Place du Palais Bourbon – Semaine du 14 au 18 novembre

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En une de notre rendez-vous hebdomadaire : les raisons qui ont poussé Gérard Collomb à démissionner en 2018, l’inscription de l’IVG à notre Constitution et l’embarras des partis de droite sur ce sujet, retour sur l’affaire des détournements de fonds publics qui vise Jean-Luc Mélenchon, fin du suspense quant à la présidence du groupe d’étude sur l’antisémitisme de l’Assemblée nationale et portrait d’une figure incontournable de la galaxie Macron.


  1. L’ancien ministre de l’Intérieur révèle les raisons de son départ en 2018

Gérard Collomb l’assure, s’il a démissionné du gouvernement en 2018, c’est en signe de protestation contre un projet d’accueil de migrants à Toulon souhaité par le Président Macron.

Dans une interview donnée au Point, l’ex-maire de Lyon s’est insurgé contre l’accueil du bateau Ocean Viking dans le port de Toulon. Il juge cet épisode comme un « tournant dans la politique d’immigration en France d’Emmanuel Macron ». Selon l’ancien premier flic de France, cette décision pourrait entraîner une intensification des traversées et un appel d’air migratoire.

Pour argumenter ses propos, Gérard Collomb a saisi cette occasion pour affirmer que son départ de la place Beauvau en 2018 était lié à la volonté d’Emmanuel Macron de créer un hot spot pour les migrants à Marseille ou à Toulon. S’il ne s’est pas exprimé jusqu’à présent, c’est pour éviter de renforcer Marine Le Pen à la veille des élections présidentielles.

Plus personnellement, Gérard Collomb s’est longtemps inquiété pour son fauteuil de maire de Lyon, craignant de perdre son assise électorale locale sur fond d’impopularité de l’exécutif et de rivalités internes. La suite de l’histoire lui donnera raison puisqu’il perdra les élections municipales de 2020 en terminant quatrième.  Un échec.

Les liens entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb se sont depuis distendus, le premier n’ayant pas apprécié d’être mis devant le fait accompli de la démission de son ministre de l’Intérieur. Le second ne se sent plus reconnu, alors qu’il fut le premier grand élu à croire aux chances du Président de la République en mettant en marche ses réseaux et son entourage.

Aujourd’hui, Gérard Collomb est loin du pouvoir avec sans doute un peu de frustration. Désormais, son combat est contre la maladie qui le ronge depuis septembre dernier.


  1. Inscription de l’IVG dans la Constitution : l’embarras pour la droite et le Rassemblement national

Les propositions de loi de la France Insoumise et de Renaissance pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution mettent la droite et l’extrême-droite, divisées sur le sujet, dans une situation délicate.

Les 24 et 28 novembre prochain, l’Assemblée nationale examinera deux propositions de loi en ce sens, émanant respectivement de Mathilde Panot (LFI) et d’Aurore Bergé (Renaissance) et censées empêcher un scénario à l’américaine où la Cour suprême a supprimé en juin dernier le cadre légal du droit à l’avortement.

C’est un moment délicat à gérer pour les LR et RN, divisés sur le sujet. Si à droite, personne ne remet en cause le droit à l’IVG, on craint qu’une telle initiative puisse fragiliser l’équilibre de la loi Veil, qui consacre le respect de tout être humain dès le commencement de la vie auquel les plus conservateurs sont attachés.

Les détracteurs de l’initiative pointent aussi du doigt le risque qu’une constitutionnalisation aboutisse à une IVG inconditionnelle, sans limite de délai. En octobre dernier, le Sénat a déjà rejeté une proposition constitutionnelle similaire, ce qui constitue un piège si tous les LR rejettent en bloc.

Face à cette situation délicate, certains cadres comme Éric Ciotti et Aurélien Pradié envisagent de voter pour, d’autres estiment subir la situation.

Côté RN, certains estiment que ce texte est dangereux juridiquement et d’autres ont pris par le passé des positions clairement anti-IVG. Sur un texte de cette nature,  « on est pour ou contre », estime le secrétaire général du RN à l’Assemblée, qui, malgré la liberté de vote sur ce sujet, plaidera pour qu’il y ait une position de groupe. Cette volonté n’est pas de l’avis de députés RN qui craignent de tomber dans la diabolisation en votant pour.

Divisés, la droite et le RN devraient tout de même en grande majorité soutenir ce texte qui devrait être adopté sans trop de complications.


  1. Détournement de fonds publics : les assistants parlementaires de Mélenchon placés sous le statut de témoin assisté

Deux ex-assistants de Jean-Luc Mélenchon au Parlement européen ont été placés en mai sous le statut intermédiaire de témoin assisté dans l’affaire des soupçons de détournement de fonds public visant le parti de gauche.

L’affaire avait démarré par un signalement de la députée européenne Sophie Montel à l’époque membre du Front national. Alors que le parti d’extrême-droite était visé par une information judiciaire sur ses assistants d’eurodéputés, l’élue avait dénoncé au parquet de Paris une vingtaine d’eurodéputés d’autres partis dont certains assistants au Parlement européen avaient par ailleurs des fonctions dans leurs formations politiques respectives. Elle avait donc fait un signalement concernant Jean-Luc Mélenchon.

A la suite du premier signalement, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour abus de confiance, visant plusieurs élus dont certains du MoDem, qu’il a ensuite élargie en juillet aux activités de l’ex-eurodéputé du parti de gauche et chef de file des Insoumis.

Dans ces informations judiciaires, les juges cherchent à déterminer si les assistants, rémunérés avec des crédits européens, ont bien œuvré pour des tâches concernant le Parlement européen et non pour des tâches concernant leur parti.

Les investigations concernant le RN et le MoDem ont été clôturées, les enquêteurs ont conclu que ces deux partis avaient mis en place un système de détournements de fonds européens pour salarier leurs employés. Le préjudice pour le Parlement européen a été évalué pour le RN à 6.8M d’euros et 1.4M d’euros pour le MoDem.

LFI est visée par une autre information judiciaire, concernant cette fois-ci le financement de la campagne de 2017 de Mélenchon. Dans ce dossier, trois mises en examen ont été prononcées en 2021 à l’encontre de l’association l’Ère du peuple, de la mandataire financière du candidat, Marie-Pierre Oprandi et du député Bastien Lachaud.

Affaire à suivre…


  1. Le Rassemblement national ne présidera pas le groupe d’études sur l’antisémitisme

Fin du faux suspens, le Rassemblement national ne briguera pas la présidence du groupe d’études sur l’antisémitisme. La majorité présidentielle continuera de le présider.

Le groupe de Marine Le Pen n’a pas réussi à l’emporter. La candidature du parti d’extrême-droite avait suscité une vive polémique, mais finalement, aucun député RN n’en prendra la présidence.

Cette décision est tombée mercredi dernier lors d’une réunion des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Face aux nombreuses critiques, Sébastien Chenu, vice-président RN de l’Assemblée, a dû lâcher du lest.

Sébastien Chenu avait été missionné par Yaël Braun-Pivet pour plancher sur ces organes pour la nouvelle mandature. Ces groupes d’études sont des structures transpartisanes, des lieux de discussions et d’échanges qui permettent aux députés d’approfondir et suivre des questions spécifiques en assurant une veille juridique et technique.

La pression et l’histoire du mouvement et de Jean-Marie Le Pen auront eu raison de cette candidature mal venue.

Finalement c’est Renaissance qui en récupère la tête, au motif que les présidences sortantes ont la priorité pour prolonger leur mandat.

Le RN en présidera cependant plusieurs comme celui sur l’économie, la sécurité, la souveraineté numérique, les industries de la défense et la francophonie. Le groupe de Marine Le Pen co-présidera également plusieurs groupes d’études avec la majorité comme celui sur la lutte contre le cancer ou encore les déserts médicaux.

C’est donc la fin d’un emballement médiatique qui avait suscité de vives réactions, notamment de la part des institutions juives.


  1. Sébastien Lecornu, figure importante de la macronie

Longtemps spécialiste des calculs d’appareils au sein de la macronie, Sébastien Lecornu délaisse les « affaires partisanes » depuis sa nomination au poste de ministre des Armées.

Pendant plusieurs années, le ministre des Armées a été une figure montante de la droite avant de rejoindre le camp d’Emmanuel Macron en 2017.

Son parcours est une ascension fulgurante : plus jeune président de département en 2015 à seulement 28 ans, secrétaire d’État à la transition écologiques deux ans plus tard, puis ministre des Collectivités en 2018, ensuite des Outre-mer, avant d’arriver aux Armées en 2022, devenant ainsi le plus jeune ministre de la Défense.

Lorsqu’il n’est pas sur le terrain auprès des troupes militaires (17 pays visités en six mois), il s’affaire sur les dossiers chauds qui incombent à son portefeuille : la guerre en Ukraine, le redéploiement au Sahel et la loi de programmation militaire.

En somme, bien loin des affaires partisanes et des histoires de cartes électorales dont il est un spécialiste. En coulisses, pendant des années, il a su avancer intelligemment ses pions, au point de se rendre incontournable auprès du chef de l’État.

A toutes les réunions internes, à tous les dîners organisés à l’Élysée et dans toutes les discussions sur les investitures, Sébastien Lecornu a été convié ou consulté tout au long du premier quinquennat.

A ce jour, cette époque serait révolue, beaucoup s’étonnent de ne plus le croiser dans les réunions stratégiques de la majorité, d’autres remarques qu’il n’a demandé aucune responsabilité au sein de Renaissance. Tous ont la même conclusion : il n’a plus envie d’être en première ligne dans les affaires partisanes.

Pour deux raisons : il y a d’abord une forme de lassitude des jeux politiques qu’il a commencé très jeune et le fait que les Français ne le comprendraient pas dans le moment que nous traversons, estime-t-il auprès de ses proches.

Souvent, Sébastien Lecornu subit un procès en illégitimité qui parfois l’agace, lui qui est officier de réserve et qui porte un fort intérêt aux questions de sécurité et de défense. Ce qui est certain c’est qu’après 2027, il quittera la politique, n’ayant aucune ambition présidentielle, persuadé que la Défense sera l’un des grands marqueurs des deux quinquennats d’Emmanuel Macron.