L’Assemblée générale des Nations Unies est appelée à voter ce jeudi une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël. Proposé par le Yémen et la Turquie au nom du groupe des pays arabes et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le projet reprend globalement les termes du texte proposé lundi 18 décembre au Conseil de sécurité auquel sont ajoutés des rappels des résolutions concernant Jérusalem.
Ce vote a suscité une très ferme mise en garde des Etats-Unis, par la voix de Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis au sein de l’organisation. « C’est une insulte et un camouflet que nous n’oublierons pas », a-t-elle lancé d’un ton ferme, le regard noir. Pendant de longues minutes, elle a fustigé la position anti-israélienne des Nations Unies. Le 8 décembre déjà, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité à propos de l’annonce de Donald Trump, elle avait déclaré: « Le peuple juif est un peuple patient », en rappelant que Jérusalem était son foyer spirituel depuis trois millénaires, mais « le peuple américain est moins patient. » Elle avait poursuivi en disant que les États-Unis avaient été le premier pays à reconnaître Israël en 1948, avant de mentionner la loi américaine de 1995 demandant le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Les présidents américains, « y compris le Président Obama », étaient d’accord avec cette loi mais n’ont pas accédé à cette demande. « Pendant 22 ans, le peuple américain a attendu, avant que le Président Trump décide de ne plus attendre », a-t-elle affirmé.
Représentante des Etats-Unis à l’ONU depuis le 27 janvier 2017, membre du Parti républicain, Nikki Haley a multiplié les prises de positions pro-israéliennes depuis sa prise de fonction. Au congrès annuel de l’AIPAC à Washington en mars dernier, elle avait annoncé, sous un tonnerre d’applaudissements, que le « dénigrement » d’Israël aux Nations unies était « terminé ». Sa verve et son franc parler déjà quasi légendaires, lui valent déjà une réputation internationale qui lui permet de se présenter comme le vrai visage de la politique étrangère américaine. A seulement 45 ans, des rumeurs la projettent même au poste de secrétaire d’Etat. D’ailleurs, lors du discours de Donald Trump à l’Assemblée générale de l’ONU, le 18 septembre dernier, ce n’est pas Rex Tillerson qui accompagnait le président, mais Nikki Haley.
Fille d’immigrés indiens pauvres de confession sikh arrivés aux Etats-Unis dans les années 1960, Nimrata Randhawa – son nom de naissance – a commencé à travailler au sein de l’entreprise familiale avant de se lancer en politique dans son fief en Caroline du Sud. Convertie au protestantisme et mariée à un militaire, elle adopte une ligne conservatrice : lutte contre l’immigration clandestine, restriction du droit à l’avortement, baisse des impôts etc. Elle gravit rapidement les échelons politiques et devient gouverneur de la Caroline du sud en 2010, grâce notamment au soutien de Sarah Palin. A seulement 38 ans, sa victoire dans un Etat du Sud enclin à élire des hommes blancs fait sensation.
Présentée par son entourage comme une fervente pro-israélienne, elle se fait également remarquer en interdisant dans son Etat le mouvement BDS. Une interdiction inédite aux Etats-Unis.
Etoile montante du Parti républicain, Nikki Haley prend son rôle d’ambassadrice très à cœur et multiplie les coups d’éclat dans l’enceinte des Nations Unies. La photo d’un enfant mort, les débris d’un missile, elle n’hésite pas à provoquer et interpeller son auditoire pour défendre la ligne de Donald Trump. Si elle avait admis n’être « pas fan » de l’actuel président américain pendant la campagne de 2016, prêtant son soutien à Marco Rubio puis Ted Cruz, ses relations avec lui se sont apaisées depuis. Aujourd’hui, de nombreux commentateurs imaginent cet « ange gardien » d’Israël comme possible candidate du Parti républicain à l’élection présidentielle de 2020.