Iran: Macron continue d’œuvrer à une désescalade (Isabelle Lasserre – Le Figaro)

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on print
Share on email

Alors que s’ouvre l’Assemblée générale de l’ONU, les tensions ont éloigné l’espoir d’un accord entre Téhéran et Washington.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’initiative française, qui en août à Biarritz avait créé l’espoir d’un tête-à-tête entre Donald Trump et son homologue iranien, Hassan Rohani, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, a désormais du plomb dans l’aile. Emmanuel Macron, qui se démène depuis plusieurs mois pour obtenir une «désescalade» dans la crise iranienne et sauver l’accord de Vienne sur le nucléaire, avait réussi un beau coup diplomatique en invitant au G7 le ministre des Affaires étrangères de la République islamique, Mohammad Javad Zarif.

Mais tous les efforts de la médiation française, en pointe sur le dossier du nucléaire iranien depuis le début des années 2000, ont été pulvérisés par les attaques de drones et de missiles, imputés plus ou moins directement à l’Iran, contre deux installations pétrolières saoudiennes, le 14 septembre. «On n’exclut rien. Mais la perspective d’une rencontre entre Trump et Rohani cette semaine à New York est devenue peu probable», confirme un diplomate. L’heure n’est plus à l’apaisement. Les Saoudiens auraient fourni aux Américains des preuves de l’implication de l’Iran dans les attaques contre le royaume. La Maison-Blanche a annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran. «Et même si Donald Trump, qui est sûr de ses instincts, peut décider seul de rencontrer Rohani, même au dernier moment, s’il le désire, le président iranien ne bénéficie pas de la même liberté au sein de l’administration iranienne» poursuit le diplomate.

« Nous sommes engagés dans une course contre la montre. Plus le temps passe, plus l’accord sur le nucléaire s’affaiblit»

Une source à l’Élysée

Malgré ce contexte défavorable, la France entend poursuivre ses efforts à New York. Elle veut, pendant l’Assemblée générale des Nations unies, «consolider» sa démarche, qui consiste à obtenir un relâchement de la pression financière américaine pour convaincre les Iraniens de respecter à nouveau leurs engagements dans l’accord de Vienne, qui se détricote dangereusement. Si l’Iran, qui promet de nouvelles violations début novembre, met ses menaces à exécution, le délai qui sépare le pays de la bombe se réduira une nouvelle fois. «Nous sommes engagés dans une course contre la montre. Plus le temps passe, plus l’accord sur le nucléaire s’affaiblit», explique une source à l’Élysée.

Le sentier iranien emprunté par la diplomatie française a toujours été escarpé et semé d’embûches. Depuis l’attaque contre l’Arabie saoudite, il s’est encore rétréci. Mais Paris veut croire qu’il existe encore «des éléments pour une possible désescalade». La relative «retenue» de l’Administration américaine, qui pour l’instant semble avoir privilégié une solution diplomatique à la crise, en est un. L’«embarras» du prince saoudien MBS, qui selon une source diplomatique «n’a ni la volonté ni les moyens de l’escalade», en est un autre. Comme l’est aussi la conviction que la pression subie par l’Iran est «difficilement tenable» pour le pays. À New York, les responsables français joueront encore une fois les médiateurs entre Donald Trump et Hassan Rohani. Emmanuel Macron doit rencontrer les deux présidents dans des réunions bilatérales. L’Assemblée générale de l’ONU sera aussi l’occasion «d’élargir le soutien international» à l’initiative française. Il s’agit de réaffirmer l’unité de l’Europe mais aussi de resserrer les rangs avec la Chine, la Russie, l’Inde et le Japon.

Il est fréquent que les grandes crises internationales se réchauffent juste avant l’Assemblée générale des Nations unies. «Les Iraniens testent la limite des Américains et constatent que la réponse est incertaine», décrypte une source à l’Élysée. La tension retombera-t-elle à New York? Rien n’est moins sûr. Dénonçant le déploiement de nouvelles forces américaines dans le Golfe, l’Iran a annoncé son intention de présenter à l’ONU un plan de coopération avec les pays de la région pour assurer la sécurité du Golfe. L’attaque contre l’Arabie saoudite, menée par des missiles, a en outre rappelé les avancées du programme balistique iranien au cours des dernières années. «Emmanuel Macron avait inclus dès 2018 la question des missiles dans l’accord à trouver avec l’Iran. Il faudra sans doute faire porter l’effort là-dessus», prévient un diplomate. Entre le temps long des Iraniens et le temps court des démocraties occidentales, le compromis est souvent difficile à trouver. Et comme l’a dit un jour Emmanuel Macron: «On ne peut pas forcer les gens qui ne veulent pas négocier à négocier…»