De Washington à Moscou, Nétanyahou écrit l’histoire et prépare sa réélection (Thierry Oberlé – Le Figaro)

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Le premier ministre a occupé le devant de la scène israélienne et internationale ces derniers jours. Avec en ligne de mire les élections législatives du 2 mars.

Jérusalem, Washington, Moscou. La commémoration de la Shoah, le plan de paix américain pour le Proche-Orient et la libération de Naama Issachar, une jeune Israélo-Américaine détenue en Russie. Pendant huit jours, Benyamin Nétanyahou a occupé le devant de la scène israélienne et internationale avec pour ambition de marquer l’Histoire et de gagner des points en vue des élections législatives du 2 mars, cruciales pour son avenir personnel.

En marge de la cérémonie en hommage aux victimes des camps de la mort, le plus grand raout international avec les obsèques d’Yitzhak Rabin jamais organisé en Israël, le premier ministre avait durant ses entretiens avec Vladimir Poutine obtenu la grâce de la «prisonnière de Moscou». Naama Issachar avait été arrêtée en avril 2019 au cours de son transit à l’aéroport de la capitale russe. Neuf grammes de cannabis avaient été découverts dans son bagage enregistré. Elle a clamé son innocence lors de son procès. Elle avait écopé de sept ans de prison. Son sort avait soulevé une vague de sympathie et Benyamin Nétanyahou avait promis d’obtenir sa libération. Il est venu la chercher à Moscou et après avoir remercié le président russe, il l’a ramenée dans son avion personnel à Tel-Aviv.

Contreparties

À Washington, il a savouré le plaisir de voir Donald Trump dévoiler un «deal du siècle» en grande partie inspiré de sa propre vision du conflit israélo-palestinien. À défaut d’établir la paix puisque la partie palestinienne refuse d’entrer dans des négociations, le projet devrait entériner la reconnaissance par les États-Unis de la future annexion de 30 % de la Cisjordanie par l’État hébreu, soit la totalité des colonies juives et des implantations sauvages où vivent environ 650.000 personnes. De quoi satisfaire l’électorat de droite et flatter l’orgueil national.

En deux temps et trois mouvements, Benyamin Nétanyahou a tiré avantage de sa proximité avec Donald Trump et Vladimir Poutine pour montrer qu’il pesait sur la scène internationale comme nul dirigeant israélien avant lui. Mais la médaille a son revers. En Israël, les médias se sont interrogés sur les contreparties accordées au président russe dont la magnanimité n’est pas la principale qualité. La semaine dernière, le quotidien Maariv avait évoqué la remise à Moscou de la mission Saint-Alexandre de Jérusalem, un établissement orthodoxe situé à côté du Saint-Sépulcre et revendiqué par la Russie.

Fort de son succès à Washington, Benyamin Nétanyahou entendait en engranger les dividendes électoraux en promulguant dès dimanche un décret sur l’annexion partielle de la Cisjordanie. Il est finalement retardé. Des raisons techniques sont évoquées et il semble que les États-Unis ne soient guère favorables à une démarche donnant une impression de précipitation.

En attendant les sondages montrent une légère progression du Likoud, le parti du chef du gouvernement, mais elle ne permettrait pas de dégager une majorité au Parlement. Il reste un mois à «Bibi le magicien» pour sortir de nouveaux lapins de sa boîte et sauver sa carrière entravée par ses inculpations dans des affaires de corruption.