« C’est ma fille ! » : en Israël, l’émotion des familles d’otages

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En Israël, la joie, l’espoir et le soulagement ont uni la population rassemblée pour soutenir les familles de Romi, Emily et Doron, libérées après 471 jours aux mains du Hamas.

En novembre 2023, lors de l’accord qui avait permis la libération de 105 otages, les familles étaient priées d’attendre patiemment leurs proches – pères, sœurs, enfants et grands-parents – dans la chambre d’hôpital prévue pour les accueillir. Après, donc, la rencontre avec les soldats, le voyage en hélicoptère jusqu’à l’hôpital et un tout premier accompagnement par le personnel médical.

Meirav Leshem Gonen, la mère de Romi, avait prévenu au préalable que les choses se passeraient cette fois différemment. « Je ne vois pas comment des étrangers pourraient être ceux que Romi verra en Israël avant de voir sa famille… C’est ma fille. Je lui ai donné naissance, et là, c’est un peu comme une nouvelle naissance », avait-elle déclaré sur un plateau télé il y a quelques jours.

Elle savait en effet l’importance de sa présence aux côtés de sa fille dès son arrivée en lieu sûr en Israël, puisque, selon les membres de Tsahal présents pour réceptionner Romi des mains du personnel de la Croix- Rouge, qui ont assuré le transfert entre le Hamas et Israël pour ces libérations opérées dans le territoire de Gaza, Romi aurait immédiatement demandé : « Où est ma mère ? Où est ma mère ? »

Elle était bien là, à Réïm, dans un espace d’accueil temporaire érigé par l’armée, totalement hermétique, pour y administrer les premiers soins médicaux si nécessaire, tout en s’assurant du respect de la vie privée des trois jeunes femmes et de leurs mamans. À quelques mètres, des dizaines de journalistes mais aussi des citoyens et citoyennes présents pour soutenir les otages devenues à nouveau des femmes libres et partager l’émotion immense du moment.

Une place des Otages sous les larmes

Romi, âgée de 24 ans, Emily, de 28 ans, et Doron, de 31 ans, sont les trois premiers otages à retrouver leur liberté dans le cadre de l’accord de libération des otages et du cessez-le-feu obtenu mercredi 15 janvier entre l’organisation terroriste et Israël.

Les dernières minutes de leur calvaire et les retrouvailles avec leurs proches, en Israël, ont plaqué les Israéliens à leurs écrans tout l’après- midi et durant la soirée. À 19 heures (heure locale), le câblo-opérateur HOT faisait savoir que l’audience des dernières heures battait tous les records de ces six derniers mois. Plus de téléspectatrices et de téléspectateurs, donc, que lors de l’assassinat de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, ou bien lors de la chute historique du « boucher de Damas », Bachar el-Assad.

Nombreux sont ceux qui ont afflué sur la place des Otages à Tel-Aviv pour vivre ensemble, côte à côte, ces instants tant attendus et souhaités, ressentis par certains comme inespérés. D’autres ont choisi de se rendre jusque devant l’hôpital Sheba Tel Hashomer, en banlieue de Tel-Aviv, où les trois jeunes femmes ont retrouvé leurs familles et ont passé leur première nuit de femmes libres. Au kibboutz Ruhama, la joie des amis d’Emily réunis pour suivre ensemble sa libération effuse. Ils chantent en chœur : « Emily rentre à la maison. » L’un d’eux s’emporte et lève la journaliste présente sur ses épaules. L’interview incongrue continue, sous les rires des amis présents et collègues en plateau, tous ivres de joie et de soulagement.

Des retrouvailles émouvantes

Les familles ont partagé avec le grand public les photos des premiers instants, des premières embrassades après des mois d’agonie. Romi Gonen, souriante, y est vue enlacée dans les bras et sur les genoux de sa maman, en position fœtus, comme un bébé. Doron pleure, effondrée

sur l’épaule de sa maman. Et Emily, souriante aux côtés de la sienne, parle via une conversation vidéo avec son frère. Elle lève la main et lui montre ce que l’on découvre pour la première fois : il lui manque deux doigts. Elle les a perdus lors de son enlèvement le 7 octobre 2023.

« Après 471 jours, Emily est enfin à la maison. Nous tenons à remercier du fond du cœur tous ceux qui se sont battus sans relâche pour Emily tout au long de cette période difficile », a déclaré la famille Damari dans un communiqué.

La famille de Doron Steinbrecher remercie elle aussi le peuple d’Israël « pour son étreinte chaleureuse, le soutien indéfectible et la force [qu’il leur a] donnés dans les moments les plus difficiles », ainsi que le « président Trump pour son implication et son soutien, qui ont été très significatifs pour [eux] ». Puis elle souligne le défi à venir : « Notre héroïne, Dudo, qui a survécu 471 jours dans les sous-sols du Hamas, commence aujourd’hui son chemin de réhabilitation. »

Et puis cette phrase de cette solidarité pour ces 95 autres familles encore torturées par la crainte de ne plus revoir leurs proches ou bien de ne jamais récupérer leurs corps : « Nous continuerons à soutenir toutes les familles et à faire tout ce que nous pouvons jusqu’à ce que tous leurs proches rentrent chez eux. »

En effet, si la libération de ces trois femmes apporte un immense soulagement et l’espoir notamment aux familles qui devraient retrouver les leurs samedi prochain et les cinq semaines suivantes, elle ravive aussi l’angoisse des celles dont la libération des proches n’est prévue que lors de la deuxième phase de l’accord, menacée par la fragilité de la situation sur le terrain et les pressions imposées par les membres du gouvernement Netanyahou, qui s’opposent à la fin des combats avant que le Hamas ne soit anéanti.

Les images des hommes armés jusqu’aux dents et orchestrant la libération des trois Israéliennes menées à bord de Toyota blanches, véhicules de la mort utilisés pour envahir Israël un samedi matin de fête juive, ont-elles provoqué malaise et colère, relégués au second rang face à ces moments de joie mais qui feront sans aucun doute l’objet des discussions des prochains jours en Israël ? Le Hamas, certes affaibli, est toujours sur pied à Gaza. Les objectifs de guerre définis par le gouvernement israélien – l’effondrement politique et militaire du Hamas – n’ont clairement pas été atteints.