Place du Palais Bourbon – Semaine du 27 février au 3 mars

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En une de notre rendez-vous hebdomadaire : le portrait d’Olivier Dussopt, ministre du Travail, la réforme des retraites entre les mains du Sénat et un retour sur la rumeur de remaniement avant cet été.


  1. Qui est Olivier Dussopt, ancien socialiste et visage de la réforme des retraites ?

Depuis sa nomination au ministère du Travail en mai 2022, l’ancien socialiste a porté plusieurs réformes impopulaires et marquées à droite. La dernière en date, celle des retraites, est particulièrement éprouvante.

Olivier Dussopt subit de vives critiques de la part de l’opposition depuis que la réforme des retraites est en discussion à l’Assemblée nationale. Insultes et accusations de mensonges perturbent l’examen du texte depuis février.

Après avoir quitté le Parti socialiste pour intégrer le gouvernement d’Édouard Philippe en 2017, ce député discret s’est peu à peu imposé comme un homme de confiance d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne.

Il ne figurait pas jusqu’à présent dans le peloton de tête des ministres les plus connus des Français mais depuis la réforme des retraites, Olivier Dussopt est devenu une personnalité incontournable du gouvernement Borne.

Depuis tout jeune, le grand bain de la politique l’a attiré, il y a plongé et n’en est jamais ressorti, prenant des coups certes, mais en ne déviant jamais de sa ligne : servir l’intérêt général. Avant de se laisser tenter par l’aventure « macronienne », Olivier Dussopt était biberonné au socialisme. Le passage aux 35h a été, selon lui, « la garantie pour ma mère d’avoir une journée toutes les deux semaines pour reposer son dos ». La couverture maladie universelle « a été la garantie pour mon père, alors en fin de droits, d’être pris en charge ».

Élu conseiller régional en 2006, puis député un an après, il a ensuite été propulsé à la mairie d’Annonay (16 000 habitants) à partir de mars 2008. Il la gérera durant une décennie. À l’Assemblée nationale, l’ancien benjamin de l’hémicycle, réélu trois fois, siégera dix ans, devenant également un proche de Martine Aubry, Henri Emmanuelli, Benoit Hamon…

Incohérence de son parcours politique : en 2010, il bataillait ferme contre la droite et le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Quand il est entré au gouvernement, le Sénat a été méfiant à son égard, il venait de l’aile gauche du PS, puis peu à peu s’est fait apprécier.

Réputé « gros bosseur », Olivier Dussopt a figuré par le passé dans la garde rapprochée de l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe. Aujourd’hui, entre Emmanuel Macron et Olivier Dussopt, le respect est mutuel, malgré quelques sautes d’humeur.

Avec la réforme des retraites, Olivier Dussopt a pris du poids dans l’actuel gouvernement et est une personnalité politique à suivre avec attention.

(sources : le Parisien,  Ouest France)


  1. La réforme des retraites entre les mains du Sénat et de la droite

Le projet de réforme des retraites a fait son arrivée au Sénat ce jeudi et pour dix jours de débats. La droite majoritaire entend bien modifier le texte du gouvernement. Des terrains d’entente ont d’ores et déjà été trouvés.

Jeudi, le coup d’envoi a été donné pour 106 heures de débats dans l’ambiance habituellement feutrée de la salle des Séances où les 348 sénateurs discuteront du projet de loi, weekend compris, jusqu’au dimanche 12 mars.

Si la première mi-temps du grand match parlementaire sur les retraites, disputée à l’Assemblée nationale, s’est déroulée de façon agitée, parfois dans un certain chaos, la seconde période devrait être totalement différente.

Le gouvernement sait bien qu’au Sénat, encore plus qu’à l’Assemblée, il joue en terrain hostile. S’il dispose d’une majorité relative chez les députés, au Palais du Luxembourg, la majorité est acquise à l’union de la droite et du centre.

De fait, le président du Sénat, Gérard Larcher, et les chefs de groupe LR, Bruno Retailleau et centriste Hervé Marseille, étaient reçus à Matignon pour un énième échange avec la Première ministre. L’objectif : rappeler d’une part les exigences de la majorité sénatoriale, d’autre part, préciser les points sur lesquels le gouvernement serait ou non flexible.

Le débat sur l’article 1 de la réforme débutera ce vendredi. Gérard Larcher a fait savoir qu’il souhaitait, contrairement à l’Assemblée, examiner le texte jusqu’au bout, quitte à utiliser les armes réglementaires à sa disposition pour contrecarrer la relative obstruction de la gauche sénatoriale.


  1. La gauche sénatoriale cherche la bonne tactique

La gauche sénatoriale ne compte pas d’Insoumis et promet de ne pas faire d’obstruction mais a obtenu que l’article sur le report à 64 ans de la retraite ne soit examiné qu’après la mobilisation du 7 mars.

Les trois groupes de gauche à la chambre haute sont déterminés à « faire front », mais de manière responsable. Pas question de revoir au Sénat les débats électriques qui ont eu lieu à l’Assemblée et la guérilla orchestrée par les députés insoumis.

Au Palais du Luxembourg, LFI n’est pas représentée, pas plus que le RN. La stratégie de la gauche est donc de prendre le temps et de proposer un travail de fond.

Pour contrer une réforme qualifiée de « bricolée », « brutale », « inutile », et « injuste », les trois groupes de gauche déposeront vraisemblablement une demande de référendum qui a de faibles chances d’aboutir, la majorité sénatoriale étant dominée par la droite et le centre, favorable à la retraite à 64 ans. Chacun des groupes de gauche a aussi déposé une motion de rejet du texte et déposé près de 3 000 amendements, bien moins que les 13 000 déposés par le seul groupe LFI.

Le maître des horloges sera Gérard Larcher, qui a la capacité d’accélérer les débats et devenir ainsi le bras armé du gouvernement, en limitant les temps d’intervention par groupe.


4. Béchu, Riester, Braun, ces ministres qui peinent à s’imposer

Selon plusieurs sources, Emmanuel Macron est déçu par plusieurs membres du gouvernement. A tel point que l’idée d’un remaniement dans les prochains mois circule dans les couloirs des ministères.

Quasiment un an après la réélection du chef de l’État, le constat est cruel : « Le président a clairement une déception sur un certain nombre de ses ministres. Des questionnements sur Christophe Béchu, Pap Ndiaye, et même Éric Dupond-Moretti, sans compter Franck Riester, clairement fragilisé » affirme un intime du président.

Soit rien de moins que les détenteurs de l’Écologie, l’Éducation nationale, la Justice et les Relations avec le Parlement, rôle clé en cette période de majorité relative.

Lorsqu’on est dans les poids lourds du gouvernement, on doit tenir la barque : gérer son public, tenir son administration, exister médiatiquement et avoir une surface politique, ce qui n’est clairement pas le cas de Pap Ndiaye et François Braun.

Sans convaincre, le ministre de l’Éducation nationale donne le sentiment d’être perdu, transparent voir inexistant. Compliqué quand on connait l’investissement de l’État en faveur de l’éducation.

Quant à François Braun, il apparait débordé bien qu’il se démène beaucoup. Sans compter que le chef de l’État se charge le plus souvent des annonces à sa place, à l’instar de la généralisation de la vaccination contre le papillomavirus.

S’agissant de Franck Riester, élu depuis quinze ans, il a senti plusieurs fois le vent tourner ces dernières semaines, surtout lorsqu’il a déclaré à la télévision que les femmes étaient « un peu pénalisées » par la réforme des retraites alors que celle-ci faisait l’objet de débat houleux à l’Assemblée. En coulisses, il lui est reproché de manquer d’influence sur la mécanique parlementaire et le jeu d’alliances désormais indispensable au Palais Bourbon.

Christophe Béchu, ancien maire d’Angers, sénateur, député européen et président de conseil général, a une expérience ministérielle semée d’embuches. Critiqué sur son absence lors des incendies de l’été dernier, secoué très régulièrement par Emmanuel Macron, le ministre de l’Écologie n’occupe pas sa fonction de manière apaisée.

Ce constat ne peut qu’alimenter les rumeurs d’un remaniement jugé au sommet du pouvoir comme inéluctable d’ici cet été, pour remédier à cette carence et relancer le quinquennat.

Toutefois, le réservoir de talents n’est pas énorme pour le président de la République, d’autant plus qu’Emmanuel Macron a toujours du mal à trancher et a toujours la main qui tremble sur les choix humains.

Ça risque de bouger du côté du gouvernement…


              5. Les news en bref

  • Ersilia Soudais, vice-présidente insoumise du groupe d’études sur l’antisémitisme, a participé au rassemblement du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens et a rappelé sur Twitter qu’ « il faut que cesse la colonisation et que soient respectées les résolutions de l’ONU».

  • Le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué de presse à la suite des incidents à Huwara