Gaza : Mahmoud Abbas tente d'asphyxier le Hamas

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Le Figaro – Par Cyrille Louis


Benyamin Nétanyahou, a provoqué une onde de choc dans les familles du judaïsme libéral et réformiste en décrétant le gel du projet, pourtant validé par son gouvernement.

Officiellement, il s’agit d’un gel. En réalité, c’est un reniement. En renonçant, dimanche 25 juin, au projet de création d’un espace de prière mixte au mur des Lamentations, pourtant validé par son propre gouvernement en janvier 2016, Benyamin Nétanyahou a provoqué une onde de choc dans les familles du judaïsme libéral et réformiste.

Cette décision, prise sous la pression des deux partis ultraorthodoxes membres de la coalition au pouvoir, est de nature politique. Elle préserve le monopole du grand rabbinat et empêche une avancée historique sur la voie du pluralisme religieux. L’Agence juive n’a guère l’habitude des coups d’éclat contre le gouvernement israélien. C’est pourtant ce qu’elle a fait en annulant le dîner qui devait se tenir à la Knesset (le Parlement israélien) lundi soir, avec comme invité M. Nétanyahou.

La décision du gouvernement est tombée en effet au moment où se réunissait à Jérusalem le conseil directeur de l’organisation, composé des représentants d’agences juives internationales et de fédérations, comme celle d’Amérique du Nord.

« Claque personnelle »

L’Agence juive joue un rôle essentiel dans les rapports entre Israël et la diaspora, dont une grande partie se sent aliénée par le poids idéologique de la droite nationale religieuse et par le monopole du rabbinat ultraorthodoxe. Or, ce dernier a obtenu, dimanche, une deuxième victoire : l’approbation par les ministres d’un projet de loi assurant l’autorité exclusive de ce rabbinat sur les conversions au judaïsme. Le texte devra encore passer par la Knesset pour être adopté.

Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, s’est ému de la décision prise au sujet de l’espace mixte de prière. « Annuler l’accord constitue un coup majeur à l’unité du peuple juif et de nos communautés, ainsi qu’à la relation entre Israël et la communauté juive de la diaspora », a-t-il déclaré dans un communiqué. De son côté, le ministre de l’intérieur, Aryeh Deri, qui préside le parti ultraorthodoxe Shas, s’est réjoui de la préservation du statu quo, en assurant que cela reflétait « la volonté de la majorité des gens ».

Ce n’est pas du tout l’avis du président de l’Agence juive, Natan Sharansky. « L’abandon du projet est une claque personnelle pour lui, souligne Yigal Palmor, porte-parole de l’Agence juive. Il s’était énormément investi, en mettant son prestige personnel dans la balance, pour trouver un point d’équilibre. Le gouvernement lui a même demandé de prolonger d’un an son mandat qui s’achevait dans quelques semaines, pour mener la réforme à bien. »

« Trahison »

En décembre 2012, M. Nétanyahou avait demandé à Natan Sharansky d’intervenir comme médiateur entre les parties. En avril 2013, celui-ci avait proposé la création d’un espace mixte au pied de la partie sud du mur des Lamentations, ouvert aux femmes et aux mouvements libéraux et réformistes.

En janvier 2016, le gouvernement adoptait le projet. Mais la mise en oeuvre a traîné en longueur. La pression est montée dans le monde ultraorthodoxe ; elle s’est exprimée dans les médias communautaires et a mis ses élus au Parlement en difficulté. En mars, lors d’une rencontre avec les dirigeants du mouvement réformiste, M. Nétanyahou avait assuré qu’il demeurait partisan de la création de l’espace mixte, tout en cherchant la meilleure exécution possible. Dimanche, le premier ministre a préféré offenser les représentants du judaïsme réformiste, qui parlent de « trahison », plutôt que de risquer l’implosion de sa coalition. Pour préserver les apparences, M. Nétanyahou a demandé au ministre de la coopération régionale, Tzachi Hanegbi, et au secrétaire du conseil des ministres, Tzachi Braverman, de continuer à rechercher une solution.

M. Braverman a précisé que le chef du gouvernement demandait une accélération des travaux d’aménagement de la partie du sud de l’esplanade devant le mur des Lamentations, pour permettre à tous les croyants de prier dans de bonnes conditions. L’opposition travailliste, elle, souhaite organiser à la Knesset, le 3 juillet, un vote de défiance contre le gouvernement.