Place du Palais Bourbon – Semaine du 6 au 10 Mars 2023

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En une de notre rendez-vous hebdomadaire : l’avenir incertain des socialistes au Sénat, les tensions entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron, le bras d’honneur d’Éric Dupond-Moretti à l’Assemblée nationale et les news de l’Assemblée nationale.


  1. L’avenir incertain au Sénat pour le parti socialiste

Alors que le Parti socialiste devrait lancer samedi la séquence des élections sénatoriales, certains élus de la haute assemblée ayant exprimé des réticences sur la NUPES voient leur investiture contestée. À commencer par celle de Patrick Kanner, le président du groupe socialiste.

La moitié des 348 sièges du Sénat est soumis au renouvellement à l’occasion des élections sénatoriales. Au parti socialiste, qui sort d’un congrès de Marseille plus ou moins houleux et où l’appartenance à la NUPES divise profondément, 33 des 64 siège sont concernés.

Patrick Kanner compte bien rempiler à la présidence du groupe socialiste au Sénat bien qu’il soit de moins en moins en odeur de sainteté. L’ancien ministre de François Hollande, soutien de Nicolas Mayer-Rossignol lors du dernier congrès et très critique sur le bilan et la stratégie d’Olivier Faure, est sorti affaibli des dernières élections fédérales dans son département du Nord. Son candidat à la tête de la fédération est arrivé troisième, loin derrière la représentante du Premier secrétaire, élue avec 56% des voix. Or, pour être candidat, Kanner devra passer par un vote des militants locaux.

Bien qu’il ne soit pas inquiet, l’ancien ministre reconnaît néanmoins qu’il lui faudra convaincre les adhérents socialistes du Nord. S’il décroche l’investiture et sa réélection auprès des grands électeurs, il aura encore de la concurrence en interne pour être reconduit à la tête du groupe socialiste.

En effet, le sénateur Éric Kerrouche, soutien d’Olivier Faure, est sur les rangs pour lui succéder.

Autre figure socialiste du Sénat, l’ancienne ministre de la Famille, Laurence Rossignol, est elle aussi menacée. Dans l’Oise, son poste est très convoité par le premier secrétaire fédéral du département, Alexandre Ouizille, lui aussi très proche d’Olivier Faure.

Autre département où les élections seront très scrutées : la ville de Paris. Si les sortants Rémi Féraud, Marie-Pierre de la Gontrie et Bernard Jomier, tous proches d’Anne Hidalgo, souhaitent rempiler, David Assouline, lui, ne candidatera pas à un nouveau mandat. Olivier Faure, verrait bien le conseiller régional Maxime des Gayets ou la militante parisienne Fatima Yadani lui succéder.

Pas sûr que la maire de Paris, qui a soutenu Nicolas Mayer-Rossignol, valide cette option. Sans compter qu’un autre débat, stratégique celui-là, pourrait venir électriser le débat sur les investitures : celle d’une éventuelle place accordée à la France Insoumise qui souhaite faire son entrée au Sénat.

Ambiance électrique à gauche….

(source : le Parisien)

 


  1. Tensions entre l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et le Président de la République

Le dernier petit-déjeuner de la majorité, organisé chaque mardi autour d’Élisabeth Borne, s’est fait dans une ambiance glaciale. Un rendez-vous expédié en trente minutes dans un climat de tensions, notamment entre Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance et Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons. En effet, entre les deux, le torchon brûle depuis quelques jours. Un combat à ciel ouvert où les partenaires de la majorité présidentielle se rendent coup pour coup, avec en toile de fond, plus que jamais, la rivalité entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe.

Deux épisodes ont mis le feu aux poudres en moins d’une semaine. Jeudi dernier, lorsque les troupes de Bergé ont fait échouer un article de la proposition de loi Horizons sur le rétablissement des peines planchers pour les délits de violence en récidive contre les agents publics.

Vexés, les troupes du maire du Havre, lui ont rendu la pareille ce mardi, en désertant volontairement l’hémicycle au moment de voter la proposition de loi qu’Aurore Bergé a défendue pour rendre automatiquement inéligibles les personnes condamnées pour des violences conjugales.

Faute de soutien, la proposition de loi Bergé a été rejetée par l’Assemblée nationale.

Laurent Marcangeli a d’ailleurs déclaré qu’ « il s’est passé un certain nombre de choses depuis plusieurs semaines, et même depuis le début de ce 2nd mandat présidentiel, qui n’est pas fait pour mettre la majorité dans les meilleures conditions. »

Ce n’est un mystère pour personne, les relations entre le chef de l’État et son ancien Premier ministre n’ont jamais été aussi fraîches. Le camp Philippe a le sentiment que les troupes d’Emmanuel Macron font tout pour éloigner la candidature de ce dernier en 2027.

Officiellement, le maire du Havre, se garde bien de réagir. En privé, le ton est tout autre puisqu’il aurait déclaré qu’« autour du président, certains tapaient déjà quand j’étais à Matignon, ils tapent plus fort aujourd’hui. On ne sait pas trop bien pourquoi, ça à l’air de leur faire du bien. Ils devraient mettre autant d’énergie à s’occuper du pays. L’idée que la principale menace pour un président qui ne se représentera pas ce soit moi donne une bonne idée de leur capacité d’analyse ».

Du côté de l’Élysée, en retour, on a peu goûté le comportement de l’ancien Premier ministre et de ses alliés au cours des derniers mois. Comme en juillet dernier, où le groupe Horizons a mis Renaissance en minorité en joignant ses votes à ceux de la gauche, de LR et du RN pour retoquer un amendement au projet de loi rectificatif.

Mercredi soir, hasard du calendrier, Emmanuel Macron et Édouard Philippe devaient se retrouver à l’Élysée à l’occasion d’une cérémonie de décoration de la Légion d’honneur. Évidemment, ce n’était pas le moment pour crever l’abcès, mais à un moment donné, ils devront se dire les choses, sans quoi la majorité déjà relative, ne risque pas de tenir encore longtemps.

(source : le Parisien)

 


  1. Bras d’honneur du ministre la Justice : l’exécutif oscille entre soutien et condamnation

Les deux bras d’honneur effectués mardi à l’Assemblée nationale par le ministre de la Justice continuent de faire réagir. Mercredi matin, Gabriel Attal, dans un délicat exercice d’équilibriste, a tenté de minimiser la portée du geste et de le condamner.

Même position pour Olivier Véran qui varie entre soutien et condamnation, qualifiant Éric Dupond-Moretti d’homme entier, un homme d’honneur, qui se bat pour le droit des victimes et qui reconnaît la liberté de pouvoir se défendre et notamment la présomption d’innocence.

Sur LCI, Clément Beaune, ministre des Transports a considéré de son côté que ce geste n’a pas sa place dans l’hémicycle.

Mardi, les députés avaient à peine commencé leurs interventions en fin d’après-midi que les débats ont dérapé. A la tribune, le président du groupe LR, Olivier Marleix a invité la majorité à s’offrir une séance d’introspection, en ne privant pas d’énumérer des condamnations, mises en examen ou enquêtes concernant les membres du camp présidentiel : Damien Abad, Alexis Kohler et Éric Dupond-Moretti.

Piqué au vif, le ministre a fait deux bras d’honneur. Face au tollé suscité, il a reconnu et regretté ses gestes qui n’étaient, selon lui, pas adressés au député Marleix mais à l’atteinte à la présomption d’innocence.

Pressé lors des rappels au règlement à droite comme à gauche de faire amende honorable, le ministre a fini par présenter ses excuses à Olivier Marleix ainsi qu’à la représentation nationale.

Pour sa part, le chef des députés de droite a demandé dans une lettre à la présidente de l’Assemblée l’accès aux images de ce moment captées par les caméras. Les débats ont finalement repris après les excuses du ministre, toujours dans un climat houleux.


              4. Les news en bref

  • Manuel Bompard, député Insoumis, a interrogé Catherine Colonna sur l’application de la coopération franco- israélien sur le tourisme.

La députée Insoumise Ersilia Soudais a une nouvelle fois interpellé la ministre des Affaires étrangères sur la situation en Israël.

Ersilia Soudais : « Suite à l’attaque ayant coûté la vie à deux jeunes colons à Huwara, d’autres colons israéliens ont décidé de riposter, attaquant cette même localité, en faisant un mort, des centaines de blessés et en incendiant à peu près tout sur leur passage. De nombreux commentateurs israéliens ont osé à ce propos l’utilisation du mot « pogrom ». Le ministre Smotrich, qui est aussi à la tête du parti d’extrême-droite Sionisme religieux, a déclaré : « le village de Huwara doit être anéanti ».

La France et de nombreux autres pays ont condamné fermement, tant les événements en eux-mêmes que ces propos ignobles, et cela nous honore. Nous nous inquiétons cependant de la participation du ministre Smotrich à la conférence du 19 mars organisée à Paris. Comment expliquer par ailleurs qu’étant donné la gravité des événements et la dérive fascisante du gouvernement Netanyahu, aucune sanction n’ait encore été prise ? Il ne suffit pas de condamner la colonisation pour la faire cesser ; il faut la sanctionner. A ce propos, Carrefour, qui est une société française, a été épinglée par 7 ONG et syndicats, dont l’APFS, la LDH, la CGT et Solidaires, pour son accord avec deux entreprises israéliennes impliquées dans la colonisation de la Palestine. Ce choix commercial est d’autant plus surprenant que la même entreprise dénonçait l’invasion de l’Ukraine et avait annoncé se retirer de la Russie. Quoi qu’il en soit, cela pourrait entrainer la poursuite des dirigeants de Carrefour devant la Cour Pénale Internationale. La Convention de Genève oblige les États à agir dans les circonstances où de grandes entreprises conviendraient au droit international humanitaire. Que compte faire la France ? »

Réponse de la ministre Colonna : 

« Nous sommes consternés par les propos du ministre Smotrich qui sont, je peux le répter, des propos inacceptables, irresponsables et indignes de la part d’un membre du gouvernement israélien qui plus est, chargé de l’administration civile des Territoires occupés, donc ce type de propos ne fait qu’encourager et attiser la haine et contribue à alimenter cet engrenage à la violence. »