L’Edito hebdomadaire de Sarah Perez.
Lundi 22 janvier, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est rendu à Bruxelles pour tenter de convaincre les vingt-huit États membres de l’Union européenne de « reconnaître rapidement l’État de Palestine ». Au même moment, Mike Pence saluait à la Knesset la décision Donald Trump de reconnaitre Jérusalem comme capitale d’Israël, choisissant ainsi « les faits plutôt que la fiction », selon ses propres mots. Pour la première fois, le vice-président a précisé le calendrier. L’ambassade des Etats-Unis « ouvrira avant la fin de l’année prochaine ». « Le président Trump a donné pour instruction au département d’Etat d’engager immédiatement les préparatifs », a-t-il dit.
Mahmoud Abbas, discrédité depuis bien longtemps dans sa fonction et dans le monde arabe, est confronté à deux problèmes majeurs. Le premier est financier, car les Etats-Unis qui sont de loin, les plus importants donateurs d’aide aux Palestiniens, ont gelé des paiements à hauteur de 100 millions de dollars à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) au début du mois. Le second problème est d’ordre politique. Le leader palestinien cherche un cadre international à travers lequel les Palestiniens pourraient obtenir un Etat indépendant. Sur ce point, les Etats-Unis et l’Europe ont deux visions discordantes : Donald Trump pense en effet pouvoir obtenir un « deal » en faisant pression sur les Palestiniens tandis que l’Europe considère ces derniers comme « les plus faibles » et qu’il revient à Israël de faire des concessions.
Il y a tout juste un an, le 15 janvier 2017, la France, par la voix de son ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, organisait une conférence pour la Paix au Proche-Orient à Paris. Toutefois, l’absence des deux parties a inévitablement rendu vaine toute déclaration, tandis que la participation de pays qui pour beaucoup sont des ennemis déclarés d’Israël (la Ligue arabe et l’Organisation de la Conférence islamique), les disqualifiaient d’emblée pour s’ériger en juge ou en arbitre. En outre, la nécessité de délivrer une déclaration commune et pertinente, la présence d’acteurs comme la Russie qui a ses propres intérêts dans la région en combattant aux côtés de l’Iran, mais aussi de pays européens profondément divisés, ne pouvaient que laisser présager l’échec de cette conférence. Mais en un an, la donne a changé. Si le successeur de François Hollande, Emmanuel Macron, s’est récemment présenté en médiateur dans la région dans « l’affaire Saad Hariri », il demeure prudent sur le conflit israélo-palestinien. Lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou en marge du Forum économique mondial à Davos, mercredi 24 janvier, le président français a réaffirmé la position de la France concernant Jérusalem et le conflit israélo-palestinien, insistant sur le fait qu’il ne réagira pas à la déclaration américaine du 6 décembre par la reconnaissance d’un Etat palestinien. « J’ai toujours été très clair à ce sujet, je pense que ce que nous devons faire, c’est de travailler sur un plan de paix », a-t-il dit aux journalistes présents lors de la rencontre.
L’Europe n’est pas en mesure d’imposer ses conditions. Federica Mogherini n’a pas la confiance des Israéliens qui penchent naturellement du côté de Donald Trump. Le plan de paix promis par le président américain est toujours attendu et les Européens sont, pour l’heure, contraints de patienter.