Israël indigné par des menaces de sanctions de l’UE

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Israël a dénoncé, ce lundi, les déclarations de Jean-Noël Barrot, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, qui a estimé « légitime » une possible révision de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, à la suite de la guerre à Gaza.

Par Pascal Brunel

« Déception et amertume ». Telle a été la réaction d’un diplomate israélien aux propos de Jean-Noël Barrot sur un possible recours, par l’Union européenne (UE), à l’arme économique afin d’exercer des pressions sur l’Etat hébreu afin qu’il relâche son étau autour de la bande de Gaza. Le chef de la diplomatie française a estimé, pour la première fois, que la demande des Pays-Bas visant à réviser l’accord d’association entre l’UE et Israël en vigueur depuis l’an 2000 est « légitime ».

Il a justifié cette position en qualifiant de « catastrophique » la situation des 2,2 millions de Gazaouis privés, depuis deux mois par l’armée israélienne, d’aide humanitaire sous forme de nourriture, d’eau, de médicaments. Selon le ministre, de telles sanctions sont susceptibles de constituer une violation d’un des articles de l’accord portant sur le nécessaire respect des droits humains.

Pour Israël, le coup est dur à encaisser. Depuis des années, des dizaines d’ONG de défense des droits de l’Homme, dont certaines sont ouvertement pro palestiniennes, militaient en faveur d’une annulation de cet accord. Désormais, cette position semble prête à passer au niveau supérieur d’Etats, qui ne sont pourtant pas considérés comme fondamentalement hostiles à Israël.

Dépendance économique à l’UE

Une telle sanction remettant en cause l’exemption de la plupart des droits de douane ou de tarifs préférentiels concédés aux exportations israéliennes ne manquerait pas d’ébranler l’économie de l’Etat hébreu. Celle-ci est en effet très dépendante de l’Union européenne, son principal partenaire commercial, qui assure à lui seul quasiment un tiers des échanges commerciaux israéliens. Les ventes israéliennes de produits et de services ont atteint 24,4 milliards d’euros en 2024 et portent notamment sur des produits agricoles, des médicaments, du matériel médical, des produits chimiques et des diamants.

Israël est, en outre, de loin le principal pays non-membre de l’UE à bénéficier des programmes de recherche et d’innovation financés par l’UE. Ces aides en faveur d’Israël ont atteint 1,2 milliard d’euros ces dernières années et contribué à booster de nombreux budgets de développement.

Plusieurs grosses entreprises israéliennes ou d’origine israélienne sont également solidement implantées, y compris sous forme d’unités de production, dans plusieurs pays de l’UE, tels le groupe Teva, spécialisé dans les médicaments génériques, Waze, une application de navigation routière qui bénéficie d’un accès aux données de circulation européenne, ou Netafim, une firme spécialisée dans l’irrigation au goutte-à-goutte informatisée. Une remise en cause des relations entre Israël et le Vieux Continent constitue donc un véritable péril, ce qui explique la réaction à fleur de peau de responsables israéliens.

Importation du conflit israélo-palestinien

« Nous ne comprenons pas la position de la France alors que tout le monde sait qu’Israël se bat contre le Hamas, une organisation terroriste que l’Union européenne considère d’ailleurs elle-même comme telle. Dans ces conditions, sanctionner Israël ne pourrait que constituer un encouragement accordé au Hamas, et ne manquerait pas d’avoir des répercussions notamment en France auprès d’éléments extrémistes et islamistes violemment anti-israéliens », ajoute le diplomate, faisant allusion à une possible importation du conflit israélo- palestinien en Europe.