En Israël, l'apport décisif des citoyens au «modèle de sécurité»

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Par Cyrille Louis – Correspondant à Jérusalem pour le Figaro

Le «modèle israélien», développé dans le contexte très particulier de l’occupation imposée depuis un demi-siècle à la population palestinienne n’est que partiellement reproductible dans un environnement différent.


Les services de sécurité israéliens, confrontés dans les années 2000 à une vague d’attentats suicides qui a fait plusieurs centaines de morts, ont développé une panoplie d’outils défensifs qui leur vaut d’être fréquemment cités en exemples. À l’occasion d’un déplacement en juin dernier, des membres de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre 2015 en ont interrogé les principaux responsables afin d’identifier les dispositifs susceptibles d’être transposés en France (http://www.lefigaro.fr/international/2016/09/19/01003-20160919ARTFIG00311-israel-la-detention-administrative-pour-contrer-le-terrorisme.php). Le «modèle israélien», développé dans le contexte très particulier de l’occupation imposée depuis un demi-siècle à la population palestinienne de Cisjordanie et Jérusalem-Est, n’est en effet que partiellement reproductible dans un environnement différent.

La ville de Jérusalem, située sur la «ligne de front» d’un conflit qui se traduit à intervalle régulier par des regains de violence, offre un bon aperçu de l’arsenal développé par la police et les services de renseignements pour protéger la population civile. Des portiques détecteurs de métaux et des agents de sécurité armés sont postés à l’entrée de chaque centre commercial, cinéma ou bâtiment administratif. Des gardes munis de fusils d’assaut patrouillent les wagons du tramway. Des équipages antiterroristes sillonnent la ville à moto et des voitures de police sont stationnées aux principales intersections. Tout rassemblement public fait l’objet d’un dispositif de sécurisation dans le cadre duquel des bus ou des camions sont garés en travers des voies d’accès. Des plots et des barrières métalliques sont installés devant les arrêts de bus ainsi qu’aux abords des passages cloutés afin de prévenir les attaques à la voiture-bélier. En période de tension, des agents de sécurité privée contrôlent et fouillent les jeunes hommes palestiniens le long de la «ligne verte» qui sépare Jérusalem-Est de Jérusalem-Ouest, avant de les laisser pénétrer dans les quartiers juifs.


Une résilience hors norme

Les experts israéliens soulignent aussi que la population civile apporte une contribution décisive à cette panoplie. Durant les deux ou trois ans de service militaire, l’immense majorité des Israéliens ont reçu une formation au maniement des armes ainsi qu’aux rudiments de la sécurité publique. Lors de la récente vague d’attaques au couteau, il est arrivé à plusieurs reprises que des civils interviennent pour neutraliser l’agresseur. Il y a un an tout juste, le maire de Jérusalem a d’ailleurs encouragé les habitants qui sont autorisés à détenir une arme à feu à s’en munir lorsqu’ils sortent dans la rue. Plus généralement, la société israélienne est souvent décrite comme douée d’une résilience hors norme car forgée par des décennies de conflit avec les Palestiniens.

Ces atouts indiscutables ne constituent cependant que la partie apparente d’un bouclier qui, dans les Territoires occupés, prend des formes autrement moins consensuelles. L’édification de la «barrière de séparation» et la persistance de nombreux check points au cœur de la Cisjordanie permettent à l’armée israélienne de fermer l’accès de son territoire à l’essentiel de la population palestinienne. Plusieurs centaines de suspects ont été arrêtés au cours des derniers mois tandis qu’environ sept cents personnes sont placées en détention administrative sans avoir bénéficié d’un procès. Dans chaque ville et chaque village palestinien, enfin, le souvenir cuisant des incursions conduites par l’armée israélienne afin de faire cesser la campagne d’attentats des années 2000 constitue aujourd’hui encore un puissant antidote aux velléités de révolte.