L’Edito hebdomadaire du 4 Juillet 2022

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Moins d’une semaine après la dissolution de la Knesset et son accession au statut de Premier ministre, Yaïr Lapid se rendra à Paris mardi 5 juillet pour son premier voyage officiel. Il y rencontrera le Président Emmanuel Macron, une semaine avant la venue de Joe Biden en Israël pour sa première tournée au Moyen-Orient depuis son arrivée à la Maison-Blanche.

Si la marge de manœuvre de Yaïr Lapid semble limitée avec la perspective des nouvelles élections législatives en Israël le 1er novembre prochain, la mission qui lui incombe n’en est pas moins importante. « Les défis auxquels nous sommes confrontés ne prennent pas de pause parce que nous avons une élection dans quelques mois. Nous devons juguler l’inflationà un pic de 4% en rythme annuel, et faire face à l’Iran, ennemi juré d’Israël, et son allié le Hezbollah libanais », a-t-il déclaré récemment.

La question d’un possible nouvel accord entériné par Washington sur le programme nucléaire iranien sera donc naturellement  au coeur de la rencontre. Comme Premier ministre, Naftali Bennett avait prôné la « doctrine de la pieuvre » face à la République islamique, disant vouloir miner directement Téhéran plutôt que ses « tentacules » dans la région. Yaïr Lapid devrait tenir le même discours. Lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron en décembre dernier, le nouveau Premier ministre israélien avait évoqué la nécessité d’une alternative aux pourparlers. Il avait réaffirmé que seule une menace militaire crédible saurait stopper le programme atomique de la République islamique.

Les deux hommes se connaissent bien. Après la réélection du Président français, Yaïr Lapid avait déclaré : « Le Président Macron fait partiu des grands leaders centristes mondiaux et il est un ami sincère d’Israël. Nous allons continuer à travailler ensemble et à renforcer la coopération entre nos deux pays », avait-t-il ajouté.

Si l’affaire NSO Pegasus avait entaché les relations entre la France et Israël ces dernières années, les deux pays ont toujours réussi à maintenir un dialogue franc et direct. C’est pourquoi, au-delà des questions sécuritaires et diplomatiques, Yaïr Lapid a une carte à jouer lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, notamment autour de la question des Accords d’Abraham.

Lors de la conférence des Présidents à Jérusalem au mois de février, le Premier ministre israélien avait déclaré : « Aujourd’hui, le plus important qu’il y a à faire, l’outil le plus déterminant pour convaincre d’autres pays à intégrer les Accords d’Abraham, c’est de transformer ces accords en succès incontestables ».

Pour l’heure les manifestations d’enthousiasme de la France et de l’Europe ont plutôt été timides et il est fort probable que Yaïr Lapid aura à coeur de convaincre Emmanuel Macron de la nécessité de s’engager davantage dans la promotion de ces accords historiques qui sont bien plus que de simples accords de paix. Ils sont une matrice qui pourrait inspirer d’autres régions du monde.

Alors que la guerre en Ukraine a accéléré le réalignement des puissances régionales, l’Europe doit désormais prendre position et peser de tout son poids dans ce nouvel environnement géopolitique.

La France et l’Europe gagneraient à renforcer leurs relations avec Israël qui est un acteur stratégique clé du Moyen-Orient. Engagé depuis toujours dans la lutte contre le terrorisme et l’islam radical, il est aujourd’hui le seul allié fiable, à même de défendre les valeurs démocratiques, garantes de paix et de stabilité.

L’enjeu est donc de taille pour Yaïr Lapid. Inscrire Israël au cœur de la stratégie diplomatique française n’est pas une mince affaire mais il faut reconnaître que ces dernières années, les relations entre les deux pays se détendues et pacifiées du fait d’une meilleure perception par la France des menaces communes.