Israël : Tsahal prépare la guerre des tunnels avec le Hamas

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Par Le Figaro – Cyrille Louis


Les stratèges israéliens ont récemment triplé les effectifs d’un corps d’élite spécialisé dans le combat en sous-sol.

Envoyé spécial à Petah Tikva

C’est dans une base arborée située en lisière de Petah Tikva, au centre d’Israël, que les combattants de l’unité Hayalom préparent la prochaine confrontation souterraine avec le Hamas.

Échaudés par la guerre de l’été 2014 et convaincus que le mouvement islamiste a depuis lors reconstitué son réseau de tunnels offensifs, les stratèges israéliens ont récemment triplé les effectifs de ce corps d’élite. Ses soldats, désormais au nombre de 1500, sont spécialisés dans les missions de reconnaissance, la neutralisation d’engins explosifs, la réponse aux attaques chimiques et le combat en sous-sol.

«L’opération “Bordure protectrice” a démontré que nous manquions d’hommes capables de mener ces missions délicates», reconnaît, sous couvert de l’anonymat, un officier en charge de leur formation.

L’armée, bien décidée à combler cette lacune, a reconstitué sous les frondaisons de la base Syrkin l’un des 32 tunnels offensifs mis au jour durant l’été 2014. Les soldats évoluent courbés dans cet obscur boyau de 60 cm de large, auquel ils accèdent par des puits situés quatre mètres plus haut.

«Ils doivent apprendre à gérer la pression, l’humidité, le stress de l’enfermement et le risque de tomber soudain nez à nez avec un ennemi», poursuit l’officier. Cet entraînement au combat souterrain s’étend sur une période de six mois, au terme de laquelle la plupart des soldats ainsi formés sont déployés le long de la clôture qui sépare Israël de la bande de Gaza.

Une profondeur de 35 mètres

Depuis la fin de la dernière guerre, l’armée ausculte en permanence les entrailles du réduit côtier à la recherche des tunnels qui pourraient, demain, menacer les kibboutz avoisinants. Les stratèges israéliens accusent le Hamas de détourner à cet effet une large partie des matériaux importés pour réparer les destructions de l’été 2014. L’efficacité souterraine du mouvement islamiste, assurent-ils, ne cesse de se développer – si bien que les derniers tunnels découverts atteignaient une profondeur de 35 mètres alors que celle des ouvrages détruits durant «Bordure protectrice» dépassait rarement la dizaine de mètres. «À l’est de Gaza, des héros creusent dans la pierre et construisent des tunnels», a d’ailleurs prévenu Ismaël Haniyeh, haut responsable du Hamas.

Victimes de cette guerre de l’ombre, 33 membres de groupes armés palestiniens ont trouvé la mort au cours des derniers mois alors qu’ils travaillaient sous terre, selon l’ONG al-Mezan. Une rumeur insistante accuse Israël d’avoir provoqué ces effondrements, mais l’armée se refuse à détailler les moyens utilisés pour lutter contre la menace des tunnels. Tout juste sait-on qu’elle cherche à développer une nouvelle technologie pour prolonger dans les profondeurs la clôture qui s’étend à la surface.

«En attendant de pouvoir compter sur ce dispositif, les soldats de l’unité Hayalom mènent une guerre au jour le jour pour détecter, explorer et détruire chaque ouvrage qui menace notre territoire», résume l’officier instructeur, qui prévient: «Si le Hamas ne suspend pas son activité souterraine, il est malheureusement à craindre que nous nous acheminions vers une nouvelle guerre.»