Depuis le 6 décembre dernier, date à laquelle Donald Trump a reconnu la souveraineté israélienne sur Jérusalem, seize roquettes ont été tirées en direction d’Israël, entraînant des représailles israéliennes. Tsahal a annoncé la fermeture des points de passage d’Erez (pour les personnes) et de Kerem Shalom (pour les marchandises) entre Israël et la bande de Gaza, « en raison des événements et des risques en matière de sécurité ». « L’État ne tolérera aucune menace contre sa population civile et continuera de défendre sa souveraineté», a déclaré un porte-parole de l’armée.
La trêve qui prévaut entre Israël et le Hamas depuis la fin de la guerre de l’été 2014 – la troisième dans la bande de Gaza depuis que le mouvement islamiste y a pris le pouvoir en 2007 – demeure extrêmement fragile. L’intensité des attaques contre le territoire israélien démontre que le Hamas les cautionne. Le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman minimise quant à lui la situation et n’y voit que le fruit de querelles internes.
Si l’annonce du président américain a exacerbé les tensions dans la bande de Gaza, elle n’est pas l’unique cause des troubles et manifestations qui menacent le précaire cessez-le-feu. Les médias du Hamas ne cessent d’amplifier le sentiment de conflit lors des rassemblements du groupe, encourageant les habitants de Gaza à affluer en masse vers la frontière pour protester contre la décision américaine. Jeudi, les célébrations des 30 ans d’existence du Hamas ont aussi été l’occasion d’haranguer la foule. Mais «L’Intifada pour la libération de Jérusalem », comme l’a appelée Ismail Haniyeh, n’est pas parvenue à prendre l’ampleur voulue par le chef du Hamas, bien que cette agitation ne présage rien de bon. Elle révèle également une hypocrisie dans le monde arabe dont une partie des dirigeants, y compris ceux qui sont considérés comme des alliés du Hamas, ne parlent plus que de Jérusalem, reléguant Gaza au second plan. Ainsi, la crise humanitaire, les salaires impayés des 45 000 employés du Hamas, l’énième réconciliation entre le Hamas-Fatah et les conflits salariaux ne font plus partie des urgences à régler.
Les autorités israéliennes quant à elles, veulent éviter une escalade de la violence tant que la barrière souterraine autour de la bande de Gaza destinée à empêcher les groupes armés palestiniens d’utiliser des tunnels offensifs, n’est pas achevée. Amos Harel, le correspondant militaire de Haaretz, estime cependant que la marge de manœuvre du gouvernement se réduit chaque jour.
Le Hamas s’arrêtera-t-il avant qu’il ne soit trop tard ? Combien de temps le gouvernement israélien s’en tiendra-t-il à des ripostes modérées? Benyamin Netanyahou pourrait être pris au piège : d’un côté, il ne peut se permettre d’apparaître comme faible au moment même où son impopularité se fait plus grande. De l’autre, entrer dans une nouvelle guerre avec le Hamas qui serait perçue comme celle de la bataille pour Jérusalem, ne serait ni souhaitable ni judicieux compte tenu des tensions régionales déjà bien exacerbées.