Elle est en hausse par rapport aux législatives d’avril et de septembre 2019. 71% des électeurs se sont rendus aux urnes malgré la crainte du coronavirus. L’électorat de droite s’est mobilisé pour tenter de mettre fin à la crise politique. Cette mobilisation est considérée par ses partisans comme un désaveu des magistrats.

Benyamin Nétanyahou a axé sa campagne sur la sécurité. Il a présenté son adversaire comme un «lâche» alors que ce dernier a un passé militaire marqué par une guerre conduite à Gaza et bénéficie du ralliement de plusieurs chefs de l’establishment de l’armée. Benny Gantz a concentré ses attaques sur des questions de morale. Il a paru manquer de pugnacité face à un adversaire doué d’une forte expérience politicienne, d’une volonté inébranlable et de la capacité de mobiliser secteur par secteur ses électeurs.