Place du Palais Bourbon – Semaine du 10 au 14 octobre

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En une de notre rendez-vous hebdomadaire, les débats électriques à l’Assemblée nationale sur le budget 2023, la volonté du Président de la République d’être le maître des horloges alors que les tensions s’accentuent en France et dans le monde, et la succession de Jean-Luc Mélenchon au sein de la France Insoumise.

Nous ferons également un saut au Sénat après la déclaration conjointe des groupes d’amitié France-Israël et France-Liban, sur l’accord historique entre ces deux pays voisins, portant sur les gisements gaziers.

Bonne lecture !

 


  1. Emmanuel Macron bien décidé à rester le maitre du jeu

Depuis la rentrée, la situation politique est particulièrement complexe. Conscient que son second quinquennat ne débute pas de la meilleure des manières, le Président Macron a décidé de remettre les pendules à l’heure auprès de ses ministres et plus proches collaborateurs. Pour preuve, il a renouvelé en grande partie sa garde rapprochée, sur ses 50 conseillers de 2017 il n’en reste plus que 8.

Si le Président de la République a conscience qu’une page se tourne, il sait qu’il joue gros sur ce nouveau chapitre qui vient tout juste de commencer à s’écrire.  Crise énergétique, guerre en Ukraine, absence de majorité absolue… rien n’est simple pour le chef de l’État !

Emmanuel Macron veut toutefois montrer qu’il est toujours le capitaine du navire.

Le premier acte a eu lieu il y a quelques jours avec un « coup de pression » à l’encontre du Parlement et sa désormais célèbre phrase « s’il y a une motion de censure, je dissous dans la minute ».

Le deuxième acte a, quant à lui, eu lieu en conseil des ministres, où il s’est montré passablement énervé. Il a tapé du poing sur la table, jugeant les actions du gouvernement trop timorées en cette période de crise.

Le troisième acte a eu lieu en Conseil de défense lorsqu’il a ordonné au ministère des Armées de revoir son projet sur la loi de programmation militaire. Quant à la pénurie de carburants, il trouve que le processus de négociation avance beaucoup trop lentement.

Enfin, il a été passablement agacé par les ambitions des uns et des autres pour sa succession, notamment celle de François Bayrou qui s’est dit prêt à reprendre le flambeau en 2027 ou encore celle d’Edouard Philippe qui n’hésite plus à avancer ses pions.

Pour tenter de recentrer le débat, Emmanuel Macron a donc opté pour une intervention médiatique sur France 2, mercredi soir dernier. Ce fut l’opportunité pour le Président de survoler principalement les dossiers internationaux : guerre en Ukraine, manifestations en Iran, livraison d’armes à l’Ukraine…mais aussi d’évoquer le dossier chaud du moment : la pénurie d’essence.

Il reconduira cette interview le mercredi 26 octobre cette fois ci pour évoquer les dossiers nationaux.

Ces deux séquences médiatiques, mûrement réfléchies par l’entourage du Président, sont des choix stratégiques pour, d’une part, donner un nouveau souffle à son quinquennat, apaiser les tensions actuelles et anticiper les prochaines notamment sur la réforme des retraites et d’autre part, réaffirmer son autorité auprès de ceux dont les appétits s’aiguisent.

Un proche du Président assure qu’Emmanuel Macron est convaincu qu’« ils veulent tous se débarrasser de lui mais qu’ils oublient tous qu’il est là jusqu’au dernier moment ».

 


  1. Vote du budget 2023 à l’Assemblée nationale

Les débats sont houleux dans l’hémicycle concernant le vote du budget 2023. Depuis lundi 10 octobre les textes budgétaires sont examinés au Parlement et dans le camp Macron, on se prépare au pire, faute de majorité absolue.

Le premier obstacle est le projet de loi de programmation des finances publiques qui prévoit de passer le déficit public sous la barre de 3% d’ici à cinq ans. Celui-ci a été retoqué en commission des finances.

Deuxième obstacle : les amendements au projet de loi de finances seront examinés et à ce stade, il y en plus de 3 000 uniquement dans le volet recettes, soit trois fois plus que d’habitude.

Le premier revers notable pour le gouvernement est le rejet de l’article liminaire du projet de loi de finances avec une coalition des oppositions, LR compris.

Le second revers significatif concerne l’adoption, contre l’avis du gouvernement, d’une mesure sur les superdividendes. La particularité de ce texte, c’est qu’il a été déposé par le MoDem malgré un avis défavorable du gouvernement.

Le troisième revers concerne l’adoption de l’« Exit tax » qui a pour but de freiner l’exil fiscal des entrepreneurs : cette mesure avait reçu un avis défavorable du gouvernement qui avait notamment été réformée par Emmanuel Macron lors du premier quinquennat.

Hormis le soutien des groupes de gauches et du RN, il important de noter que 19 députés du groupe Renaissance ont également voté pour la mesure des superdividendes, dont le suppléant d’Elisabeth Borne, tandis que les parlementaires du groupe Horizons, membres de la majorité présidentielle, se sont quant à eux abstenus.

C’est une nouvelle preuve attestant que les parlementaires de la majorité présidentielle ont à cœur d’asseoir leur indépendance, n’hésitant plus à défier les volontés d’Emmanuel Macron. Cet épisode risque de laisser des traces au sein des groupes Renaissance, Horizons et MoDem

Face à ce désastre, le gouvernement devrait utiliser très rapidement l’arme du 49.3 qui lui permettra de passer en force ce texte à l’Assemblée nationale.

Avant d’utiliser le 49.3 qui, est désormais incontournable, l’exécutif cherche à lancer la bataille de l’opinion avec l’objectif de faire porter la responsabilité des futurs blocages aux oppositions. Toutefois, en attendant trop longtemps avant de l’utiliser, le gouvernement risque d’accentuer les tensions au sein de la majorité présidentielle déjà à cran. Emmanuel Macron et Elisabeth Borne doivent trouver le bon tempo.

La séquence qui va se jouer dans les prochains jours sera particulièrement importante et cruciale pour la suite du quinquennat.

 


  1. Les Insoumises de plus en plus mal à l’aise face à Jean-Luc Mélenchon

Les Insoumises sont de plus en plus mal à l’aise avec les prises de position de Jean-Luc Mélenchon, de quoi raviver le débat sur sa succession.

Dernier épisode en date, l’interview du chef de file Insoumis sur France 3 qui a déclaré, en parlant d’Adrien Quatennens : « Je pense qu’il doit revenir à l’Assemblée nationale. Je souhaite que le lynchage cesse. »

La première Insoumise à s’être détachée de Mélenchon n’est autre que Clémentine Autain, figure incontournable du parti qui n’a pas hésité à rompre avec la discipline collective en déclarant : « Je ne partage pas les mots employés par Jean-Luc Mélenchon ».

Ce désaveu est partagé au sein du parti. Un cadre du parti d’extrême gauche dresse un constat sans appel : « Jean-Luc semble ne plus écouter personne. Il est juste convaincu qu’Adrien a mis une gifle une fois, et ne voit pas en quoi c’est problématique » ou encore une autre fidèle qui déclare : « Il a encore des progrès à faire sur le féminisme ». 

Parmi les parlementaires LFI et les cadres du parti, c’est l’incompréhension totale en particulier chez les jeunes, mais peu osent briser la glace et s’exprimer publiquement. L’affaire Quatennens a fragilisé le groupe parlementaire, mais c’est aussi une fenêtre de tir pour s’émanciper et se positionner en digne successeur de Mélenchon.

A l’image de Clémentine Autain, François Ruffin, Manuel Bompard et Alexis Corbière ont des ambitions qui ne sont désormais plus un secret.

La fin de l’ère Mélenchon n’a jamais été aussi proche, crédible et nécessaire…

 


  1. Accord historique entre le Liban et Israël sur les gisements gaziers : communiqué de presse du groupe d’amitié France Israël et France Liban au Sénat

 


  1. Vu à l’Assemblée nationale