Guerre à Gaza : leaders, équipement, combattants… que reste-t-il du Hamas qu’Israël veut anéantir ?

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Par Enzo Guerini
Le Parisien


Tous les traquer, dans leurs terres ou à l’étranger. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, Israël ne jure plus que par l’anéantissement du Hamas, de son plus haut gradé au simple combattant. Un objectif ultime martelé par Benjamin Netanyahou et certains de ses ministres pour justifier le maintien des opérations militaires dans la bande de Gaza, et ce malgré les multiples pressions internationales pour y mettre fin.

Dimanche, l’État hébreu a assuré avoir tué Abou Obeida, le porte-parole des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas. Le mouvement islamiste palestinien n’a pas encore confirmé cette information. Il a, en revanche, reconnu la disparition de Mohamed Sinouar après une frappe de l’armée israélienne en mai dernier. Il était le chef du Hamas dans l’enclave palestinienne depuis l’assassinat de son frère et prédécesseur Yahya Sinouar, en octobre 2024.

« Il reste aujourd’hui entre deux et quatre bataillons du Hamas à Gaza »

En moins de deux ans, Israël a éliminé les principaux dirigeants de son ennemi juré. Ismaïl Haniyeh, le chef politique du mouvement, et Mohamed Deif, à la tête des brigades al-Qassam, s’ajoutent aux frères Sinouar. Désormais, le plus haut placé du mouvement dans la bande de Gaza serait, selon la presse américaine et israélienne, Izz al-Din al-Haddad. Ce cinquantenaire pilotait les combats du Hamas dans le nord de l’enclave depuis novembre 2023. En parallèle, le mouvement palestinien aurait perdu au moins 20 000 hommes sur le terrain, selon les chiffres fournis par Tsahal.

Malgré cela, le Hamas n’est pas entièrement démantelé et tente de résister aux assauts de l’armée israélienne. « Il reste aujourd’hui, selon les dernières estimations, entre deux et quatre bataillons du Hamas à Gaza », relève Amélie Férey, spécialiste du conflit israélo-palestinien à l’Ifri (Institut français des relations internationales). Le nombre exact de combattants reste cependant difficile à quantifier.

Cette capacité à renouveler les effectifs militaires s’explique par le « bassin de recrutement colossal » dont bénéficie le mouvement. « Il y a des centaines de milliers d’hommes qui sont capables de les rejoindre, motivés par une colère grandissante contre Israël », confirme Michel Goya, ex-militaire et auteur de L’embrasement, comprendre les enjeux de la guerre Israël-Hamas (Perrin/Robert Laffont).

« Démanteler les dernières petites poches du Hamas » à Gaza-Ville

Néanmoins, les bataillons restants ne disposent pas de la même force de frappe militaire qu’au début du conflit. « Ils ont très peu d’équipement et leurs nouvelles recrues n’ont jamais tenu de fusil », détaille Amélie Férey. « De plus, l’armée israélienne a éliminé la menace des tirs de roquette » en neutralisant l’arsenal du Hamas, appuie de son côté Michel Goya.

Tsahal a déclaré vendredi « zone de combat dangereuse » la ville de Gaza, considérée par l’État hébreu comme l’un des derniers bastions du Hamas et de ses milices alliées, comme le Djihad islamique. « L’objectif de l’opération est de démanteler les dernières petites poches du Hamas afin de les empêcher de recruter des personnes et de les réentraîner au combat », explique Amélie Férey. Une manière, aux yeux de l’experte, de couper les dernières racines du mouvement, mais aussi de ramener les otages encore à leurs mains.

Quid de la délégation en exil à Doha ?

Dimanche, l’armée israélienne a aussi assuré qu’elle visera les dirigeants du Hamas résidant à l’étranger. Khaled Mechaal, un des leaders politiques du mouvement, est en exil au Qatar avec ses bras droits Khalil al-Hayya, Bassam Naïm, Nizar Awadallah et Mohammed Ismaël Darwich. Ils apparaissent, au vu des dernières déclarations de Tsahal, comme les prochaines cibles.

Mais pour Amélie Férey, l’État hébreu ne devrait pas frapper Khaled Mechaal, simplement « parce qu’il est dans un pays étranger avec lequel Israël ne veut pas rentrer en guerre ». Le rôle de médiateur de Doha depuis le début du conflit semble trop précieux pour que Netanyahou et son cabinet de guerre franchissent cette ligne rouge. « Je pense qu’ils n’hésiteront pas à le faire », parie de son côté Michel Goya.