Cet ancien militaire a vu « l’horreur absolue » en Israël

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ROLAND GILLES. Le général Gilles raconte son séjour en Israël. Conférence publique ce jeudi 3 avril à I’INU Champollion (bâtiment Jean Jaurès, amphi 3).

Ancien directeur général de la gendarmerie nationale et ancien Ambassadeur de France à Sarajevo livre au « Journal d’Ici » son témoignage après son récent séjour en Israël.

Quel était le but de ce voyage ?

Je suis parti une semaine, fin février, à l’invitation d’une organisation non gouvernementale au sein d’une mission, réunissant des experts militaires internationaux. Toutes les portes nous ont été ouvertes, avec pour objectif, considérant que nous avons un peu la faculté d’être des relais d’opinion, de nous inviter à constater la réalité de la situation à tous égards dans le sud d’Israël et à Gaza.

Nous sommes allés sur tous les lieux du massacre du 7 octobre, avec tous les commentaires nécessaires pour nous expliquer ce qui s’était passé. Nous avons eu des contacts avec les états-majors militaires et avec les services de renseignements israéliens. Nous avons également rencontré des dirigeants politiques qui nous ont livré leur analyse et leur conclusion du moment, ainsi que leur regard sur une éventuelle perspective d’apaisement de la situation. Nous avons aussi une vision très claire sur la manière dont l’armée d’Israël conduit les opérations à Gaza.

Nous avons eu beaucoup d’éclairages qui font que je me dois de témoigner, face à tant d’idées reçues sans connaissance approfondie de la situation !

Quel est le sentiment qui prédomine ?

J’ai vu l’horreur absolue !

Dans ma vie de 40 ans d’officier de gendarmerie, j’ai vu la mort. Là, j’ai vu le pire de ce que l’être humain peut faire.

Je l’ai vu à travers des témoignages très précis et à travers des images qui resteront confidentielles, que le grand public ne verra jamais. Les responsables des autorités israéliennes nous ont montré un film que je raconterai jeudi soir. Ce sont des images insoutenables. Ce film en live d’une heure montre un comportement pire que bestial. Même les bêtes ne font pas ça. Cela montre comment l’on peut tuer des enfants, éventrer une femme, prendre son fœtus et le brûler, égorger et décapiter un soldat blessé et lui détacher la tête du corps, voir un père et ses deux enfants se faire déchiqueter dans un kibboutz par deux fous furieux de Dieu. J’ai vu la manière dont ces fous hystériques ont donné la mort. Cette horreur, il faut la prendre en compte.

Les Israéliens, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont d’accord sur un point : il faut éradiquer le Hamas. Ce qui se passe depuis une semaine, c’est-à-dire le réengagement d’Israël, c’est exactement la mise à l’heure de ce qui m’a été dit fin février. Le vice-ministre des affaires étrangères m’a dit : « Nous avons fait la moitié du travail dans Gaza. Notre objectif est d’éradiquer la tête et les forces combattantes du Hamas et de leur arsenal. Nous avons fait la moitié du travail, car il y a des otages. Il en reste cinquante-cinq, dont vingt-deux de vivants. Nous avons freiné, nous avons limité, mais un jour, on ira, et on finira le travail ».

Ils sont en train de le faire. Ils ne vont pas lâcher […] après, il n’y a pas de hiérarchie dans la souffrance quand on perd un être cher, qu’on soit une maman palestinienne ou une maman juive. On souffre. Par contre, il y a une hiérarchie dans la manière de donner la mort. Et ça, je l’ai vu…

PROPOS RECUEILLIS PAR AFJ