Opération Bordure protectrice – Questions / réponses

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Depuis le début de l’Opération Bordure protectrice lancée par Tsahal le 7 juillet dernier, plus de 1500 roquettes ont été tirées sur Israël mettant en danger 70% de la population israélienne. L’intervention de l’armée israélienne suscite des réactions contrastées de toute part, Américains et Européens ayant estimé qu’Israël avait le « droit de se défendre » même s’ils l’ont invité néanmoins « à la retenue ».

Jeudi 17 juillet, Tsahal a débuté une offensive terrestre dans la bande de Gaza, pour « porter significativement atteinte aux infrastructures terroristes du Hamas » et « ramener la sécurité pour les citoyens d’Israël », selon les mots du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Le Hamas, qui a refusé le cessez-le-feu proposé par l’Egypte et violé la trêve humanitaire de 6 heures hier, a prévenu que l’Etat hébreu allait « payer un prix élevé ».

Dans ce contexte tendu, il nous est apparu nécessaire de revenir sur les motifs et les objectifs de cette opération afin de mieux cerner les enjeux de cette nouvelle phase du conflit qui oppose non pas Israël aux Palestiniens, mais au Hamas, organisation terroriste qui a pris le pouvoir à Gaza par la force en 2006.

1. Pourquoi l’Opération Bordure protectrice a-t-elle été lancée ?

Les civils du sud d’Israël sont constamment menacés par les roquettes du Hamas. Les organisations terroristes de Gaza détiennent actuellement près de 10 000 roquettes et obus de mortier dans leur arsenal, pouvant atteindre la plupart du territoire israélien et mettre ainsi en danger la vie de millions de civils.

Pourtant, la communauté internationale a salué le 2 juin dernier le gouvernement d’union formé par le Fatah et le Hamas, organisation qu’elle considère comme terroriste et qui ne reconnait pas l’existence de l’Etat d’Israël.

Ainsi, les Occidentaux, faisant fi de l’Histoire qui se répète et qui a montré, par le passé que cet attelage improbable d’une organisation politique et d’une organisation terroriste présageait un conflit d’envergure, a préféré fermer les yeux en oubliant les principes posés par le Quartet, à savoir reconnaitre l’existence d’Israël, accepter les principes édictés lors des Accords d’Oslo et renoncer au terrorisme.

Entre le 12 juin au 7 juillet, le Hamas et d’autres organisations terroristes de la bande de Gaza ont tiré plus de 300 roquettes sur des civils israéliens. Bien qu’Israël ait appelé à la retenue et demandé la cessation de ces attaques, le Hamas a continué à tirer sur les villes israéliennes de façon aléatoire. Israël n’a pas eu d’autre alternative que de répondre afin de rétablir la sécurité de sa population civile. L’Opération Bordure protectrice vise donc l’organisation du Hamas dans la bande de Gaza et les différentes organisations terroristes complices. En aucun cas les civils, qui restent les otages des islamistes et sont utilisés comme boucliers humains.

2. Quel est l’objectif de Tsahal ? L’offensive terrestre se justifie-t-elle vraiment ?

L’opération Bordure protectrice vise à réduire significativement les capacités du Hamas et à détruire les infrastructures terroristes dirigées contre des civils israéliens. L’Etat hébreu ne cherche pas un accord à court terme, mais veut une solution à long terme par souci de sécurité pour ses citoyens.

L’objectif de Tsahal est de prévenir les tirs de roquettes en ciblant les rampes de lancement, les caches d’armes et les maisons des cadres du Hamas. Les bases du Hamas sont délibérément situées sous terre ou mélangées aux habitations des civils dont ils se servent comme boucliers humains.

L’offensive terrestre est indispensable car elle permettra de détruire les tunnels désormais très sophistiqués – grâce à l’Iran – qui permettent aux terroristes de se diriger vers le territoire israélien, démolir les sites de lancement de missiles, dans le nord, le centre et le sud de la bande de Gaza.

3. Quel est l’objectif du Hamas à terme ?

Le Hamas a inscrit son objectif ultime dans sa Charte en 1988. Il prône l’anéantissement d’Israël et l’instauration, en lieu et place, d’un État radical islamiste basé sur le respect de la loi coranique, la Charia. La charte, de nature théologique plus que politique, stipule que le Hamas puise sa légitimité dans l’Islam (art. 1) et fait partie du mouvement radical sunnite des Frères musulmans (art. 2). Le texte désigne la « Palestine » comme un bien sacré appartenant aux Musulmans. Aussi, le Hamas ne saurait reconnaître aucun compromis visant au partage

de la Palestine historique (art. 11). Il n’existe aucune autre solution que la guerre sainte pour « libérer le territoire du joug sioniste » (art. 13).

4. Le Hamas est-il solidaire du peuple palestinien ?

En aucune manière. Il est l’ennemi premier du peuple palestinien. Le Hamas est officiellement reconnu en tant qu’organisation terroriste par les États-Unis, le Japon et l’Union européenne (depuis septembre 2003). Cette reconnaissance signifie que dans tous les pays mentionnés, l’ensemble des fonds et les comptes du Hamas sont gelés.

Outre ses attentats contre Israël, les organisations internationales des droits de l’homme lui reprochent de nombreuses exécutions sommaires d’opposants palestiniens. A Gaza, le Hamas a également impulsé un contrôle strict sur les idées, la culture et les mœurs à une société déjà très conservatrice. Pour avoir émis des réserves sur son action, des centaines de militants et journalistes du Fatah ont été arrêtés, interrogés, emprisonnés et, parfois même, selon plusieurs rapports de Human Rights Watch et de la Croix Rouge Internationale, torturés ou exécutés. En février 2009, Amnesty International publie un rapport accusant « les forces et les milices du Hamas d’être impliquées dans une campagne d’enlèvements, d’homicides délibérés et illégaux, de tortures et de menaces de mort contre ceux qu’ils accusent de « collaborer avec Israël » » ainsi que contre des opposants politiques et des personnes critiquant le Hamas.

Le Hamas ne sert que ses propres intérêts. Le gouvernement d’union avec le Fatah a été motivé en grande partie par le fait que le groupe islamiste est à court d’argent en raison de sa rupture avec ses anciens commanditaires iraniens et la fermeture des tunnels de contrebande vers l’Egypte par le gouvernement militaire au Caire. Ils espéraient que le manque à gagner serait résolu en s’alliant à leurs rivaux du Fatah. L’Autorité palestinienne, qui est subventionnée par l’Union européenne et les Etats-Unis, devait ainsi payer les salaires des 42 000 fonctionnaires du Hamas, ce qui ne s’est pas produit et qui a poussé l’organisation terroriste dans ses retranchements.

5. Quelle est la tactique du Hamas pour atteindre ses objectifs ?

Le Hamas utilise des roquettes et des missiles qui sont son « atout » phare dans sa lutte contre Israël. Les roquettes visent des zones civiles situées en Israël y compris les écoles, et sont tirées depuis le cœur de zones civiles de l’Autorité Palestinienne.

Depuis le début de l’opération Bordure protectrice, le Hamas encourage activement les Palestiniens de Gaza à devenir des boucliers humains en louant cela comme un acte de bravoure. Il exploite ainsi cyniquement la population civile palestinienne pour protéger son activité terroriste contre Israël. Ainsi le 17 juillet, l’Agence pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a trouvé lors d’une inspection environ 20 roquettes cachées dans une école vide située dans la bande de Gaza.

Des rampes de lancement de fusées et des caches d’armes sont placées dans des maisons privées et des bâtiments publics tels que des écoles, des mosquées et des hôpitaux.

Les « dommages collatéraux » qui résultent de cette tactique sont utilisés à des fins de propagande.

6. Plus de 1500 roquettes ont été tirées depuis le début de l’opération. D’où vient l’arsenal du Hamas ?

Pour la première fois, un missile M-302, capable de parcourir jusqu’à 150 km et tiré depuis la bande de Gaza, a frappé la ville côtière d’Hadera. Avec l’aide de l’Iran et du Hezbollah, le Hamas a amassé un arsenal considérable constitué de drones, commandos, roquettes, tunnels. Les services israéliens estiment que les groupes djihadistes dans la bande de Gaza possèdent plusieurs milliers de roquettes. Selon les chiffres publics diffusés par l’armée israélienne, le Hamas détiendrait 6.000 roquettes et le Djihad islamique 5.500.

Les armes arrivent majoritairement d’Iran par bateau en contournant la péninsule arabique, passent par le Soudan avant d’être acheminées à travers le Sinaï où elles entrent en territoire palestinien par les tunnels creusés à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza. Mais ce parcours a eu tendance ces dernières années à être de plus en plus compliqué, surtout depuis l’accession au pouvoir de Abdel Fattah al-Sissi en Egypte, en guerre contre les Frères musulmans, qui a fermé la frontière et bloqué les tunnels.

Le 5 mars dernier, un bateau, le Klos-C, a été intercepté en mer Rouge, à 100 kilomètres au nord de Port Soudan, avec à son bord des roquettes M-302, que les Israéliens redoutent beaucoup.

En 2011, le Shin Beth estimait que les groupes armés dans la bande de Gaza étaient équipés de missiles sol-air récupérés dans les arsenaux libyens après la chute de Mouammar Kadhafi. Notamment des SA-7 soviétiques, plutôt vieillots mais efficaces.

7. Pourquoi y a-t-il eu peu de pertes côté israélien alors que plus de 1500 roquettes ont été lancées ?

Depuis le début de l’opération Bordure protectrice lancée le 7 juillet, le système anti-missile Iron Dome (« Dôme de Fer ») a intercepté la quasi intégralité de tous les tirs de roquettes lancés depuis la bande de Gaza. Selon les statistiques de l’armée, son taux de réussite oscille entre 75 et 90 %.

Ce procédé unique au monde est développé par le groupe d’armement Rafael Defense Systems, basé à Haïfa, et financé en partie par les Etats-Unis.

Destiné à contrer les projectiles de courte et moyenne portée – roquette, obus d’artillerie Iron Dome permet donc d’abattre en vol des engins d’une portée de 4 à 70 kilomètres. En fait, le système repère la trajectoire de la roquette ennemie dès son lancement. Si celle-ci vise sur une zone habitée, Iron Dome tire un missile pour l’intercepter en vol.

Ce système comporte actuellement six batteries, qui comprennent chacune un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de 20 missiles d’interception. Une seule batterie serait en mesure de défendre efficacement une ville comme Ashkelon (100.000 habitants), explique l’armée israélienne.

La première batterie a été installée en mars 2011 près de la ville de Beersheva dans le sud du pays. D’autres ont ensuite été déployées le long de la frontière de la bande de Gaza, puis à la frontière entre Israël et le Liban, afin de prévenir les tirs de roquettes du Hezbollah.

Par ailleurs, tout au long de l’année, des soldats du Commandement du Front Intérieur de Tsahal forment la population civile d’Israël aux règles à suivre en cas de sirène d’alerte. Des abris antimissiles sont ouverts dans tout le pays et particulièrement dans le sud afin de permettre aux habitants d’aller s’y réfugier dès qu’une roquette est tirée depuis la bande de Gaza et menace leur vie.

Certains medias relèvent régulièrement la disproportion entre les pertes civiles israéliennes et palestiniennes, comme s’ils reprochaient à l’Etat hébreu de ne pas avoir assez de morts mais d’en causer côté palestinien. Cet argument, qui vise à minimiser la gravité de la situation pour Israël et maximiser sa responsabilité dans la perte de civils palestiniens, est complètement déplacé d’un point de vue éthique.

8. La réaction israélienne est-elle disproportionnée ?

Si les médias diffusent des images qui tendent à suggérer que l’Opération Bordure protectrice est disproportionnée et que certains gouvernements ont appelé à la retenue, aucun Etat ne saurait tolérer une entorse aussi flagrante de sa souveraineté. L’Etat hébreu a un droit naturel à l’autodéfense.

Lors de l’Opération Serval au Mali, la France est allée combattre les Jihadistes à 6.000 km de Paris sans que l’on sache précisément tous les détails de ces interventions militaires. Y a-t-il eu des navettes diplomatiques pour exhorter les Français à faire preuve de retenue ? Les journaux télévisés ont-ils présenté chaque jour un bilan des tués ? Connait-on le nombre des « victimes collatérales »?

Dès qu’Israël entre en conflit ou lance une opération militaire, il bénéficie d’une couverture médiatique démesurée. Lors de la première année de la première Intifada (1987-1988) déjà, il y avait en Cisjordanie et à Gaza (soit sur 5700 km2) plus de correspondants étrangers (c’est-à- dire 800) que sur tout le continent africain, soit 56 États souverains. Alors que d’autres régions sont à feu et à sang (Soudan du sud, Somalie, Syrie etc.), elles ne suscitent pas l’intérêt de la presse qui a fait du conflit israélo-palestinien une véritable obsession.

Les cibles visées par l’armée israélienne sont légitimes selon le droit international. En effet, lorsque les habitations sont utilisées à des fins militaires, elles deviennent des cibles militaires légitimes. Afin de déterminer ces cibles militaires, l’armée israélienne emploie des méthodes précises et complexes, qui impliquent différentes unités des Renseignements, les données juridiques et une formation rigoureuse suivie par les commandants des opérations.

Tsahal maintient ouvert le point de passage de Kerem Shalom vers la bande de Gaza afin de permettre la circulation de biens et d’éviter ainsi qu’une crise humanitaire ne touche les civils. Mais l’organisation terroriste utilise ces biens et matériaux de construction transférés depuis Israël à des fins terroristes, notamment pour la fabrication des armes et des roquettes.

9. Si Tsahal affirme viser les cibles militaires du Hamas, pourquoi des civils meurent ?

Avec 45 km de long sur 10 km de large et 1 500 000 habitants et 3 323 habitants au km , Gaza fait partie des dix fortes densités d’habitants au monde. Pour autant, Tsahal veille à ce que ses actions ne soient dirigées que contre les terroristes du Hamas tandis que ceux-là établissent délibérément des lance-roquettes et des infrastructures militaires dans des zones civiles. Cette tactique, qui vise à faire des civils palestiniens des boucliers humais rend la tâche de l’armée israélienne beaucoup plus difficile.

Le Hamas commet un double crime de guerre en visant délibérément des civils israéliens, alors qu’en même temps il cache ses armes, ses dirigeants, ses coopératives et ses infrastructures parmi les civils palestiniens innocents. Le ministère de l’Intérieur du Hamas à Gaza a d’ailleurs donné pour instruction aux résidents de ne pas tenir compte des avertissements d’Israël prévenant des attaques imminentes. Le Hamas exhorte également les résidents de former activement des boucliers humains, les exposants ainsi délibérément à un grave danger.

Dans ce contexte, Plusieurs outils sont utilisés pour alerter la population civile de raids imminents ou d’interventions terrestres :

– Le téléphone. Lors de l’opération « Plomb durci » en 2008 déjà, Israël prévenait par téléphone les habitants des immeubles ciblés quelques minutes avant la destruction du bâtiment.

– Les tracts. Dans les zones densément peuplées, l’armée déploie des hélicoptères pour larguer des tracts qui mettent en garde la population ou les exhortent d’évacuer immédiatement leur domicile. Ainsi peut-on lire : « Pour votre propre sécurité, nous vous demandons d’évacuer immédiatement votre foyer et de vous diriger vers le centre-ville ».

– Les drones. Cette technique est également appelée « knock on the roof » (coup sur le toit). Elle consiste à lancer des roquettes de faibles puissances sur les toits des habitations pour prévenir la population et vise à réduire au minimum les risques de dommages collatéraux.

Le magazine Business Insider, par la voix d’un de ses auteurs William Slaten, a repris un article titré « Israël a probablement relevé les standards de l’éthique militaire », constatant ainsi « qu’en prévenant à plusieurs reprises les populations civiles de l’imminence d’une attaque ciblée, Israël était probablement un cas au monde ». Il notait également « qu’avec une moyenne d’une centaine de morts civils sur plus de 1.100 attaques aériennes en zone urbaine, Israël se trouvait très loin devant les forces de l’OTAN, qui en 1999 au Kosovo tuèrent plus de 500 civils en 900 attaques ».

Si Tsahal ne veillait pas scrupuleusement à protéger les civils palestiniens par l’envoi de messages et d’alertes, le bilan serait bien plus lourd (Tsahal a frappé plus de 2037 cibles). Chaque mort civil est regrettable, mais le Hamas et le Jihad islamique sont responsables de ces pertes car cela fait maintenant près de 15 ans qu’ils bombardent les villes israéliennes. Israël se trouve en situation de légitime défense selon toutes les lois de la guerre.