En pleines négociations avec Israël pour une nouvelle trêve, le groupe terroriste a publié ces derniers jours trois vidéos d’otages israéliens en vie, mettant ainsi la pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou.
Par Salomé Vincendon – Le Parisien
Durant environ quatre minutes, on voit l’Israélien Elkana Bohbot, visiblement éprouvé, assis avec une couverture sur les genoux, un mur en béton en arrière-plan, parlant a priori avec des membres de sa famille sur un téléphone filaire. Cette mise en scène, diffusée samedi par la branche armée du Hamas, a remué la société israélienne. Elle fait suite à deux autres vidéos d’otages publiées en une semaine.
Mercredi, ce sont des images de l’otage israélo-allemand Rom Braslavski qui avaient été diffusées par le Djihad islamique et, samedi dernier, c’est l’Israélo-Américain Edan Alexander qui apparaissait sur une vidéo publiée par le Hamas.
Ce n’est pas la première fois que de telles images sont diffusées. Il s’agit même de la troisième vidéo d’Elkana Bohbot, la précédente remontant au 29 mars. Mais leur multiplication, ces derniers jours, intervient alors que les négociations pour un nouvel accord piétinent. La dernière proposition de trêve partielle de l’État hébreu a été rejetée par le Hamas, qui refuse la demande de désarmement et réclame le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza.
Proposition que Benyamin Netanyahou rejette. Pour le Premier ministre israélien, seule la pression militaire peut forcer le Hamas à rendre les otages enlevés.
Montrer que des otages sont « encore vivants »
Face aux bombardements constants de l’armée israélienne « et à la stratégie jusqu’au- boutiste de Netanyahou, les seuls éléments que le Hamas a dans la balance pour exister, ce sont les otages », analyse auprès du Parisien Sébastien Boussois, spécialiste du Moyen-Orient. L’objectif du groupe terroriste est « de montrer qu’il y en a encore des vivants » et « de donner des gages pour éviter le déluge sur Gaza », selon l’expert.
« Le Hamas n’a jamais été aussi faible, militairement mais aussi face à la population gazaouie », abonde Adel Bakawan, directeur du European Institute for Studies on the Middle East and North Africa (EISMENA), rappelant que des manifestations contre le groupe terroriste ont eu lieu dans l’enclave palestinienne. Les otages sont aujourd’hui « le seul moyen de pression qui reste à leur disposition. »
Le Hamas a d’ailleurs déclaré être sans nouvelle de l’un des otages montré en vidéo, Edan Alexander. Il a annoncé avoir « perdu le contact » avec le groupe qui détient l’Israélo- Américain après un bombardement israélien sur l’endroit où l’otage et ses geôliers se trouvaient.
Sur 251 personnes enlevées lors de l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 58 sont toujours otages à Gaza, dont 3 4 sont mortes, selon les dernières données de l’armée israélienne.
Le Hamas « parle directement à la société israélienne »
Les publications des vidéos d’otages ont fortement remué la société israélienne, de plus en plus critique de la gestion de la guerre à Gaza par le gouvernement israélien. « Nous sommes profondément choqués et dévastés », ont déclaré les proches d’Elkana Bohbot auprès du Forum des familles après la diffusion de la vidéo. Se disant « extrêmement préoccupés par l’état physique et mental d’Elkana », ils ont appelé « toutes les personnes concernées à rapatrier immédiatement (les otages) et à mettre fin à leurs souffrances, à nos souffrances en tant que familles et à celles du peuple juif dans le monde entier. »
Avec ces vidéos, le Hamas « parle directement à la société israélienne », souligne Adel Bakawan, rappelant qu’une majorité d’Israéliens « pense qu’il faut absolument tout faire pour libérer les otages. »
De son côté, le Premier ministre israélien s’est dit convaincu samedi de pouvoir ramener les otages « sans céder aux diktats » du Hamas et a affirmé que le conflit était entré « dans une phase décisive ». En réponse à ces propos, le Forum des familles d’otages a réclamé un accord pour obtenir le retour de leurs proches.
« Il y a une solution claire, faisable et urgente, qui peut être réalisée dès maintenant : conclure un accord qui permettra de ramener tout le monde à la maison, même si cela implique de mettre fin aux combats ».