L’édito hebdomadaire du 28 Juin 2021

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Élections régionales et départementales 2021 : la victoire de la République et l’expression démocratique en ballotage

Le deuxième tour des élections régionales et départementales a largement confirmé les enseignements du premier.

Comme la semaine dernière, l’expression démocratique est la grande perdante de ces scrutins. Le sursaut que beaucoup de partis politiques espéraient, ne s’est pas produit. Près de 66% des électeurs ne se sont pas déplacés contre près de 67% dimanche dernier. Une légère amélioration qui ne trompe pas.

Plusieurs enquêtes se sont penchées sur les raisons pour lesquelles l’abstention était si élevée. Et le constat est sans appel : après plus d’un an d’une pandémie insupportable qui a enfermé les corps et les esprits, la population avait d’autres préoccupations et ne s’est pas privée de le montrer. Le Coronavirus, véritable traumatisme, constitue la raison principale à ce manque d’engouement. Il a provoqué des soubresauts aussi importants qu’inattendus.

Mais ce n’est pas tout. Beaucoup ont voulu profiter de l’occasion pour manifester leur mécontentement. Les électeurs ne se sentent pas représentés, voire ne connaissent pas les candidats, ce qui ne les motive pas à s’exprimer dans les urnes. D’autres enfin ont tenu à exprimer leur désintérêt. En colère ou désabusés, les Français pensent que leur vote est inutile et optent pour l’indifférence envers ceux qu’ils jugent incompétents et incapables de les comprendre.

Contrairement aux échéances précédentes, cette abstention massive n’a épargné aucune famille politique et n’a pas profité aux extrêmes. Malgré la faible participation, ce scrutin révèle une image assez réaliste des rapports de force politiques.

Accordant sa confiance à ceux qui ont déjà fait leurs preuves, l’électorat a donc réaffirmé son soutien aux sortants. A droite comme à gauche, les Présidents de région déjà en poste ont retrouvé leur siège avec des scores importants.

En Occitanie, Carole Delga triomphe avec près de 58% des voix sans compromettre ses valeurs de gauche modérée et républicaine. Elle avait rapidement indiqué que son projet était « incompatible » avec celui de la France Insoumise et a refusé toute alliance, redonnant ainsi espoir à tous les démocrates de gauche qui n’approuvent pas les unions contre nature.

Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui avait conditionné sa candidature à l’élection présidentielle à sa réélection à la région, remporte plus de 52% des suffrages. Même tendance en Auvergne Rhône-Alpes pour Laurent Wauquiez qui obtient plus de 55% des voix, et pour Valérie Pécresse en Ile-de-France avec près de 46%. Elle parvient à battre largement l’ « union des gauches » extrêmes et islamo-gauchistes. L’alliance apocalyptique de Clémentine Autain, Audrey Pulvar et Julien Bayou, ne mobilise pas plus que l’électorat déjà acquis à sa cause puisqu’elle obtient 33%, soit à peine l’addition laborieuse des trois scores du premier tour.

Des victoires de la droite d’autant plus impressionnantes que pour l’une d’entre elle, les résultats du premier tour étaient serrés. Au coude-à-coude avec Thierry Mariani dimanche dernier dans la région Sud, Renaud Muselier évince le Rassemblement National (RN) grâce aux suffrages de plus de 57% des votants. Le Front républicain n’est désormais plus la règle si l’on en croit les nombreuses triangulaires, quadrangulaires voire quinquangulaires de ce scrutin. Mais il est brièvement réapparu en région PACA, seul duel de ces élections et a bien fonctionné, grâce au retrait de la liste de gauche après le premier tour.

Une excellente nouvelle qui confirme que le RN ne convainc pas les Français et pour cause : la colère et la protestation sur lesquelles ce parti a misé depuis longtemps, ne peuvent à elles seules constituer un programme politique. Elles n’ont jamais suffi à masquer l’incompétence notoire des élus d’extrême droite. Ainsi, le parti de Marine Le Pen ne dirigera aucune région et observe au contraire un net recul de son électorat. En effet, le RN perd 30% de ses élus régionaux et départementaux et continue à se heurter à un plafond de verre qui ne semble pas prêt à se briser.

Mais le parti de la majorité présidentielle devra lui aussi réfléchir à son positionnement. Élection après élection, le jeune mouvement d’Emmanuel Macron prouve qu’un ancrage local reste nécessaire. En effet, le parti « En Marche ! » sera presque inexistant dans les assemblées régionales et était également resté en retrait lors des élections municipales de mars 2020. La tendance globale au « dégagisme » observée lors de l’élection présidentielle de 2017 puis des législatives semble donc produire ses limites.

Par conséquent, le message des Français est clair : les extrêmes sont laminés et « l’arc républicain » tient bon. Les électeurs refusent de se laisser dicter leur vote et se positionnent sans équivoque contre le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Au contraire, ils ont récompensé la compétence et l’engagement. Un espoir qui rend à la République ses lettres de noblesse.

A quelques mois d’une échéance cruciale, le jeu politique est plus ouvert que jamais. Quatre forces politiques se dégagent de cette consultation grandeur nature : entre une extrême gauche improbable et une extrême droite lunaire, on trouve le centre allant de Carole Delga à Christian Estrosi en passant par Manuel Valls et autour d’Emmanuel Macron d’un côté, et la droite républicaine – de Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez – sortie renforcée, de l’autre.

Traditionnellement, le corps électoral se déplace davantage lors de l’élection présidentielle. Mais il appartient aux démocrates de tous bords d’accompagner cette mobilisation pour élargir la base des forces politiques en présence et ainsi faire triompher la République au même titre que l’expression démocratique, demeurée en ballotage lors de ce scrutin. Avec les nouveaux équilibres de ce quatre-quarts politique, déjà observé lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 où les quatre principaux concurrents avaient obtenu des résultats très proches, il n’est plus question d’affirmer que le vainqueur remporte automatiquement la mise. Désormais, les candidats de 2022 devront faire émerger une véritable coalition républicaine, sorte d’ « union nationale » de toutes les bonnes volontés permettant ainsi d’affronter ensemble les défis de demain, seule véritable réponse aux extrêmes.