En Une de notre rendez-vous hebdomadaire : retour sur la rumeur d’un remaniement imminent, sur la participation de députés au Rassemblement Traoré, focus sur Aurélien Pradié et sur les tiraillements de la gauche et de la NUPES.
- Face à la rumeur d’un remaniement, Elisabeth Borne fait comme si de rien n’était
Toujours en sursis, Élisabeth Borne s’accroche à Matignon en enchaînant les rendez-vous comme si de rien n’était, alors que les spéculations et batailles autour du remaniement continuent d’agiter les coulisses du pouvoir.
Sa stratégie : démontrer qu’elle a exécuté les chantiers commandés par Emmanuel Macron et donc se projeter sur la suite. Comme ce mercredi matin, lorsqu’elle a reçu les organisations syndicales et patronales, une première depuis la crise sociale provoquée par la réforme des retraites.
Pour Élisabeth Borne, il s’agit évidemment de prouver sa capacité à ouvrir une nouvelle page, après la calamiteuse séquence des retraites et à se positionner en faveur de son maintien à l’approche d’un remaniement de plus en plus pressant.
Matignon a demandé aux membres du gouvernement de revoir leurs éventuelles séquences médias en perspective de cette rencontre avec les partenaires sociaux.
Nul ne s’y trompe parmi ses ministres, dans cet agenda se glisse un message venant dire : elle est à son poste et veut y rester. Cette volonté n’éteint toutefois pas les doutes exprimés dans les couloirs de l’Assemblée et des ministères sur son maintien à Matignon.
Emmanuel Macron, lui, continue d’entretenir le flou sur les conclusions qu’il entend tirer des fameux « 100 jours » décrétés en avril, et cela pourrait encore durer jusqu’à la semaine prochaine, la prise de parole du 14 juillet ayant été reportée.
Le chef de l’État reste le maître du temps, verdict dans quelques jours.
(source : le Parisien)
- Rassemblement Traoré : la majorité à l’Assemblée nationale demande des sanctions contre les députés présents
Les trois groupes de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale ont appelé mardi la présidente de l’institution à sanctionner les députés de gauche ayant participé au rassemblement interdit en mémoire d’Adama Traoré.
Environ 2 000 personnes, dont une dizaine de députés LFI et EELV, ont marché samedi à Paris en mémoire d’Adama Traoré, mort il y a sept ans après son interpellation par des gendarmes. Le rassemblement avait été interdit par la préfecture de police, qui a invoqué des craintes de troubles à l’ordre public après les récentes violences urbaines.
Les trois présidents des groupes du camp présidentiel – Aurore Bergé (Renaissance), Jean-Paul Mattei (MoDem) et Laurent Marcangeli (Horizons) ont rappelé dans une lettre adressée à Yaël Braun-Pivet que l’article 70 du règlement de l’Assemblée indique que « tout membre de l’Assemblée se livrant à des manifestations troublant l’ordre peut faire l’objet de peines disciplinaires ».
Pour les parlementaires de la majorité, le plus grave est que ces députés portaient à cette occasion leur écharpe tricolore et maintenaient leur présence au moment des cris à l’encontre des policiers « Tout le monde déteste la police ».
De leur côté les Insoumis estiment que cette course à la sanction « étouffe la démocratie » et que nous flirtons avec un « tournant illibéral ».
Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti s’est dit « scandalisé » de voir « des élus de la République ceints de leur écharpe tricolore, ne pas quitter les lieux lorsque l’on crie « on déteste la police ».
Mathilde Panot, la cheffe de file des Insoumis à l’Assemblée a réagi à cette prise de parole : « Éric Dupond-Moretti, applaudi par le RN, leur propose de saisir le Procureur de la République à la suite de la présence des députés Insoumis à la manifestation demandant justice pour Adama Traoré. Dégoûtant arc réactionnaire et autoritaire ».
Dans un communiqué de l’intergroupes NUPES, les membres déclarent avoir appris « avec effarement » la demande de sanction formulée par les trois présidents de groupe soutenant le gouvernement envers les députés ayant participé à la manifestation du samedi 8 juillet place de la République.
Selon la NUPES, cette demande revêt d’un caractère inédit « puisque l’acte incriminé est politique et a été exercé à l’extérieur de l’Assemblée nationale ». Le groupe demande à la Présidente de l’Assemblée nationale de « ne pas se prêter à cette nouvelle pression, qui marquerait une nouvelle atteinte aux droits de l’opposition et plus largement aux droits du Parlement ».
En novembre dernier, 36 députés de la majorité (Renaissance/MoDem) avaient déjà appelé en vain à des sanctions de l’Assemblée nationale contre les députés participant à des manifestations interdites, en visant notamment des écologistes ayant participé à une manifestation à Saint-Soline contre un projet de retenue d’eau.
(source : le Parisien)
3. Aurélien Pradié rassemble ses soutiens et prépare la suite
Le weekend dernier, Aurélien Pradié a arpenté les quais du VIIème arrondissement de Paris pour remercier ses soutiens venant de tous les départements. La plupart sont des fidèles de la première heure lorsqu’il était candidat à la tête du parti, d’autre sont arrivés en cours de route lorsqu’il s’est opposé à la réforme des retraites. Une position contraire à celle de son parti, qui lui a d’ailleurs coûté sa place de vice-président des Républicains. L’ancien n°2 des LR reconnait que son engagement a pu perturber et agacer mais que cet épisode a permis de « sauver la droite ».
À Éric Ciotti, pour qui Aurélien Pradié mène une « aventure personnelle », le député répond : « il y a quelques années on était dix (soutiens). Il y a quelque chose qui est en train de se créer », conscient toutefois qu’il ne faut pas que le soufflé retombe. De l’aveu même de son équipe, le rassemblement organisé ce weekend avait pour but de « se redonner collectivement de la force ».
D’autant que le Lotois ne demande rien de moins qu’une reconstruction de la droite, non pas pour créer la moindre sécession mais reconstruire la droite de l’intérieur. Une ligne donc qu’il compte faire peser au sein des Républicains.
Parmi les thèmes qui résonnent dans son programme : la question de l’eau afin de cranter sa différence. Des questions qui touchent les jeunes militants LR pour qui Aurélien Pradié est le seul à parler d’écologie à droite.
Aurélien Pradié de son côté avertit : « la détermination, qu’elle plaise ou non, l’essentiel étant qu’elle parle aux Français ».
4. Le secret des tiraillements de la gauche
Depuis sa création au printemps 2022, l’alliance des gauches n’a jamais été aussi proche de la rupture. La faute aux élections européennes, sénatoriales et aux prises de position radicales de Jean-Luc Mélenchon.
Une réunion entre les chefs de l’alliance, le 2 mai dernier, a tourné au vinaigre. Au menu des échanges : les européennes. La patronne écologiste, Marine Tondelier veut une liste autonome et trouve un soutien chez les socialistes et les communistes quand les Insoumis plaident pour une liste commune. Deux mois plus tard, Marie Toussaint est tête de liste EELV et Léon Deffontaines tête de liste du PS.
Depuis ce jour, si les uns et les autres continuent de se voir et d’échanger de manière informelle, la réunion de coordination entre les chefs de la NUPES, qui avait lieu tous les lundis, n’existent plus, seul moyen hors de l’Assemblée à structurer l’alliance.
Olivier Faure et David Cormand, l’ancien patron des écologistes, déjeunent en tête à tête. L’objectif du socialiste : monter une liste PS-EELV en laissant PC et LFI sur la touche. Demande refusée de la part des écologistes.
En coulisses, une autre élection crée de la « turbulence » : les sénatoriales. Les Insoumis, qui ont un réservoir de grands électeurs réduits à peau de chagrin, réclament depuis des mois à leurs partenaires un geste. Mais ni les socialistes, en position de force, ni les écologistes et les communistes, qui ont des groupes au Sénat, ne l’entendent ainsi.
Ce qu’ils pressentent finit par tomber : mercredi dernier, PS, EELV, et PCF annoncent la constitution d’un accord historique, sans LFI. Les trois composantes de la gauche au Sénat ont tranché : il n’y aura pas d’Insoumis sur leurs listes.
Au même moment, quand les banlieues brûlent, c’est au sein de la NUPES que le feu se diffuse. En cause : la position de Jean-Luc Mélenchon qui refuse de répondre aux appels au calme. Fabien Roussel le premier déclare : « Je me désolidarise totalement de Jean-Luc Mélenchon ». Olivier Faure, quant à lui n’hésite plus à cacher son « profond désaccord » avec l’Insoumis et considère qu’il s’est « égaré ».
Sentant Mélenchon vaciller, les socialistes veulent en profiter dans l’espoir de récupérer le leadership de la NUPES. Plus question de jouer les bons copains de l’ancien ministre PS.
À l’heure du bilan, les députés de la NUPES, font grise mine : « Il n’y a plus d’interpartis, le parlement de la NUPES n’existe pas, les journée d’été de chaque parti sont prévues à 42000km les unes des autres ».
Le weekend dernier, la gauche s’est tout de même réunie au Festival des idées, à la Charité-sur-Loire. Chacun a campé sur ses positions. L’occasion pour les leaders de la NUPES de se heurter à la colère des militants désabusés.
La NUPES est-elle en train de mourir ?
Vu à l’Assemblée nationale :
- Le député Julien Odoul (RN) a interrogé la ministre de la Culture sur les propos antisémites tenus par une journaliste de France 24
- La députée Insoumise, Farida Amrani a interrogé la ministre des Affaires étrangères sur les activités de Carrefour dans les implantations israéliennes