Place du Palais Bourbon – Semaine du 12 au 16 décembre

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En une de notre rendez-vous hebdomadaire : retour sur la première version de la liste des membres du groupe d’amitié France – Israël à l’Assemblée nationale, réorganisation de la France Insoumise qui a acté une scission au sein du parti, zoom sur l’élection d’Éric Ciotti à la tête des Républicains et sur l’agenda d’Édouard Philippe pour 2027.


  1. Le groupe d’amitié parlementaire France-Israël est constitué 

L’Assemblée nationale a publié ce 14 décembre la première version de la liste des membres du groupe d’amitié France-Israël. Comme annoncé la semaine dernière, ce groupe d’amitié est présidé par Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance qui poursuit son mandat à la tête du groupe.

Sylvain Maillard et Constance le Grip sont nommés vice-présidents et le bureau est en cours de constitution.

A ce stade, 83 députés se sont inscrits au sein du groupe d’amitié France-Israël :

  • 35 députés Renaissance
  • 17 députés Les Républicains
  • 13 députés du Rassemblement national
  • 8 députés du MoDem
  • 4 députés de la NUPES écologiste et PS
  • 2 députés Horizons
  • 2 députés LIOT
  • 2 députés non-inscrits

Nous pouvons remarquer l’absence de députés de la France Insoumise. Parmi les députés NUPES inscrits nous retrouvons : Jérôme Guedj qui avait clairement pris position contre la résolution qualifiant Israël d’État apartheid et Dominique Potier, tous deux issus des rangs du parti socialiste.

Côté Rassemblement national, ce sont des cadres du groupe qui participeront aux travaux de ce groupe d’amitié avec, entre autres, Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée nationale, Julien Odoul et Jean-Philippe Tanguy, éléments prometteurs du groupe de Marine Le Pen.

La constitution du groupe et la distribution des fonctions vont évoluer dans les prochaines heures, cette liste n’est pour l’heure pas encore figée et d’autres parlementaires devraient intégrer ce groupe.


  1. Réorganisation de la France Insoumise

Dans les prochains jours, Manuel Bompard devrait prendre la tête de la France Insoumise. Ce proche de Jean-Luc Mélenchon, souvent considéré comme son lieutenant, devrait être nommé à la tête de la nouvelle « coordination ».

Cette nomination n’a pas manqué de provoquer de vives réactions au sein du parti d’extrême gauche. Pour beaucoup cette nomination est le résultat d’un manque de démocratie interne et n’est autre que la volonté de Jean-Luc Mélenchon, sa nomination étant le fruit d’un consensus parmi ses camarades et non d’un vote des militants.

Pire, des figures insoumises incontournables à l’image des députés Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin ou encore Éric Coquerel ne figurent pas dans cette nouvelle direction, ce qui a provoqué des tensions en interne.

Face à ces nombreuses critiques le probable futur patron de la France Insoumise a dû rétropédaler en expliquant que pour le moment rien n’était acté.

La direction pourrait opter pour un binôme paritaire. Pour l’heure, rien n’est fait, mais personne ne doute que d’une façon ou d’une autre, Bompard restera à la tête de la direction Insoumise.

Ce qui pose problème, au-delà des guerres internes, c’est le processus par lequel Manuel Bompard est désigné nouveau chef de file des Insoumis. Cette méthode dite du « consensus » a poussé Clémentine Autain à prendre la parole dans le journal Libération en appelant à « démocratiser LFI » dénonçant « une méthode qui fait taire toute critique ».

Toujours dans les colonnes de Libération, la députée de Seine-Saint-Denis regrette qu’ « après trois mois de travail à huis clos et malgré des avancées, le repli et le verrouillage ont été assumés de façon brutale ». François Ruffin, qui est de plus en plus isolé au sein du groupe, y voit quant à lui un « consensus d’un petit groupe qui s’est mis d’accord avec lui-même. »

Si ce dernier savait très bien qu’il n’occuperait aucun poste stratégique au sein du parti, Clémentine Autain est en revanche tombée de haut. L’élue voulait faire partie du pôle communication mais le poste aurait été attribué à Sophia Chikirou.

Une scission s’est actée entre le cercle des très proches de Jean-Luc Mélenchon qui conservent un pouvoir décisionnel et ceux considérés comme des potentiels frondeurs.

Il y a désormais au sein de la France Insoumise deux camps qui devraient continuer de s’opposer au fil du temps.


  1. Éric Ciotti, élu nouveau président du parti les Républicains

C’est donc officiel, après plusieurs semaines de campagne interne, le député des Alpes-Maritimes et questeur de l’Assemblée nationale l’emporte face à Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.

Donné archi favori avant le début de la campagne, Éric Ciotti a tout de même dû faire campagne entre les deux tours pour vaincre Bruno Retailleau. Au premier tour, Éric Ciotti avait obtenu la voix de 28 297 militants sur 91 100, pour être élu, il fallait chercher les soutiens d’Aurélien Pradié, qui aura sans aucun doute une place incontournable dans le nouvel organigramme.

En revanche, l’élection d’Éric Ciotti a provoqué de nombreux départs au sein du mouvement. François Grosdidier, maire de Metz et Patrick Nardin, maire d’Épinal ont d’ores et déjà annoncé leur départ et resteront pour le moment sans étiquette. Laurence Arribagé, présidente du parti en Haute-Garonne quitte également le mouvement pour rejoindre Horizons. D’autres élus du sud ont également annoncé leur départ comme Camille Galtier, maire de Manosque, Sophie Vaginay-Ricourt, maire de Barcelonnette et David Gehant, maire de Forcalquier.

Parmi d’autres départs possibles il y a celui de Patrick Gendraud, président du conseil départemental de l’Yonne qui devrait suivre Renaud Muselier qui vient de prendre sa carte chez Renaissance.

La majorité présidentielle, confrontée à l’absence de majorité absolue à l’Assemblée et qui souffre également d’un encrage local assez faible, regarde avec intérêt ces départ et apprécierait de pouvoir en attirer certains.

C’est d’ailleurs dans cette perspective que Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti présidentiel Renaissance, a ainsi lancé un « appel à la droite républicaine » dans l’espoir de convaincre des élus.

Éric Ciotti qualifie ces départs de « soubresauts » et a déclaré que « ceux qui partent, je ne les retiendrai pas. Ce que je veux, c’est faire revenir ceux qui ont été déçus, que nous avons déçus ».

A la suite de ces mots, un premier retour a été acté : celui de François Fillon.


4. Edouard Philippe poursuit son chemin vers 2027

L’ex-Premier ministre poursuit son chemin vers 2027. Dès janvier, il débutera une tournée des départements de France et pour se construire une carrure présidentielle, il se rendra très prochainement en Ukraine.

Avant son déplacement au cours duquel il rencontrera le président Zelensky, la garde rapprochée d’Édouard Philippe s’est penchée sur l’élection du président LR. La victoire d’Éric Ciotti est probablement une véritable opportunité pour Horizons de récupérer certains adhérents et élus qui ne se retrouveraient plus dans la politique très à droite du député des Alpes-Maritimes.

Bien que ses équipes aient déclaré qu’Édouard Philippe « n’était pas là pour draguer », dans les bureaux d’Horizons, on a pris le temps d’étudier la presse quotidienne régionale en quête de déclarations d’élus LR qui souhaiteraient quitter le parti.

A ce stade, le bilan est maigre. Un proche de l’ex-Premier ministre affirme même que « ceux qui devaient quitter LR l’ont déjà fait ». Toutefois, il faut prendre en considération que quitter un parti est un geste fort, mais c’est moins violent que d’en rejoindre un autre, comme l’a parfaitement expliqué le député européen Gilles Boyer. Rien ne dit que les rangs d’Horizons ne viendront pas se garnir d’élus LR à l’approche des échéances électorales.

Pour l’heure, Édouard Philippe préfère tisser et créer son réseau sous les radars et avancer tranquillement ses pions : pour preuve, son tour des départements de France dont les destinations sont encore tenues secrètes.

Ce déplacement aux quatre coins de la France est aussi un moyen de rencontrer un maximum de personnes, de construire une relation de confiance avec les élus locaux et de distiller son message à travers la presse quotidienne. Le tout en continuant la rédaction de son prochain livre qui portera sur l’éducation.

Tous ces événements s’articulent avec en ligne de mire la présidentielle de 2027 pour laquelle il est à peu près certain qu’il sera un candidat crédible à la succession d’Emmanuel Macron.

Mais attention, l’ex-Premier ministre s’expose à un adversaire de taille : le temps, qu’il faudra savoir gérer à la perfection pour éviter de lasser les Français, cinq ans étant de longues années.

Sources : Assemblée nationale, le Parisien, Libération