Après un week-end meurtrier, un accord portant notamment sur l’allègement de l’embargo imposé à l’enclave palestinienne et l’extension des zones de pêche, a été obtenu via une médiation égyptienne.
Pour la dixième fois en un an, Palestiniens et Israéliens ont choisi la désescalade dans le conflit sans fin qui les oppose à Gaza. Une nouvelle trêve est entrée en vigueur lundi matin après des affrontements d’une violence inédite depuis la guerre de Gaza dont l’objectif était, voici cinq ans déjà, pour l’armée israélienne de mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas et pour les groupes armés palestiniens d’obtenir une levée du blocus du territoire.
Plus de 700 obus et missiles ont visé Israël et Tsahal a riposté par des bombardements intensifs. Vingt-cinq Palestiniens ont été tués et quatre Israéliens sont morts dans la confrontation. À l’heure des bilans, ce nombre élevé de victimes sur le sol israélien est source de malaise dans le pays alors qu’à Gaza, les Palestiniens ont redécouvert la pratique des attentats ciblés. L’accord trouvé dans la nuit de dimanche à lundi a été obtenu comme à l’accoutumée via une médiation égyptienne. Il porte sur l’allégement de l’embargo qui touche cette petite enclave contrôlée par les islamo-nationalistes du Hamas avec notamment une amélioration de la desserte en électricité, une extension des zones de pêche et l’entrée mensuelle de 40 millions de dollars d’aide «humanitaire» versée par le Qatar.
Confronté au mécontentement social d’une population de deux millions d’habitants plongés dans la misère, le Hamas avait besoin de desserrer l’étau. De son côté, Israël tient, pour des questions d’image de marque, à la tenue du 14 au 18 mai du grand prix Eurovision de la chanson à Tel-Aviv. Un événement suivi par 200 millions de téléspectateurs qui devrait montrer à l’opinion publique internationale que les campagnes de boycott économique et culturel d’Israël lancées pour protester contre la colonisation d’une partie de la Cisjordanie n’ont pas de prise. Rien ne dit cependant à ce stade que les groupes armés palestiniens ont définitivement levé leurs menaces de tirs de missile de longue portée en direction de Tel-Aviv.
Cibles militaires ou politiques
Une fois de plus, l’accès de fièvre a fait craindre un basculement dans une guerre totale. L’escalade a été savamment orchestrée selon des codes qui ont permis d’éviter un point de non-retour auquel les deux parties ne souhaitaient pas aboutir. «Pour éliminer le Hamas, nous devons conquérir Gaza», a reconnu Yuval Steinitz, un membre influent du cabinet israélien de sécurité nationale. Une option coûteuse en vies et aux conséquences politiques incertaines à laquelle le premier ministre Benyamin Nétanyahou, en dépit de ses coups de menton, n’adhère pas.
Plus de 500 roquettes palestiniennes ont perforé le «Dôme de fer», le système antimissile déployé par Tsahal, mais elles étaient pour la plupart de courte portée. Plus d’une trentaine ont atteint des zones habitées et quatre civils ont péri. L’un d’eux a été tué par un missile antichar de type Kornet tiré contre son véhicule depuis la bande de Gaza. Un engin de fabrication russe sans doute livré par le Hezbollah libanais.
L’aviation et l’artillerie israéliennes ont détruit plus de 350 objectifs du Hamas et du Djihad islamique visant des cibles militaires ou politiques. Ces attaques étaient en principe précédées d’un avertissement comme le survol d’un drone pour permettre une évacuation des lieux. «Ils toquent avant de taper», témoigne un Gazaoui. L’armée israélienne a toutefois revendiqué l’élimination pure et simple d’un Palestinien présenté comme l’architecte d’un réseau de transfert d’argent au profit des groupes armés palestiniens. Hamed Ahmed al Khodary a été ciblé alors qu’il circulait en voiture. Son assassinat est un message adressé à l’Iran considéré par Israël comme un pourvoyeur de fonds du Djihad islamique particulièrement en pointe lors de la flambée de violence de ce week-end.