L’Edito Hebdomadaire du 11 Avril 2022

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Comme à l’accoutumée, le Ramadan est le mois de tous les dangers pour Israël. Pilier de l’islam, cette fête religieuse, censée être un mois de jeûne, de prières et de partage, est interprété d’une autre manière par les terroristes islamistes. Dans la tradition coranique développée par les prêcheurs de haine, si un fidèle musulman meurt pendant cette période, il est considéré comme un martyr et donc un héros. Israël en fait maintenant les frais depuis une quinzaine de jours. Quatre attentats à Bnei Brak, Hadera, Beersheva, Tel Aviv, ont fait quatorze morts. Dans la foulée de ces attaques, l’armée, la police et les services de sécurité intérieurs israéliens ont arrêté des dizaines de personnes soupçonnées de lien avec l’EI en Israël, et multiplié les opérations en Cisjordanie, notamment à Jénine. Au moins trois membres du Jihad islamique, second mouvement armé palestinien après le Hamas, ont été tués lors d’échange de tirs en lien avec ces opérations à Jénine.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la série noire a continué, fatalement, et interroge sur le défi sécuritaire auquel le pays est actuellement confronté. Deux Israéliens ont été blessés par balle dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’ils tentaient de se rendre au Tombeau de Joseph près de Chékhem (« Naplouse ») en Judée Samarie (« Cisjordanie »), a annoncé Tsahal. Les deux hommes, qui appartiennent à la communauté hassidique de Bratslav, ont tenté d’atteindre le site sans se coordonner avec les Forces de défense israéliennes qui supervisent habituellement les visites des fidèles juifs.

L’incident est intervenu au lendemain d’actes de vandalisme commis par des Palestiniens sur des parties du tombeau. Les deux pèlerins souhaitaient participer à la restauration du site, a rapporté Channel 12. Après avoir été ciblés par des tirs, ils sont parvenus à un  point de contrôle militaire proche du tombeau, où des premiers soins leur ont été promulgués.

Après une évaluation de la situation, Benny Gantz a déclaré que l’armée « poursuivrait et intensifierait » ses opérations antiterroristes, « parallèlement à la poursuite de la politique civile », référence à l’assouplissement des restrictions vis-à-vis de la population arabe. Israël a en effet mis en place des mesures visant à faciliter la liberté de mouvement des Palestiniens qui souhaitent prier à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem pendant le mois sacré musulman, notamment en permettant aux enfants, aux femmes et à certains hommes d’entrer sans permis. Le bureau de Benny Gantz a également déclaré qu’il présenterait dimanche un plan d’investissement de 360 millions de shekels (103 millions d’euros environ) pour renforcer la barrière de sécurité en Judée Samarie, après plusieurs attaques terroristes commises par des Palestiniens qui se sont faufilés à travers les brèches de la clôture.

La crise gouvernementale complique la situation mais elle semblait pourtant inévitable. Comment diriger un pays, menacé de l’intérieur et de l’extérieur, avec une coalition hétéroclite quand le Premier ministre ne représente que 6 sièges sur 120 à la Knesset ? Le système électoral à la proportionnelle n’est pas sans incidence sur la stabilité politique. Un changement est urgent, vital pour le bon fonctionnement des affaires de l’Etat. Surtout, avec la défection de la députée Idit Silman et l’ultimatum de Nir Orbach (Yamina) qui somme le Premier ministre de cesser « le gel des implantations », la fragile majorité s’écroule et la porte se rouvre à un Netanyahou que l’on croyait à bout de souffle. Israël renoue avec la crise politique. Sur cette toile de fond, la recrudescence des attentats fait le lit des adversaires de Bennett.

Indéniablement, un leadership faible joue en faveur des islamistes. Pour combattre ce fléau qu’est le terrorisme palestinien et éviter parallèlement que des arabes israéliens rejoignent les rangs des islamistes, le gouvernement se trouve dans l’obligation d’agir vite avec tous les moyens policiers et juridiques qu’il possède.

La fermeture hermétique des frontières dans la bande de Gaza et en Judée Samarie s’impose et tant qu’il n’y aura pas de solution politique au problème palestinien, rendue pour l’instant introuvable par la faillite de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, il faudra composer avec cette population, bien entendu sous de strictes conditions sécuritaires.