Rencontre entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou : Les 5 points à retenir

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on print
Share on email

Mercredi 15 février, Donald Trump recevait Benyamin Netanyahou. Cette visite, très attendue et commentée avant même d’avoir eu lieu, a remis en perspective la relation israélo-américaine quelque peu ébranlée par huit années de rapports tendus entre l’ancien président Barack Obama et le premier ministre israélien. A peine élu, Donald Trump a promis à plusieurs reprises de soutenir inconditionnellement l’État juif de toutes les manières possibles.

Devant un parterre de journalistes, Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont affiché une complicité singulière. Lors d’une conférence de presse commune, le Premier ministre israélien a loué le nouveau locataire républicain de la Maison Blanche, jugeant qu’il offrait « une occasion sans précédent » pour faire avancer la paix. « Il n’y a pas de meilleur soutien du peuple juif et de l’Etat juif que le président Donald Trump », a-t-il martelé.

Solution à deux États, déménagement éventuel de l’ambassade américaine à Jérusalem, implantations israéliennes, remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien… Donald Trump a exposé les bases de sa politique proche-orientale tout en se gardant d’en dévoiler les détails.

Voici les 5 points à retenir de cette rencontre.


  1. Réaffirmation des liens « indestructibles entre Israël et les Etats-Unis

 Avec l’élection de Donald Trump, la relation israélo-américaine sort de l’ère glaciaire où l’avait plongée Barack Obama, soupçonné de penchants pro-palestiniens. Comme il s’agissait avant tout de « changer le théâtre politique de la relation », la conférence de presse commune s’est tenu avant les entretiens entre les deux hommes, comme pour attester aux yeux des médias et du monde une convergence d’intérêts immédiate.

Le Premier ministre israélien a mis en exergue ses très longues relations d’amitié avec Donald Trump, et avec la famille de son gendre Jared Kushner. Le président américain a répété que l’Etat hébreu ne pouvait avoir de meilleur soutien que le sien, surtout depuis la conversion au judaïsme de sa fille Ivanka, qui assistait à la conférence. Jared Kushner sera vraisemblablement en charge du dossier israélo-palestinien à la Maison Blanche. C’est lui qui a préparé cette rencontre, et qui, dit-on, a demandé un report du déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem.

A l’occasion de cette rencontre, Donald Trump a en quelque sorte révolutionné la position américaine sur le conflit israélo-palestinien, prenant clairement position en faveur de l’Etat hébreu.


  1. Inclure la question palestinienne dans un accord de paix régional

Si l’ensemble des médias ont parlé d’un rejet de Donald Trump de « la solution à deux Etats », ils ont mal interprété ses propos. Le président américain a expliqué que tout format lui irait, y compris un seul Etat pour deux peuples, dès lors que les deux parties se mettraient d’accord. Et si le président américain peut déconcerter avec son langage peu consensuel et peu diplomatique, il pense qu’il revient aux parties de trouver une solution au conflit mais il ne faut pas pour autant mettre la pression sur Israël. Il n’a donc pas limité son approche du dossier israélo-palestinien à la mise en question du principe des deux Etats défendu par les trois administrations américaines précédentes, depuis la signature des accords d’Oslo, en 1993. Pour contourner le blocage actuel, Benyamin Netanyahou et Donald Trump ont en effet évoqué une nouvelle piste. « Notre administration s’engage à travailler avec Israël et nos alliés communs dans la région pour davantage de sécurité et de stabilité. Cela comprend un accord de paix entre Israël et les Palestiniens », a assuré Donald Trump.

Le premier ministre israélien a évoqué pour sa part une convergence d’intérêts avec des pays arabes voisins face aux menaces constituées par l’Iran et le djihadisme. Il pensait sans doute à l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie et les Emirats arabes unis, qui pourraient traiter la question palestinienne dans un cadre beaucoup plus global.

Quant à Donald Trump, il voit un accord de paix au Proche-Orient « le deal suprême ». Comme nous l’avons dit, il a confié cette lourde tâche à son gendre, Jared Kushner. Ses premières consultations ont inclus des ambassadeurs arabes à Washington, en particulier celui des Émirats arabes unis, Youssef al-Otaiba. L’idée de Jared Kushner est de voir plus grand que le rapport de force israélo-palestinien, diluant les complexités de la relation bilatérale dans un accord de paix israélo-arabe incluant l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe. Le résident américain a ainsi déclaré : « Il y a une chance de parvenir à un accord beaucoup plus large que simplement entre Israéliens et Palestiniens, englobant beaucoup d’autres pays», a déclaré le président, y voyant une stratégie «à laquelle personne n’avait pensé avant », quoi qu’elle reprenne l’initiative de paix arabe de 2005. « Pour la première fois, les pays arabes ne voient pas Israël comme un ennemi, mais de plus en plus comme un allié, a renchéri le Premier ministre. Il y a là une opportunité sans précédent que, je l’espère, nous pourrons saisir. »


  1. Les ambiguïtés de Donald Trump sur le statut des implantations et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem

S’il a tenu à dénoncer le « traitement très injuste » d’Israël dans les forums internationaux, ainsi que la haine enseignée aux Palestiniens dès le plus jeune âge, Donald Trump a tout de même clarifié sa position sur les implantations, en appelant Israël « à la retenue », montrant ainsi qu’il n’encourage pas les dernières constructions approuvées par l’Etat hébreu, soutenues par l’aile droite de la coalition gouvernementale israélienne.

« Les Israéliens devront faire preuve de souplesse et montrer qu’ils veulent vraiment conclure un accord », a-t-il encore dit. En ce qui concerne le transfert de l’ambassade à Jérusalem, Donald Trump persiste à maintenir le flou sur ses intentions, disant « y réfléchir sérieusement », formule qu’il répète depuis son entrée en fonctions et qui permet là encore de satisfaire tout le monde.

Benyamin Netanyahou a déclaré aux journalistes israéliens qu’il a également demandé à Donald Trump de reconnaître le plateau du Golan comme territoire israélien, demande qui aurait été poliment ignorée s’il l’avait faite à ses prédécesseurs. Le président américain s’est dit « pas surpris » de cette demande, selon Netanyahu.


  1. Le nucléaire iranien : « l’un des pires accords » qui soit

Depuis l’investiture de Donald Trump, le ton n’a cessé de monter entre Téhéran et Washington. Le président américain, qui accuse l’Iran de « jouer avec le feu », a imposé début février des sanctions contre le programme de missiles balistiques iranien tandis que la République islamique prenait des mesures de représailles.

Lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Donald Trump a de nouveau critiqué l’accord nucléaire avec Téhéran comme « le pire (qu’il) ait jamais vu », sans toutefois le dénoncer. « J’ai déjà pris de nouvelles sanctions et je ferai plus pour empêcher que l’Iran puisse jamais, jamais développer une arme nucléaire ». Benyamin Netanyahou a salué « sa clarté sur la nécessité de tenir tête au régime terroriste iranien ».


  1. Les réactions internationales israéliennes et palestiniennes

Pour Naftali Bennett, le chef du parti nationaliste religieux Le Foyer Juif a évoqué une              « nouvelle réalité ». « Après 24 ans, le drapeau palestinien est descendu des mâts et le drapeau israélien a pris sa place« , a-t-il affirmé en faisant allusion aux accords d’Olso conclus entre Israël et les Palestiniens en 1993.

La vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely a déclaré que la conférence de presse a été « annonciatrice d’une nouvelle ère et de l’ouverture à l’idée d’une solution à l’échelle régionale ». « Je salue le fait que pour la première fois en 25 ans, les Américains souhaitent repenser et réévaluer les intérêts israéliens, comme le peuple d’Israël le décide », a-t-elle déclaré, selon son porte-parole.

A l’inverse, l’opposition s’inquiète de ce revirement et du fait que Benyamin Netanyahu n’ait pas plus explicitement réaffirmé son attachement à la solution à deux Etats : « Tous les Israéliens devraient être inquiets ce soir », a jugé le chef de l’Union sioniste, coalition de centre-gauche, pour qui un seul Etat signifie « plus d’Etat juif ».

Côté palestinien, ce sont les propos de Donald Trump sur les implantations qui ont retenu l’attention. La présidence palestinienne a réagi par communiqué, mercredi soir. Elle appelle Benyamin Netanyahu a répondre à l’appel de Donald Trump qui est aussi, relève t-elle, celui de l’ensemble de la communauté internationale. La présidence palestinienne demande au chef du gouvernement israélien de « cesser toutes ses activités de colonies, y compris à Jérusalem-Est ». Et elle rappelle son attachement à la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967.

En réponse, Netanyahou a jugé que le nouveau président américain offrait « une occasion sans précédent » pour faire avancer la paix.

***

C’est donc en terrain ami qu’a été Premier ministre israélien à la Maison Blanche par Donald Trump. Rien de vraiment concret n’est sorti de cette rencontre si ce n’est une rupture dans la stratégie américaine au Proche-Orient : la solution à deux Etats n’est pas la seule possible selon le président américain, même si selon un récent sondage, la solution des deux Etats a toujours les faveurs de la population dans la région.

Donald Trump ne soutient pas le maintien d’un seul État mais renvoie la balle aux principaux concernés : il pense qu’il est de leur ressort de discuter des modalités d’un accord. Les trois prédécesseurs de Donald Trump avaient également dit que le statut final devait être déterminé par les Israéliens et les Palestiniens, mais étaient clairs sur le fait que la seule issue viable était la création de deux États distincts.