En Une de notre rendez-vous hebdomadaire : retour sur les courriels antisémites reçus par des députés et sur la permanence parlementaire organisée par Sebastien Delogu pour y accueillir Salah Hamouri, le communiqué de presse d’Ersilia Soudias et un focus sur la semaine compliquée de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
- Courriels racistes et antisémites reçus par des parlementaires
Les présidents de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, ont saisi la justice après les nombreux courriels antisémites, racistes et homophobes reçus par des parlementaires.
Le président du Sénat a saisi la Procureure de Paris au titre de l’article 40 du code de procédure pénale après la réception par plusieurs sénateurs de « courriels antisémites et d’incitation à la haine raciale, qui comportaient de nombreux symboles nazis ». Plus de 80 parlementaires de la majorité présidentielle ont déposé une plainte collective auprès du pôle national de lutte contre la haine en ligne au tribunal judiciaire de Paris.
Les députés ont reçu, lundi et mardi, sur leurs adresses électroniques de l’Assemblée nationale, deux courriels accompagnés de « tracts antisémites, racistes et homophobes » ayant pour objectif de « rétablir la domination de la race blanche en Europe ».
Les tracts contenaient un lien renvoyant vers un site internet « encourageant des actions de violences ultimes à caractère racistes, antisémites et homophobes » avec « plusieurs références explicites au régime nazi et au négationnisme de la Shoah ».
La cheffe des députés macronistes, Aurore Bergé, fait partie du groupe d’élus ayant déposé cette plainte collective.
L’affaire est en cours d’instruction pour tenter de remonter à l’expéditeur.
- Permanence parlementaire organisée par le député Sébastien Delogu pour y accueillir Salah Hamouri
Le député Insoumis Sébastien Delogu organise ce jour une permanence parlementaire en présence de Salah Hamouri. Une fois de plus, la France Insoumise accueille en héros et déroule le tapis rouge à un homme dont les liens avec une organisation classée comme terroriste par l’Union européenne sont avérés et qui a été condamné pour la tentative d’assassinat du Grand Rabbin d’Israël.
Cette énième provocation s’ajoute à une liste déjà très longue d’élus de la France Insoumise qui, par leur positionnement nourrissent la détestation d’Israël, véhicule de l’antisémitisme moderne.
À l’évidence, cette conférence comporte un risque important de troubles à l’ordre public (pour preuve : les étudiants de l’UEJF violentés), ou encore l’évacuation violente de l’ancienne présidente du CRIF Toulouse Occitanie à l’occasion d’un rassemblement en présence de Salah Hamouri à Paris et à Toulouse.
Cette adulation pour Salah Hamouri, qui plus est par de élus de la République, doit cesser immédiatement. Il est intolérable qu’un individu condamné pour terrorisme puisse être l’idole de parlementaires de notre pays.
Cette conférence organisée ce jour, n’a qu’un seul objectif : déverser sa haine d’Israël, importer le conflit israélo-palestinien en France et légitimer la haine des Juifs.
Pourtant la résolution de l’IHRA adoptée par l’Assemblée nationale en décembre 2019, est claire : il est possible de critiquer la politique israélienne, les premiers à le faire sont les Israéliens eux-mêmes, en revanche il n’est pas possible de remettre en cause le droit d’Israël à exister.
Or, les propos de Salah Hamouri convergent systématiquement vers cette idée qu’Israël n’a pas de légitimité. Force est de constater que l’adoption de l’IHRA n’est toujours pas suivie de faits, trois ans après.
Le président de la République à l’occasion du dîner du CRIF avait déclaré en parlant de l’antisémitisme et de l’antisionisme : « Nous n’avons pas su agir efficacement. C’est vrai. Et si nous en sommes là aujourd’hui c’est bien pour cela. Et cette litanie que je viens de reprendre c’est notre échec. Trop d’indignation. Trop de mots. Pas assez de résultats. Le temps est donc venu des actes tranchants, concrets »
Les mots ont un sens. Il n’est pas possible de trembler face à l’antisémitisme : les rassemblements publics de Salah Hamouri doivent être interdits.
3. La députée Insoumise, Ersilia Soudais, publie un communiqué de presse à la suite d’une « vague d’insultes sur les réseaux sociaux »
La députée Insoumise Ersilia Soudais a publié un communiqué suite à « une vague d’insultes sur les réseaux sociaux » dont elle aurait fait l’objet, avertissant qu’« elle ne laisserait plus rien passer ».
L’élue de Seine-et-Marne explique dans son communiqué « être la cible d’une vague d’insultes sur les réseaux sociaux, d’une intensité et d’une violence inouïes. On m’impute notamment, et sans fondement, des actes, discours et positions prétendument antisémites ».
Si les insultes et la violence ne doivent jamais être une option, rappelons tout de même que les accusations portées à l’encontre d’Ersilia Soudais ne sont pas dénuées de tout fondement :
- Ersilia Soudais a accueilli en héros le terroriste Salah Hamouri, condamné pour ses liens avec l’organisation terroriste FPLP et sa tentative d’assassinat du Grand Rabbin d’Israël et a qualifié son extradition de « déportation ».
- Dans un tweet datant du 13 septembre 2022 en hommage à Godard, Ersilia Soudais est tombée dans l’outrance en manipulant la question de l’antisémitisme et en s’essayant à la nazification d’Israël et à la banalisation de la Shoah. Dans ce même message, elle a tenté d’établir une concurrence victimaire et une équivalence entre la Shoah et la situation en Palestine.
- Ersilia Soudais a invité des antisionistes notoires à l’Assemblée nationale pour évoquer « la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité envers le peuple palestinien ».
- Ersilia Soudais a défendu une résolution honteuse qualifiant Israël d’État apartheid, remettant en cause la légitimité de l’existence d’Israël pourtant condamnée par la définition de l’IHRA.
- Ersilia Soudais soutient les campagnes BDS, illégales en France, en raison de leur caractère discriminatoire et souvent violent.
La liste des déclarations infamantes d’Ersilia Soudais est encore longue, le communiqué diffusé sur son compte Twitter n’est qu’une vaste opération de communication et une énième provocation.
Face à ces réalités, Ersilia Soudais ne peut s’étonner des accusations portées à son encontre. Le sérieux et l’importance que requiert le groupe d’études sur l’antisémitisme la disqualifient tout bonnement d’y jouer un rôle de près ou de loin.
4. Yaël Braun-Pivet, sous le feu des oppositions et de certains amis
Le siège de Yaël Braun-Pivet est resté vide à Matignon, mercredi matin. Pile à l’heure où les cadres de la majorité se réunissaient autour d’Élisabeth Borne pour leur petit-déjeuner hebdomadaire, la présidente de l’Assemblée nationale était sur BFM TV.
Alors que la proposition du groupe centriste LIOT, visant à abroger la réforme des retraites devaitt être examinée, Yaël Braun-Pivet annonce qu’elle déclarera les amendements rétablissant l’âge de départ à la retraite à 62 ans irrecevables au nom du désormais fameux article 40 de la Constitution.
Aussitôt, les oppositions s’insurgent : LFI annonce déposer une motion de censure, le PS, le RN et LIOT dénoncent « une attaque inédite contre les droits du Parlement ».
Yaël Braun-Pivet reçoit des pressions de son camp depuis plus de trois semaines. Un cadre du groupe a déclaré qu’« elle donne le sentiment qu’elle ne voulait pas s’en mêler, qu’elle allait laisser le vote se faire ».
Les troupes de la majorité présidentielle se sont affolées, les boucles Telegram et WhatsApp se sont agitées pour que la présidente de l’Assemblée nationale rejette les amendements du groupe LIOT.
En parallèle, Elisabeth Borne est en tête et multiplie les sorties pour montrer du doigt « l’inconstitutionnalité » du texte au titre qu’il crée une charge pour les finances publiques. La présidente de l’Assemblée échange par téléphone avec le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, par SMS, avec Emmanuel Macron. En coulisses, ils ont la dent dure et attendent un minimum de loyauté à l’égard du chef de l’État.
Sans convaincre les responsables de l’opposition, qui la ciblent désormais ad hominem. Elle n’est « plus la garante de la séparation des pouvoirs » mais « aux ordres du président de la République », étrille Mathilde Panot, la cheffe des députés LFI. Elle « a failli à sa charge » renchérit Bertrand Plancher. Un comble pour celle qui s’est souvent vue, au sein de la majorité, reprocher de trop soigner les oppositions au détriment de son camp.
Au sein de la macronie, on estime que Yaël Braun-Pivet a perdu sur tous les fronts, car même si en « in » les macronistes font bloc derrière sa décision, certains lui en veulent d’avoir « trop laissé traîner les choses ».
Les rancœurs accumulées n’aidant pas, l’épisode laissera de tous côtés, à n’en pas douter, des traces.
(source : le Parisien, Pauline Théveniaud)