Pour la seconde fois en trois ans, ELNET a organisé une délégation composée de 40 jeunes musulmans européens en Israël, en collaboration avec l’Imam Hassen Chalghoumi, président de l’association culturelle des musulmans de Drancy et de la conférence des imams de France. L’objectif était de montrer la réalité de la démocratie israélienne aux participants, de déconstruire les préjugés et de promouvoir les Accords d’Abraham auprès de représentants des communautés musulmanes française et belge.
Tout au long de la semaine, la délégation a découvert à la fois la diversité sociale et politique d’Israël ainsi que les problématiques sécuritaires auxquelles le pays doit faire face. Grâce aux rencontres de haut niveau programmées tout au long de leur séjour, les membres de la délégation ont pu établir un dialogue constructif et fructueux avec les représentants de la société civile et ceux des mondes religieux et politique.
Mercredi 6 juillet, la délégation s’est rendue à la mosquée al-Aqsa pour prier et visiter le Dôme du Rocher avant de découvrir la Vieille ville de Jérusalem, le Saint Sépulcre et le Mur occidental et de se rendre sur le site archéologique de Ir David pour un déjeuner préparé par le chef Moshe Azran.
Plus tard dans la journée, les participants ont été reçus à la Knesset où ils se sont entretenus avec Mme Ruth Wasserman Lande, co-présidente du caucus pour la promotion des Accords d’Abraham, membre du parti Blanc Bleu de la coalition gouvernementale, et M. Yossi Taieb, député francophone du parti religieux, Shas, qui siège dans l’opposition.
Au cours de l’échange avec la députée, les questions régionales ont été évoquées. Ruth Wasserman Lande s’est félicitée de la nouvelle dynamique dont bénéficie le Moyen-Orient en évoquant les changements dans les manuels scolaires qui jusqu’à récemment pouvaient inciter à la haine d’Israël. Il a été souligné que les Accords d’Abraham auront permis un réchauffement de la paix déjà établie avec l’Egypte il y a plus de 40 ans.
Mme Wasserman Lande a déclaré que les relations régionales d’Israël avaient été prises en otage par la question du conflit israélo-palestinien et que les Accords d’Abraham avaient changé la donne. Pour la première fois cette année, une cérémonie en mémoire de la Shoah s’est déroulée au Caire. Elle a également noté plus de courage politique et a rappelé qu’Israël attachait beaucoup d’importance à la coopération régionale sur de nombreux dossiers tels que la sécurité alimentaire ou encore la gestion des ressources. Sur la question des relations avec les Palestiniens, Ruth Wasserman Lande a déclaré qu’il n’était pas impossible de parvenir à la paix mais que les circonstances actuelles ne facilitaient pas le dialogue.
La discussion avec Yossi Taieb a porté sur les relations avec les partis arabes qui siègent à la Knesset et sur la diversité et la force de la démocratie israélienne. Premier élu à la Knesset né en France, il a expliqué qu’il concentrait ses efforts parlementaires sur le dossier de l’aide aux immigrants juifs de France.
Les jeunes participants ont ensuite rencontré des jeunes Israéliens qui participent à un programme « Coexistence » du Keren Hayessod à Jérusalem Est ouvert aux Israéliens de toutes confessions. Ce fût l’occasion d’apprécier la façon dont les jeunes générations se retrouvent autour de projets innovants et oublient les contentieux religieux.
Après le diner, une conférence de M. Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Université ouverte d’Israël a clôturé la journée. Au cours d’un échange passionné et très franc, le Pr. Charbit a retracé l’histoire d’Israël, celle des conflits avec ses voisins et des occasions manquées de parvenir à la paix. Eclairage indispensable pour les participants de la délégation, qui pour la grande majorité, ignoraient le contexte historique et les grands faits marquants du conflit israélo-palestinien.
Denis Charbit a évoqué les obstacles qui lui paraissent barrer le chemin de la paix : l’exiguïté du territoire, le fait que les deux parties soient intimement convaincues de la moralité de leur cause, et pas uniquement les responsables politiques, que chaque individu est convaincu qu’il détient à lui seul le droit à la terre des deux côtés ; et enfin que la méfiance rend illégitime toute revendication ou demande de l’autre partie.
Jeudi 7 juillet, la délégation s’est rendue à la Présidence de l’Etat d’Israël où elle s’est entretenue avec le secrétaire militaire, le Général Abou Karem et le conseiller du Président, S.E l’Ambassadeur Zvi Vafny. Ce dernier s’est exprimé (au nom du Président) pour accueillir la délégation et a rappelé les liens qui unissent la France et Israël.
Le Gén. Karem s’est exprimé sur 4 points : son rôle auprès du Président, le rôle et l’ambition du Président pour son mandat, la morale et les valeurs de l’armée israélienne et enfin le dossier de la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, en déclarant que personne n’était en mesure de dire précisément ce qui s’était passé, que le Chef d’Etat major avait tenté de mener une enquête transparente mais qu’il n’avait pas trouvé de partenaire avec lequel mener les investigations à bien. Sur la question palestinienne, il a estimé qu’il y avait beaucoup de points encourageants mais qu’il restait des problèmes à surmonter. Lorsque la confiance aura été restaurée, les obstacles pourront être surmontés.
Il a ensuite répondu aux questions qui lui étaient posées et a conclu ses propos par ces mots en s’adressant aux jeunes : « Le fait que vous ayez fait le voyage pour voir Israël de vos propres yeux, représente un espoir pour votre futur (celui des jeunes musulmans) en Europe mais aussi pour nous (Israéliens) dans cette région du monde ».
Une rencontre brève avec le Président de l’État d’Israël, M. Isaac Herzog a eu lieu, suivie ensuite d’une photo officielle.
Dans l’après-midi, la délégation s’est rendue dans la région du Shomron. Reçue au siège du Conseil régional de Samarie pour un déjeuner convivial autour de son Président M. Yossi Dagan, elle a ensuite rencontré Mme Yaël Shevach, veuve de M. le rabbin Raziel Shevach et M. Benjamin Horgen, veuf de Mme Esther Horgen (Franco-Israéliens victimes d’attaques terroristes) pour évoquer avec émotion la question du terrorisme et la force de résilience de la société israélienne.
À Amit, elle a visité les usines de l’industrie du Barkan Industrial Park, où le personnel est composé d’Israéliens et de travailleurs palestiniens qui bénéficient d’un salaire 4 à 5 fois supérieur que celui qu’ils toucheraient dans les territoires palestiniens.
La journée s’est poursuivie par une rencontre sur la base des trackers de Tsahal d’origine bédouine à Modiin, le long de la frontière avec la Jordanie où de nombreux trafics d’armes ou de drogue se déploient. Cette unité est majoritairement constituée de Druzes ou de Bédouins. Les échanges se sont déroulés en arabe et la question de l’intégration des minorités religieuses dans l’armée a été abordée.
En fin de journée, M. Khaled Abou Taome, journaliste arabe israélien indépendant a donné une conférence. Ardent défenseur de la liberté d’expression, il dénonce régulièrement les arrestations arbitraires des journalistes arabes par l’Autorité palestinienne.
Vendredi 8 juillet, la délégation s’est rendue à Yad Vashem, Mémorial de l’Holocauste pour une visite guidée et une cérémonie dans la crypte du souvenir.
En fin de matinée, la délégation s’est dirigée vers la Mer Morte pour découvrir le site de Massada, forteresse légendaire du désert de Judée. Site classé au patrimoine de l’UNESCO, le complexe a été construit sous Hérode 1er, l’architecture du lieu n’a d’égal que le symbolisme associé à sa légende.
Le groupe s’est ensuite rendu au bord de la Mer Morte, point le plus bas de la terre. Une première baignade pour la majorité des participants dans ce lac salé face aux montagnes jordaniennes.
Samedi 9 juillet, une visite dans le quartier arabe de Yaffo était organisée suivie d’un temps libre et d’un passage, pour ceux qui le souhaitaient à la Mosquée, en ce jour de l’Aid El Khebir.
La journée du 10 juillet a commencé par la visite de l’association Save a Child’s Heart à l’hôpital Wolfson, à la rencontre des enfants. Il s’agissait de faire découvrir un programme médical israélien qui a pour but de soigner les malformations cardiaques de jeunes patients des pays voisins (Territoires palestiniens, Syrie, Jordanie…), d’Afrique et de pays en développement. Les médecins soignent les enfants et forment les médecins des pays voisins afin qu’ils puissent opérer par la suite dans leurs hôpitaux respectifs.
La matinée s’est poursuivie au Start Up Nation Central (SNC) avec un briefing par son vice-président M. Jeremy Kletzkine sur les nouvelles opportunités de collaboration dans le cadre des Accords d’Abraham. SNC est une organisation indépendante à but non lucratif qui met en relation les dirigeants d’entreprises et de gouvernements avec l’éco-système de la technologie israélienne.
Le déjeuner a été l’occasion de rencontrer des officiers arabes de Tsahal et d’être briefé par le Lieutenant-Colonel Avihail Edery, porte-parole de Tsahal pour les pays arabes et le Lieutenant – Colonel (ret) Yonathan Conricus, ancien porte-parole de Tsahal en vue de la visite de terrain prévue le lendemain à la frontière libanaise et d’évoquer la menace du Hezbollah.
Après une visite des studios de la chaine d’informations en continu qui diffuse en français, en arabe et en anglais i24News et une rencontre avec son PDG, M. Frank Melloul pour discuter de la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien, un cocktail donné à la Résidence de France en présence des ambassadeurs de France et Belgique, S.E. Éric Danon et S.E. Jean-Luc Bodson, a permis à chacun de se retrouver dans un cadre convivial.
Le dernier jour, lundi 11 juillet, était consacré à la découverte du nord du pays. La visite de la vieille ville, du souk et de la citadelle croisée de Saint Jean d’Acre, ville mixte, ainsi qu’une rencontre avec la communauté musulmane de la ville étaient au programme. Une visite des tunnels du Hezbollah ainsi qu’un briefing sécuritaire à la frontière libanaise, juste avant un dîner druze traditionnel dans une famille à Pki’in, ont clôturé le voyage.
L’objectif principal de cette mission en Israël était de briser les stéréotypes, les préjugés et les tabous qui entravent la coexistence entre Juifs et Arabes en Israël et attisent la haine des Juifs en Europe. Les juifs et les musulmans partagent des valeurs communes qui devraient servir de base à la paix entre Israël et les Palestiniens.
Une semaine après le retour la délégation a été reçue par S.E l’Ambassadrice d’Israël Mme Yaël German pour un debrief du voyage.
MEDIAS
En français :
En anglais :
En hébreu :