Les médias, passion fatale de Benyamin Nétanyahou (Piotr Smolar – Le Monde)

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Le premier ministre israélien, qui brigue un cinquième mandat lors des législatives du 9 avril, entretient des relations électriques avec les journalistes, qui voudraient sa perte. Au point de les contourner et de les prendre pour une cible de campagne.

Ça commence par une dénonciation anonyme. Une affiche qui attire l’attention des conducteurs le long du périphérique à Tel-Aviv, avant d’être dupliquée à l’infini sur les réseaux sociaux. On y voit quatre célèbres journalistes israéliens : Raviv Drucker (Channel 10), Guy Peleg et Amnon Abramovich (Channel 12) et enfin Ben Caspit, du quotidien Maariv. Le slogan claque : « Ils ne décideront pas. »
Voici donc les médias accusés de vouloir voler aux Israéliens les élections législatives du 9 avril. Le lendemain, le Likoud (droite), la formation de Benyamin Nétanyahou, revendiquait la paternité de cette affiche.« Depuis trois ans, la gauche et les médias traquent le procureur général afin qu’il déclenche une inculpation à tout prix », justifiait une vidéo, postée sur la page Facebook du premier ministre.
Ce dernier est sous la menace imminente d’une procédure d’inculpation dans trois enquêtes pour corruption, dont deux concernent ses rapports avec des médias, le quotidien Yediot Aharonot et le site d’information Walla !, qu’il voulait acquis à sa cause.
Plus que jamais, c’est lui, « Bibi », contre tous : les candidats de centre-droit rêvant de le faire trébucher, le procureur général, les ONG de gauche, mais surtout les journalistes. Alors qu’il brigue un cinquième mandat, Benyamin Nétanyahou s’épanouit en crise permanente. Il se voit en bête traquée, mais indispensable à son pays.
Lui, l’homme lettré, doté d’une expérience internationale que peu de dirigeants égalent, semble prêt à tout brûler : les contre-pouvoirs comme la décence qui sied, en principe, à un homme d’Etat. « Attaquer la presse marche avec sa base, explique Oren Persico, journaliste au site spécialisé The 7th Eye. Les médias font réellement partie des élites anciennes, laïques, de gauche, surtout ashkénazes, sises à Tel-Aviv. Malgré le bouleversement qu’a été l’arrivée de la droite au pouvoir avec Menahem Begin, en 1977, celle-ci continue de diffuser l’idée qu’elle ne contrôle pas le pays, car la Cour suprême, les milieux académiques et la presse seraient contre elle. Et il y a une part de vérité là-dedans. »

Intoxication

Cette tension entre Nétanyahou et les médias n’est donc pas seulement le fait de circonstances récentes. Ses racines remontent loin. Le dirigeant israélien, sur le point de dépasser en longévité le père de l’Etat, David Ben Gourion, reste mû par une forme de rage à l’encontre des journalistes. Il les méprise, les rêve soumis et inoffensifs, attendant la becquée. Eux-mêmes portent une part de responsabilité : dans ce secteur très concurrentiel, une intoxication à Nétanyahou s’est développée au fil du temps. Sans lui, sans les excentricités de sa femme Sara et les scandales qui les escortent, la vie médiatique serait ordinaire. Personne ne suscite autant d’émotions, de révélations et surtout de commentaires. « La presse est libre, mais pas indépendante, affirme Assaf Sharon, l’un des fondateurs du centre d’études Molad (gauche), qui regrette le manque de moyens consacrés à l’investigation. Les critiques contre Bibi dans les journaux sont celles dont il a besoin pour afficher l’image d’une société libre et démocratique. »
Les journalistes se sentent honorés et distingués par le ressentiment de « Bibi », de la même façon que des confrères américains se posent en résistants contre Donald Trump.
Ben Caspit, auteur de deux biographies de Nétanyahou et plume du Maariv – l’un des profils sur l’affiche –, a même eu l’honneur d’être poursuivi en justice pour « diffamation » par le premier ministre. Il a été condamné, en 2017, à 12 000 euros d’amende. Il avait accusé Sara Nétanyahou d’avoir licencié le jardinier de la résidence du premier ministre. Fin décembre 2018, le chef du gouvernement a déposé une deuxième plainte contre Ben Caspit, dénonçant, sur Twitter, son « obsession maladive ». Mais qui est obsédé par qui ?
Le symbole de cette relation empoisonnée avec la presse a été, en novembre 2016, une incroyable séquence à la fin de l’émission-phare « Uvda », sur la deuxième chaîne privée. Ilana Dayan, présentatrice respectée, a lu un long réquisitoire publié par le bureau du premier ministre, la visant personnellement, en raison d’un documentaire sur le clan Nétanyahou. Le texte l’accusait d’être membre de l’extrême gauche, de manquer de « la moindre goutte d’intégrité », d’être l’une des organisatrices d’une « frénésie concertée » visant à « renverser le gouvernement de droite ». Six minutes de lecture, dans une sorte de parodie des procès staliniens, miroir de vingt-cinq ans de confrontations.

Dans le sillage de CNN

La passion de Benyamin Nétanyahou pour la presse remonte loin. Enfant de l’Amérique autant que d’Israël, il fait ses études dans les années 1970 au Massachusetts Institute of Technology, près de Boston. Sur le campus, il se fait remarquer comme avocat passionné de son pays d’origine. En 1982, il est recruté à Washington comme numéro deux par le nouvel ambassadeur israélien, Moshe Arens. Il renonce à la citoyenneté américaine, mais conserve tous les codes locaux. La feuille de route du trentenaire passe par les plateaux télé.
En deuil de son frère Yonatan, héros national tué lors de l’opération « Entebbe » (1976) en Ouganda, il tisse des liens avec les cercles républicains, en pleine ère Reagan, et avec les présentateurs des grandes chaînes américaines. Ce réseau va prendre une autre dimension lorsqu’il devient ambassadeur israélien à l’ONU, en 1984, à seulement 35 ans. Sa conquête de New York est fulgurante. Les journalistes israéliens sont tous reçus avec égards.
Sur les conseils de la célèbre communicante américaine Lilyan Wilder, il travaille, se réécoute, ajuste ses mimiques. « Avec Mme Wilder, ils analysaient chaque geste, chaque mot, chaque rapport de force en plateau, sourit Eyal Arad, expert en communication politique, qui était alors son attaché de presse. Ils savaient que le contenu n’était pas aussi important que l’émotion suscitée. Tout le monde peut apprendre le piano, mais pas à jouer comme Mozart. Il avait un talent. »
Le charme de Nétanyahou opère aussi sur les vedettes des grandsnetworksles Abe Rosenthal, Ted Koppel et autre Charlie Rose. « Sur une échelle de 1 à 10 comme bon invité, c’est un 8. S’il avait le sens de l’humour, ce serait un 10 », expliquera Larry King, qui fut longtemps le visage le plus connu de CNN, au magazine Vanity Fair, en 1996.
Au milieu des années 1980, CNN commençait tout juste à émerger. Pourtant, à New York, l’ambassadeur Nétanyahou saisit tout le potentiel de la chaîne d’information. Il se rend même à Atlanta pour visiter ses studios. CNN l’adorera. « Il est presque devenu leur conseiller en politique étrangère », résume Eyal Arad. En 1991, alors que la guerre du Golfe vient de débuter, Benyamin Nétanyahou, devenu vice-ministre des affaires étrangères, donne une interview à l’envoyée spéciale de la chaîne en portant un masque à gaz. Du grand spectacle. « Bibi » devient une marque internationale.

Gourou de la communication

Un scandale va bientôt le marquer dans ses relations avec la presse israélienne, fascinée mais pas acquise à sa cause après son retour au pays. En 1993, alors qu’il est en lice pour diriger le Likoud, Sara – sa troisième épouse –, reçoit un appel anonyme, menaçant de révéler la vidéo d’une infidélité de « Bibi ». Celui-ci se précipite à la télévision pour confesser son écart, puis dénoncer une conspiration. Dans un pays où les affaires sexuelles des élus ne sont jamais évoquées, Nétanyahou introduit le virus de la communication à l’américaine.
Une rupture plus importante avec les médias intervient en raison de la signature, par Yitzhak Rabin, des accords d’Oslo avec les Palestiniens, sous patronage américain, à la fin de cette même année 1993. Devenu chef de l’opposition, Benyamin Nétanyahou, très critique sur le fond de l’accord, n’est plus prisé en interview. Les caméras le délaissent.
« Il représentait près de la moitié de l’opinion publique, mais les journalistes l’ont traité comme un perdant, un homme du passé, souligne Anshel Pfeffer, auteur d’une remarquable biographie intitulée Bibi, the Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu (Basic Books, 2018, non traduit). Il y avait un consensus pour considérer Oslo comme l’équivalent de l’avènement du messie. Puis, deux ans plus tard, les médias ont mis en cause Nétanyahou dans l’assassinat de Rabin [par un extrémiste juif],alors qu’il n’avait jamais incité personnellement à la violence. » Certes. Mais il n’avait rien fait non plus pour réduire le volume de ces incitations, parmi les colons et les rabbins extrémistes.
La victoire de 1996 aux élections législatives est d’abord celle d’une équipe restreinte, composée notamment de son attaché de presse, Eyal Arad, et de son assistante, Odelia Karmon, ainsi que d’un mystérieux gourou de la communication, Arthur Finkelstein.
L’Américain, référence du camp républicain, ne parle pas hébreu mais pratique les études d’opinion, qu’il épluche jusqu’au trognon. « On est parti de l’idée que la presse voulait la victoire de Shimon Pérès, et on l’a contournée, raconte M. Arad. Arthur Finkelstein nous a appris l’art des publicités politiques en trente secondes, répétées à l’infini. »
Avant, la politique se faisait dans la rue. Dorénavant, c’est sur écran. Nétanyahou remonte la pente dans les sondages, en matraquant son slogan : « Pérès divisera Jérusalem. » La formule contamine les esprits. Pérès, homme d’un autre temps, ne sait pas s’immuniser et répondre. « Bibi », lui, a préparé leur débat télévisé pendant trois jours, enfermé dans un hôtel avec ses conseillers. Il dispose d’un classeur entier avec toutes les hypothèses, les arguments et contre-arguments.

Un gratuit au service de « Bibi »

La victoire n’entraîne aucun état de grâce. La presse ne le lâche pas, les scandales s’enchaînent. Pendant la campagne de 1999, face au travailliste Ehoud Barak, Benyamin Nétanyahou dénonce l’unanimité des médias contre lui. Lors d’un meeting, il lance à la foule une formule restée célèbre : « Ils ont peur, ils ont peur… » Il perd, puis démissionne de la tête du Likoud et entame une traversée du désert.
Il prépare sa revanche, plein d’amertume contre ces élites traditionnelles qui, pense-t-il, lui intenteront toujours un procès en illégitimité. « Bibi » a une intuition : il a besoin de ses propres médias dans la grande bataille pour l’opinion publique.
En 2007, ses vœux commencent à se réaliser grâce à un milliardaire qu’il a rencontré aux Etats-Unis, à l’époque où il travaillait à l’ONU. Sheldon Adelson, le magnat des casinos à Las Vegas (Nevada), lance un quotidien gratuit appelé Israel Hayom. Rien à voir avec les gratuits occidentaux qui compilent des synthèses de dépêches incolores. Le journal a une rédaction étoffée et une ligne idéologique nationaliste. Il se met au service de Nétanyahou. On le lit, sans vraiment l’estimer. Partout, dans les rues des grandes villes, les piles d’exemplaires s’arrachent. Le quotidien fait vriller le marché publicitaire en cassant les prix. La concurrence enrage. Un projet de loi à la Knesset, destiné à limiter la diffusion des gratuits, échouera.
Depuis qu’il a pris la tête de la rédaction il y a deux ans, Boaz Bismuth, ancien ambassadeur en Mauritanie, se défend d’être le simple porte-voix de Nétanyahou. Affable et drôle, intarissable sur lui-même, parfaitement francophone, citant Lévinas et Zweig avant d’étaler sur la table, comme un enfant, ses photos dans le bureau Ovale aux côtés de Donald Trump, M. Bismuth jouit de sa position. Il est bien plus influent que n’importe quel député ou haut fonctionnaire. « Il y a nous, et il y a le troupeau, dit-il. Nous sommes un journal de droite, conservateur. Il était inconcevable que ce camp n’ait pas de voix depuis 1977 [victoire du Likoud aux élections]. Israel Hayom soutient le premier ministre, mais ne roule pas pour lui. On est par exemple à 100 % contre toute restitution d’un centimètre de Jérusalem, et on ne croit pas que l’avenir passe forcément par la solution à deux Etats. »

Coproduction médiatique

Ces nuances idéologiques, qui correspondent parfaitement aux engagements radicaux, pro-colonies, du milliardaire Sheldon Adelson et de son épouse, n’ont pas empêché le journal Israel Hayom d’être surnommé « Bibiton », hommage sarcastique à son dévouement à Nétanyahou. Grâce à une décision de la Cour suprême, le journaliste Raviv Drucker, de Channel 10, a publié la liste des conversations téléphoniques entre Nétanyahou et le prédécesseur de Boaz Bismuth à la tête de la rédaction, Amos Regev, avant l’élection de mars 2015. Le premier ministre avait appelé le directeur du quotidien quinze fois en dix-neuf jours, le plus souvent tard, avant le bouclage. Entre 2012 et 2015, Nétanyahou s’est entretenu au téléphone avec Sheldon Adelson à 120 reprises. Une vraie coproduction médiatique.
En raison des enquêtes judiciaires, les relations entre Israel Hayom et Nétanyahou sont devenues moins fusionnelles. Le dossier dit « 2000 » repose sur des enregistrements de conversations entre le premier ministre et le propriétaire tout-puissant du quotidien Yediot Aharonot, Arnon Moses, à partir de 2009.
Les deux hommes, en principe ennemis jurés, discutent d’un éventuel échange de bons procédés, qui n’eut pas lieu. Nétanyahou trouverait un moyen de baisser la diffusion du concurrent Israel Hayom ; le Yediot, lui, adopterait une couverture plus favorable de ses activités. « Dans cette affaire, on joue un peu le rôle de la femme cocue », sourit Boaz Bismuth. L’image du Yediot, à la merci de son propriétaire, en sort aussi très abîmée.
Les relations entre Arnon Moses et Nétanyahou sont un fil conducteur, le plus souvent invisible, de toute la politique israélienne depuis deux décennies. Il faut entendre les témoins de l’intérieur pour le saisir pleinement.
En 2011, deux ans après son retour au pouvoir, Nétanyahou recruta une ancienne journaliste de gauche, Orit Galili-Zucker, pour sa communication. Jusqu’aux élections de 2013, elle fait partie de son équipe de Tel-Aviv. « Notre rôle était d’être l’avocat du diable, de relayer auprès de lui le point de vue du camp adverse, contrairement à l’aquarium où il était plongé chaque jour à Jérusalem, entouré d’hommes de droite, religieux, colons, pour beaucoup américains », se souvient-elle. Trois fois par semaine, l’équipe de la conseillère rédige des notes. « Les médias israéliens étaient contre lui depuis son entrée en politique. Mais je ne savais pas, avant de le rejoindre, à quel point il était obsédé par Arnon Moses, le propriétaire du Yediot, le média le plus influent du pays avec Channel 2. Il m’a parlé de Moses dès notre premier entretien, en disant qu’il était au cœur d’une conspiration pour le renverser. » Ce qui ne l’a pas empêché de vouloir pactiser avec cet ennemi.

Homme de réseaux

Orit Galili-Zucker, auteure de plusieurs livres sur la communication politique, se dit convaincue que Nétanyahou représente « un personnage tragique, talentueux et intelligent, qui aurait pu faire de grandes choses ».Mais « j’ai découvert un grand secret, dit-elle. Il a consacré une énergie disproportionnée pour tout savoir sur les médias. Il passait beaucoup de temps sur ce projet, pour avoir un journalisme biaisé en sa faveur. Il avait des informateurs dans les rédactions, il connaissait toutes les affaires personnelles et les politiques internes. Il ne pouvait pas acheter des médias comme Berlusconi, mais Nétanyahou a fait la même chose sans argent. Par exemple, en influençant les recrutements. Ne pouvant totalement contrôler les médias, il s’est adressé à leurs propriétaires, comme dans le cas de Walla ! »
Le site en ligne Walla ! et sa maison mère, le groupe de télécommunications Bezeq, se trouvent au cœur du « dossier 4000 », dans lequel la police a recommandé l’inculpation du premier ministre, début décembre 2018. Les faits se seraient produits entre 2014 et 2017, période pendant laquelle M. Nétanyahou était aussi ministre des communications.
Selon les enquêteurs, il aurait promu à l’époque des réglementations favorables à Bezeq, qui appartient à un proche, Shaul Elovitch. En échange, celui-ci aurait garanti une couverture très favorable des activités du premier ministre et de son épouse par Walla ! Les policiers ont la preuve, disent-ils, que « Bibi » et ses proches sont intervenus « de façon ouverte, parfois quotidienne » dans le contenu du site.
Israel Hayom et Walla ! ne sont que deux instruments dans un dispositif.Le premier ministre a décidé, il y a des années, de ne plus parler à la presse de son pays. Lui qui n’a ni téléphone portable ni ordinateur pour des raisons de sécurité, comme Vladimir Poutine, est devenu un adepte des réseaux sociaux. Nétanyahou se veut en tête à tête avec les électeurs. Il a 2,3 millions d’abonnés à sa page Facebook, des comptes Twitter en cinq langues (dont le farsi), un profil Instagram. Le 2 février, il a lancé une chaîne, Likud TV. Ses jeunes conseillers s’occupent de ces tuyaux immatériels. « Il est le premier politicien à comprendre que l’âge des intermédiaires est fini, résume Eyal Arad, qui a rompu avec lui après la victoire de 1996. De la même façon qu’on n’a plus besoin d’un assureur pour souscrire une assurance, ou d’une agence pour partir en voyages, Bibi a saisi qu’il n’avait plus besoin de la télévision pour parler directement aux Israéliens. »

La haine se transmet en héritage

Il y a « Bibi » en anglais, l’homme d’Etat solennel, et il y a « Bibi » en hébreu, qui s’abaisse. Le jour même de l’élection, en mars 2015, il enregistre une courte vidéo incendiaire. « Le gouvernement de droite est en danger. Les électeurs arabes se rendent en bus vers les bureaux de vote. » Ça marche. Mais à quel prix ?
Nétanyahou titille les instincts les plus vils de sa base. Les médias restent sa cible favorite. La haine se transmet en héritage. Yaïr Nétanyahou, l’un des fils du couple, excelle dans ce domaine. Il aime s’en prendre, sur les réseaux sociaux, aux « bolcheviques » qui critiquent son père. Dans un post sur Facebook, le 10 décembre, il se livrait à l’une de ses diatribes de comptoir. « Les associations de gauche financées par des gouvernements étrangers et hostiles, les politiciens de gauche et les médias, qui sont toujours du côté de l’ennemi et contre les intérêts juifs (…), sont des traîtres ! », écrit-il.
Quelques heures plus tard, sur la page du premier ministre, un message précisait que celui-ci rejetait l’emploi du mot « traître », à gauche comme à droite. Mais c’était pour mieux dénoncer ensuite l’impunité de ceux qui s’en prennent à lui.
« Il ne faut pas tout rationaliser et chercher une rupture entre lui et les journalistes. Bibi est un monstre narcissique, affirme son ancienne conseillère Odelia Karmon. Plus son ego grandit, et plus il devient difficile à satisfaire. Il a son propre quotidien, il a acheté les faveurs d’un site comme Walla !, il a essayé de le faire avec le Yediot. Beaucoup de journalistes s’affirment maintenant de droite, portent la kippa. Mais ce n’est jamais assez. Il doit être malade de jalousie en voyant Erdogan ou Poutine. Malheureusement pour lui, il est né dans une démocratie. »