Les manœuvres ont débuté dans la classe politique israélienne

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Par Le Figaro – Cyrille Louis


Convaincus que l’actuelle Knesset sera dissoute bien avant le printemps 2019, les principaux candidats à la succession de Benyamin Nétanyahou s’organisent.

La coalition formée après les élections législatives du printemps 2015 a souvent été décrite comme la plus à droite de l’histoire d’Israël. Elle promettait également d’être l’une des plus stables, jusqu’à ce que l’horizon judiciaire de Benyamin Nétanyahou ne s’obscurcisse brusquement dans les premiers jours de janvier. Sans attendre une éventuelle inculpation, les principaux candidats à sa succession ont alors commencé à se mettre en ordre de bataille dans l’attente du prochain scrutin.

Naftali Bennett, étoile montante de la droite religieuse et chef de file du Foyer juif, a décidé d’avancer les primaires de son parti, tandis que le centriste Yair Lapid a récemment annoncé le ralliement de plusieurs maires venus de droite comme de gauche. Tous deux semblent convaincus que l’actuelle Knesset sera dissoute bien avant le terme de son mandat – fixé au printemps 2019.

Cette effervescence peut sembler prématurée. La presse a maintes fois prédit la chute de Benyamin Nétanyahou, mais celui-ci a jusqu’à présent toujours échappé aux foudres de la justice. L’affaire dite des «Bibi tours», dans laquelle il fut un temps soupçonné d’avoir utilisé des fonds publics pour financer ses déplacements privés, a récemment été classée sans suite. Les accusations formulées par plusieurs ex-employés de la résidence du premier ministre à l’encontre des époux Nétanyahou n’ont pas davantage prospéré.

Redoutant peut-être que l’affaire, cette fois, ne se révèle plus sérieuse, le député (Likoud) David Bittan a récemment prévenu que «le premier ministre n’a pas l’intention de démissionner, même s’il devait être inculpé pour des faits de corruption». Mordechai Kremnitzer, vice-président de l’Institut israélien pour la démocratie, admet que rien ne l’y oblige. La Cour suprême, saisie au milieu des années 1990 après l’inculpation du ministre ultraorthodoxe Aryeh Deri dans une affaire de corruption, le contraignit à la démission. Mais elle n’a jamais été appelée à statuer sur le cas d’un premier ministre poursuivi durant l’exercice de ses fonctions. Ehoud Olmert, qui fut inculpé pour des faits de nature comparable en mars 1999, démissionna de sa propre initiative. «Le problème se pose de façon assez singulière pour un premier ministre, observe Mordechai Kremnitzer, dans la mesure où sa démission risque d’entraîner la convocation de nouvelles élections – et donc des conséquences politiques autrement plus lourdes qu’un changement de ministre.»

Certains commentateurs soulignent que Benyamin Nétanyahou pourrait avoir intérêt à provoquer des élections sans attendre une éventuelle mise en cause judiciaire. C’est à cette aune qu’ils ont interprété l’étonnant «coup de gueule» poussé samedi soir par le premier ministre. Prenant prétexte d’un désaccord avec son ministre des Finances sur un projet de réforme de la radio-télévision publique, il a menacé de présenter la démission de son gouvernement si les rangs ne se resserrent pas autour de lui. Beaucoup y ont vu un coup de bluff. L’éditorialiste Nahum Barnea relève pour sa part dans les colonnes du Yedioth Ahronoth: «La décision de convoquer de nouvelles élections aurait sans doute pour effet de suspendre les enquêtes qui le visent – et peut-être même d’y mettre un terme».