Geoffroy Antoine – Le Journal du Dimanche – 3 août 2025
INGÉRENCE. Financées par l’Europe, parfois proches de groupes terroristes, plusieurs ONG pro-palestiniennes mènent en France et à Bruxelles une guerre d’influence contre Israël. Sous couvert de droit international, elles importent le conflit du Proche-Orient jusqu’au cœur de l’Hexagone.
L’importation du conflit israélo-palestinien, entretenue par des ONG troubles, enflamme une partie de la jeunesse de France.
Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine devant les Nations unies en septembre, emboîtant le pas à l’Espagne et à l’Irlande. Il évoque un « devoir moral » et durcit le ton envers Israël, accusé d’orchestrer une famine dans la bande de Gaza en restreignant l’accès des Gazaouis à l’aide humanitaire.
La France ne fait pas cavalier seul. Partout en Europe, des voix s’élèvent contre la politique de Benjamin Netanyahou. Derrière ces tensions diplomatiques, l’impossibilité de trouver un accord de paix entre le Hamas et Israël agace les chancelleries européennes. Mais dans l’ombre, une vaste campagne de lobbying orchestrée par toute une galaxie d’ONG de soutien à la Palestine, combattant sur le terrain juridique et institutionnel, cherche à abîmer les relations entre l’Europe et l’État hébreu.
Bruxelles la généreuse
À Bruxelles, dans les couloirs de la Commission européenne, la bataille fait rage. L’accord d’association entre l’UE et Israël, en vigueur depuis vingt-cinq ans, est au centre de toutes les attentions. Trois ONG — la Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine, Ekö et WeMove Europe — soutenues par une centaine d’associations pro-palestiniennes, mènent la charge et ont obtenu de l’Union européenne qu’elle réexamine l’accord. Lobbying auprès des eurodéputés, campagnes d’emailing visant des milliers de journalistes, manifestations massives en Belgique et en Allemagne : les moyens déployés sont immenses.
Parmi leurs soutiens financiers, Ekö et WeMove Europe perçoivent de généreuses donations de l’Open Society Foundations, créée par George Soros. Le philanthrope, connu pour ses positions critiques à l’égard d’Israël, alimente en millions de dollars des dizaines d’ONG internationales et palestiniennes. Mais les financements ne proviennent pas uniquement de fonds privés : l’Union européenne elle-même subventionne des campagnes de communication visant à faire reconnaître l’existence d’un génocide à Gaza.
Récemment, les organisations B’Tselem et Physicians for Human Rights ont publié deux rapports évoquant la « réalité » d’un « génocide » commis par l’armée israélienne. À elles seules, elles ont touché plus de 7 millions d’euros de la Commission européenne depuis 2014.
Des amitiés particulières
Mais si le droit européen est devenu le terrain de jeu des juristes et des ONG pro-Palestine, le véritable problème se situe ailleurs. Car plusieurs de ces organisations, sous couvert de respectabilité institutionnelle, ont des accointances avec des groupes armés, notamment le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), reconnu comme organisation terroriste par les États-Unis et l’UE, et qui a activement participé aux massacres du 7 octobre 2023.
D’après nos informations, trois ONG membres de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) accueillent en leur sein des personnalités proches du FPLP. Parmi elles, l’organisation Al-Haq, dirigée par Shawan Jabarin, membre du groupe terroriste. Particulièrement actif dans le combat juridique contre Israël, Jabarin fut l’un des principaux conseillers de l’Afrique du Sud lors du procès intenté à Israël à La Haye en 2024.
En 2017, il participait à une conférence de « réconciliation des factions palestiniennes » aux côtés de Yahya Sinouar, feu le dirigeant du Hamas. En 2019, 2020 et 2021, il a multiplié les événements commémoratifs organisés par le FPLP, parfois en hommage à des terroristes tués par Tsahal. Il a également été photographié en compagnie de Qais Abd al-Karim, président du Front démocratique pour la libération de la Palestine, sanctionné par les États-Unis.
Autre organisation : Al Mezan, dirigée par Issam Younis, également photographié aux côtés de Sinouar. Al Mezan lutte sur le terrain juridique contre Israël, financé par l’Open Society et l’Union européenne. Il fait partie du consortium d’ONG ayant saisi la Cour de justice internationale (CJI) et la Cour pénale internationale (CPI) pour faire condamner Israël.
Le Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), également subventionné par l’Europe et la France, multiplie les collusions avec le FPLP, au point que son président, Raji Sourani, fut publiquement honoré en 2014 par l’organisation terroriste.
Des ONG pro-Palestine aux frais du contribuable
En Europe, la France se montre particulièrement complaisante envers ces ONG, notamment celles affiliées à la FIDH, dont le siège est à Paris. Contactée, cette dernière n’a pas souhaité répondre aux questions du JDD. Elle a pourtant perçu plus de 7 millions d’euros de subventions européennes, et 6 millions d’euros de l’Agence française de développement. Des fonds qui pourraient in fine bénéficier à Al-Haq, PCHR ou Al Mezan.
L’Allemagne, elle, a cessé tout financement public envers Al-Haq. Son président est interdit de territoire en Jordanie. En Suisse, le PCHR s’est vu couper ses financements fédéraux pour « apologie de la violence ».
Le laxisme de la France
En France, les ONG pro-palestiniennes se multiplient, souvent aux frais du contribuable, et bénéficient d’une politique particulièrement laxiste. L’organisation Samidoun, reconnue comme terroriste au Canada, aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas, ne souffre d’aucune entrave juridique dans l’Hexagone.
Un terrain propice pour l’importation du conflit israélo-palestinien, devenu sujet d’État et potentielle source de troubles à l’ordre public. En France et en Europe, ce sont près d’une centaine d’ONG qui œuvrent chaque jour à la défense de la Palestine — auprès des citoyens comme des décideurs publics.
Et chaque jour un peu plus, le conflit du Proche-Orient déborde sur la vie politique française.