Compte-rendu de la délégation Cyber 27-30 janvier 2019

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Pour la première fois en 11 ans, ELNET organisait une délégation exclusivement dédiée aux questions cybernétiques. Ce voyage avait pour ambition de montrer aux participants français l’écosystème israélien, ses clés de réussite, ses défis, ses attentes en matière de coopération.  Israël est considéré comme l’un des principaux pôles mondiaux d’expertise et d’innovation dans le domaine de la cybersécurité. Le secteur est constitué d’environ 350 entreprises parmi lesquelles quelques leaders mondiaux (Checkpoint, 1,5 Md$ de CA), de nombreuses startups et de centres technologiques de multinationales, principalement américaines (IBM, Paypal, Microsoft, Cisco, etc.).

Le programme, ponctué de rencontres de haut niveau, leur a fourni des éléments de compréhension et une vision approfondie des enjeux cyber auxquels Israël fait face. La délégation était composée de 5 députés membres du groupe d’étude sur la cybersécurité et la sécurité numérique : Mme Elise Fajgeles (LReM), également présidente du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, Mme Constance Le Grip (LR), M. Jean-Michel Mis (LReM), M. Jean-Luc Lagleize (LReM) et M. Guillaume Gouffier-Cha (LReM), ainsi que cinq chercheurs de l’IFRI (Institut français des relations internationales), spécialisés dans les questions de défense et cyber.

Au cours de cette visite de 4 jours, les questions cybernétiques ont été analysées sous plusieurs angles : stratégiques (rencontres avec des thinks tanks), politiques (rencontres avec des personnalités politiques impliquées dans le cyber), militaires (rencontres avec des officiers appartenant à des unités cyber), économiques (rencontres avec des entrepreneurs).

Diner d’accueil avec M. Iddo Moed, coordinateur cyber au ministère des Affaires étrangères

On ne peut comprendre les rouages de l’écosystème cyber israélien si l’on fait l’impasse sur sa situation géopolitique. Si Israël a développé une véritable industrie autour de la cybersécurité, c’est en effet et avant tout parce que le pays est depuis toujours la cible d’attaques terroristes et plus récemment de cyberattaques.

ELNET a organisé des rencontres avec d’éminents chercheurs du Jerusalem Institute for Strategic Studies (JISS)  pour discuter des enjeux stratégiques de défense. Prof. Ephraim Inbar, Dr. Jonathan Spyer, Dr. Emmanuel Navon, ont tour à tour dressé un état des lieux des menaces qui pèsent sur Israël et répondu aux questions des députés et des chercheurs. Il ressort que la quête hégémonique de l’Iran, ses tentatives de déstabilisation régionales, la professionnalisation du Hezbollah en Syrie, ont poussé Israël à investir dans les technologies de pointe pour maintenir une supériorité technologique sur ses ennemis.

La situation en Syrie a longuement été analysée. Dr. Emmanuel Navon perçoit la Syrie comme un microcosme des relations internationales qui fait ressortir le conflit entre les chiites et les sunnites et révèle l’implosion du Moyen-Orient. Il explique que dans un tel contexte, Israël craint de voir se créer un nouvel Etat palestinien condamné à être instable. Les questions énergétiques et le rôle de la Turquie dans la région ont également été discutés.

La délégation a eu l’opportunité d’assister à la conférence annuelle de l’INSS (Institute for National Security Studies) qui organisait une table-ronde avec – entre autres – le général David Petraueus, ancien directeur de la CIA, gen. Maj. Amos Yadlin, ancien directeur d’Aman (renseignement militaire israélien), François Heisbourg, conseiller du président de la Fondation pour la recherche stratégique.

Les participants ont eu l’occasion de comprendre plus concrètement les enjeux géostratégiques auxquels est confronté Israël en se rendant à la frontière avec la bande de Gaza où ils ont pu bénéficier d’un briefing militaire.

Des soldats de Tsahal leur ont présenté le système Iron Dome, l’occasion de faire un point sur les systèmes de défense aérienne israéliens. Peu après, les députés et les chercheurs se sont rendus dans une base de cyberdéfense nationale pour assister à un exercice avant de se rendre à la Kyria (ministère de la défense) pour rencontrer le directeur des affaires politico-militaires.

Pour comprendre l’impact des menaces sécuritaires sur la population civile, la délégation a  rencontré les habitants d’un Mochav à la lisère de la bande de Gaza. Cible d’attaques à la roquette depuis de nombreuses années, cette communauté a mis en place des dispositifs de protection pour pouvoir vivre sous la menace permanente, érigeant même un mur de sécurité pour éviter les infiltrations.

Ce déplacement en Israël a également été jalonné de rencontres politiques avec Ofer Shelah, député du parti centriste Yesh Atid, membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, membre de la sous-commission cyber, et Elie Elalouf, président du groupe d’amitié Israël-France à la Knesset. Les députés français ont pu échanger avec leurs homologues israéliens sur les politiques de leurs pays en matière de cybersécurité et la nécessité de renforcer les coopérations bilatérales et multilatérales.

La délégation a également pu s’entretenir avec des acteurs économiques de la cybersécurité avec notamment Yochai Corem, CEO de Cyberbit, société de cybersécurité appartenant au groupe Elbit System, et Jérémie Kletzkine, vice-président du développement commercial de Start Up Nation Central, une ONG qui fait le pont entre les start-ups et les investisseurs. Ce dernier a présenté le bilan 2018 d’Israël en matière de cybersécurité.

Enfin, au terme du séjour, la députée Constance Le Grip était invitée à s’exprimer sur les questions de cyber-diplomatie à CyberTech, un salon international qui réunit des acteurs cyber du monde entier, des multinationales de premier plan, des PME, des start-ups, des investisseurs privés et corporatifs, des sociétés de capital-risque, des experts et des clients.

La cybersécurité est un levier majeur de la coopération bilatérale, un véritable outil diplomatique. Israël constitue un modèle inspirant pour la France et l’Europe en ayant constitué un écosystème vertueux qui lie tous les acteurs de la société. C’était là l’enjeu de cette délégation. Montrer aux acteurs politiques et aux analystes qui les influencent que la France et l’Europe peuvent jouer un rôle constructif au Moyen-Orient, en développant et facilitant les partenariats dans une multitude de domaines d’intérêt commun. Nul doute de ce point de vue que la mission a été remplie.