A la une de notre rendez-vous hebdomadaire : retour sur les présidences attribuées aux différents groupes d’amitié de l’Assemblée nationale, focus sur l’audition de Catherine Colonna devant la commission des Affaires étrangères, et analyse de l’élection pour la présidence des Républicains.
- Les présidences des groupes d’amitié à l’Assemblée nationale ont été attribuées
A l’issue de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale, les présidences des groupes d’amitié ont été attribuées à l’ensemble des groupes politiques représentés dans l’hémicycle.
La majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) a récupéré la présidence de 67 groupes d’amitié, parmi lesquels :
- Algérie avec Fadila Khattabi (RE)
- Allemagne avec Sylvain Maillard (RE)
- Arabie-Saoudite avec Amélia Lakrafi (RE)
- Bahreïn avec Béatrice Piron (RE)
- Chine avec Éric Alauzet (RE)
- Égypte avec Jean-René Cazeneuve (RE)
- Etats-Unis avec Christopher Weissberg (RE)
- Israël avec Aurore Bergé (RE)
- Italie avec Laurent Marcangeli (HOR)
- Liban avec Damien Abad (RE)
- Groupe d’études à vocation internationale pour les Territoires palestiniens : la présidence n’a pas encore été déterminée au sein d’Horizons.
- Russie avec Natalia Pouzyreff (RE)
- Ukraine avec Benjamin Haddad (RE)
- Uruguay avec Jean-François Portarrieu (HOR)
- Syrie (qui est un groupe à vocation internationale et non un groupe d’amitié) avec Perrine Goulet (MoDem)
- Biélorussie avec Fréderic Petit (MoDem)
- Guinée Bissao avec Bruno Fuchs (MoDem)
Le Rassemblement national a récupéré la présidence de 19 groupes d’amitié parmi lesquels :
- Autriche avec Christophe Bentz
- Émirats arabes unis avec Sébastien Chenu
- Irak avec Florence Goulet
- Jordanie avec Frank Giletti
- Oman avec Frédéric Falcon
- Venezuela avec Sophie Blanc
La NUPES (PS, LFI, EELV) a récupéré la présidence de 32 groupes d’amitié, parmi lesquels :
- Cuba avec André Chassaigne
- Koweït avec Clémentine Autain
- Liberia avec Pascale Martin
- Mali avec François Piquemal
- Maroc avec Karim Ben Cheikh
- Mexique avec Sophia Chikirou
- Pays-Bas avec Julie Laernoes
- Singapour avec Aurélien Saintoul
- Yémen avec Paul Vannier
Les enseignements que nous pouvons tirer de cette cartographie sont que les principaux pays avec lesquels la France entretient des relations particulièrement étroites restent sous le pavillon de la majorité présidentielle.
Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance, conserve également la présidence du groupe d’amitié France – Israël qu’elle présidait lors de la dernière législature. Intéressant de voir également qu’aucun député du groupe Horizons ne s’est, pour l’heure, proposé pour présider le groupe d’études à vocation internationale sur les Territoires palestiniens.
En revanche, ce qui est intéressant de relever, c’est que le parti de Marine Le Pen a pris la présidence d’un certain nombre de pays stratégiques au Proche et Moyen-Orient notamment ceux concernés par les Accords d’Abraham, à l’image des Émirats arabes unis et d’Oman. Le RN a également récupéré la présidence du groupe d’amitié avec le Venezuela, un pays cher aux yeux des Insoumis.
Probablement un coup politique pour le Rassemblement national.
Quant à la NUPES, hormis la présidence du groupe d’amitié avec le Maroc qui doit probablement en irriter plus d’un, pas de grandes surprises.
A noter également que le groupe d’études sur l’antisémitisme a finalement été attribué au groupe Renaissance et non au Rassemblement national.
- Audition de Mme Catherine Colonna devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale
Le mercredi 7 décembre, Catherine Colonna était auditionnée devant les députés de la commission des Affaires étrangères pour un tour d’horizon de la politique étrangère de la France.
A cette occasion, la ministre a été interpellée par Ersilia Soudais, députée LFI, sur le cas de Salah Hamouri détenu en Israël selon ses mots : « Nous sommes inquiets de l’affaiblissement de notre diplomatie. Les derniers rebondissements de la situation de notre compatriote Salah Hamouri, détenu par Israël depuis le 7 mars sans charge ni procès, en sont révélateurs. Malgré quelques déclarations, somme toute assez timides, le gouvernement français et la représentation diplomatique se sont contentés d’un rôle passif, de visites consulaires en visites consulaires, sans obtenir de réelle avancée dans ce dossier ni mettre fin à un harcèlement qui dure depuis plus de vingt ans. Quand nous avons demandé à la diplomatie française pourquoi elle ne haussait pas le ton face à Israël, on nous a répondu que ce serait contre-productif, car Israël se braquerait et expulserait Salah Hamouri, l’empêchant à jamais de revenir à Jérusalem-Est, sa terre natale. On ne peut pas dire que votre choix tactique ait été le bon, car comme vous le savez, Israël a quand même décidé de procéder à cette expulsion. Comble de la honte, notre consul s’est vu refusé l’accès à la salle d’audience de Salah Hamouri, au mépris du droit consulaire. Est-ce le fait que vous fassiez des coopérations militaires communes avec Israël, telles que l’exercice Eastern Breeze, achevé hier, qui vous empêche de faire preuve de courage ? Si Israël persiste dans cette voie, délivrerez-vous un laisser-passer consulaire ou défendrez-vous les droits de notre compatriote ? Prendrez-vous enfin des sanctions à l’égard d’Israël ? Avez-vous seulement entrepris des démarches pour obtenir le soutien de nos homologues européens ? La déportation de Salah Hamouri constituerait un crime de guerre au regard du droit international. Face à l’Iran, face à la Russie, vous trembliez moins, vous parliez plus clairement. Pourtant comme la Russie, Israël annexe et colonise des territoires qui ne sont pas les siens, et comme l’Iran, Israël bafoue les droits humains élémentaires.
Ces propos outrageants et mensongers sont une honte. La comparaison avec la situation de Salah Hamouri, membre du FPLP, qui a fomenté, entre autres, un attentat visant à assassiner le Grand Rabbin d’Israël et qui l’a revendiqué à plusieurs reprises et la déportation est insultante pour la mémoire de tous ceux qui ont vécu le drame de la Shoah. De tels propos dans une commission parlementaire ne devraient pas pouvoir être tenus.
Au-delà de cette insulte, la députée Insoumise ment ouvertement puisque le consul général à a pu assister à l’audience de Salah Hamouri, en témoigne ce tweet :
En réponse, la ministre des Affaires étrangères a déclaré :
« Je ne commenterai pas tous vos propos et notamment lorsque vous parlez de déportation et de crimes de guerre qualification qui ne m’appartient pas de porter ni de commenter tant elle est outrancière. Ce que je peux vous dire c’est que la France est mobilisée depuis le début de cette affaire et je ne crois qu’aucun prisonnier français dans le monde et il y en a beaucoup vous le savez ne bénéficie d’une telle attention de la part des autorités françaises et notamment dans les déclarations publiques que nous faisons y compris le Président de la République qui s’est exprimé sur ce sujet ne l’oubliez pas. Plusieurs visites consulaires ont été organisées, une audience devait avoir lieu aujourd’hui. Si je suis bien informée, l’expulsion qui avait été fixée à la date du 4 décembre avant de pouvoir être examinée par cette nouvelle audience est reportée. A ce stade, M. Hamouri n’a pas été expulsé, il a bénéficié des droits de visite consulaires comme il se doit et nous poursuivons le dialogue avec les autorités israéliennes. Je crois avoir assez bonne mémoire pour me rappeler vous avoir dit que nous poursuivons ce dialogue tant à Paris que sur place. Je vous le dis aussi, le plein soutien de nos partenaires européens. Nous souhaitons aussi qu’il puisse être libéré comme toute personne dont nous ne connaissons pas les chefs d’inculpation et qu’il puisse bénéficier et jouir de l’ensemble de ses droits et mener une vie normale à Jérusalem qui est sa ville de naissance et de résidence. »
Quelques instants après, c’est la députée Renaissance, Caroline Yadan qui s’est exprimée sur ce sujet :
« Les mots employés pour Salah Hamouri comme celui de déportation apparaissent comme tout à fait indécents et trouvent selon toute vraisemblance leur origine dans la détestation de l’État juif par la gauche extrême, qui s’apparente à une obsession et qui attise les haines. Salah Hamouri est un membre actif du FPLP et a été impliqué dans de nombreuses opérations terroristes de nature militaires mais également dans la collecte de fonds et dans l’enrôlement de recrues. Je rappelle à toute fin utile que le FPLP est à l’origine d’attentats suicides, d’assassinats de civils et que cette organisation est reconnue comme terroriste par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et Israël. Salah Hamouri a été condamné à 7 ans d’emprisonnement après avoir plaidé coupable pour avoir planifié l’attentat contre le Grand Rabbin d’Israël. Ayant poursuivi ses activités au sein du FPLP, Salah Hamouri a fait l’objet d’un arrêté d’expulsion d’Israël et ce conformément à la législation. Madame la Ministre pouvez-vous confirmer que vos échanges avec l’État d’Israël prennent en compte l’ensemble de ces éléments ? »
Réponse de la Ministre :
« Pour répondre à votre question, oui je vous le confirme, vous vous souvenez par ailleurs que j’ai considéré qu’il n’était pas de mon rôle de commenter certains propos que j’ai entendu de la part d’une collègue députée. Je vous le confirme nous prenons en compte ces éléments, nous prenons également en compte le fait que Monsieur Hamouri avait été condamné à une peine de prison, qu’il a purgé sa peine et qu’à priori dans un État de droit lorsqu’on a purgé sa peine et bien on a payé sa dette vis-à-vis de la société ».
Rappelons à toute fin utile que Salah Hamouri, considéré par beaucoup comme un militant des droits humains, fut l’un des responsables du FPLP, organisation terroriste reconnue comme telle par l’Union européenne et qui est à l’initiative de plusieurs attentats dont celui de la rue Copernic.
En 2005, il a fomenté un attentat visant à assassiner le Grand Rabbin d’Israël, ce qu’il a revendiqué à plusieurs reprises et pour lequel il n’a exprimé aucun regret.
Face à toutes ces réalités, l’État d’Israël a souhaité expulser de son territoire un ressortissant franco-palestinien qui représente une menace pour sa sécurité. Comment la France peut-elle s’opposer à cette décision, dans la mesure où la politique française adopte une politique similaire à l’image de l’expulsion de l’Imam Iquioussen ?
In fine, une audience a eu lieu le mercredi 7 décembre au cours de laquelle l’expulsion de Salah Hamouri a été reportée en janvier 2023.
- Élection du président du parti les Républicains
Dimanche dernier les militants LR ont tranché, c’est Éric Ciotti et Bruno Retailleau qui seront opposés au second tour pour la présidence du parti.
Éric Ciotti est arrivé en tête avec 42.73% des voix, Bruno Retailleau second avec 34.45% et Aurélien Pradié troisième avec 22.29%
Pour le camp Retailleau, ce score n’a rien d’une victoire flamboyante pour Éric Ciotti, bien au contraire. Beaucoup sont d’avis de considérer qu’Éric Ciotti n’a pas dépassé le plafond de verre, puisque ce score est sensiblement le même que celui obtenu lors de la primaire (39%) et qu’il n’a de ce fait obtenu aucune voix supplémentaire. Cette configuration pourrait donc permettre au président des LR au Sénat de créer la surprise en bénéficiant du report de voix d’Aurélien Pradié qui n’a pas donné de consigne de vote.
Par ailleurs, Bruno Retailleau a reçu le soutien du président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand qui après avoir soutenu Aurélien Pradié, a rejoint l’écurie Retailleau.
Ce ralliement est vu par les équipes d’Éric Ciotti comme une opportunité de démontrer que si Bruno Retailleau est élu, Xavier Bertrand sera le candidat de la droite en 2027, lui qui a quitté le parti il y a quelques temps et qui est vu comme un repoussoir par certains militants.
Derrière cette lutte acharnée pour la présidence se cache aussi le deuxième acte du combat qui oppose Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez pour la présidentielle de 2027.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour parler de cette échéance, les résultats de dimanche donneront un réel indicateur quant à la ligne politique des Républicains pour les quatre prochaines années.