Les emportements de Mahmoud Abbas contre Washington et le Hamas (Cyrille Louis – Le Figaro)

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Le président de l’Autorité palestinienne a traité l’ambassadeur américain en Israël de «fils de chien» lui reprochant son soutien aux colons israéliens de Cisjordanie. Il menace aussi d’accentuer les sanctions contre le mouvement islamiste qui tient Gaza depuis 2007.

Les médias israéliens ont surtout retenu l’insulte. S’exprimant lundi soir devant les membres de la direction palestinienne, le président Mahmoud Abbas a de nouveau laissé parler sa colère contre l’Administration américaine. Il a notamment traité l’ambassadeur auprès de l’État hébreu, David Friedman, de «fils de chien», en réaction au soutien que celui-ci apporte aux colons israéliens de Cisjordanie. L’émissaire de Donald Trump pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt, a aussitôt condamné des propos «hautement inappropriés» tandis que Benyamin Nétanyahou accablait leur auteur. «Pour la première fois depuis des décennies, a-t-il dit, l’Administration américaine cesse de cajoler les dirigeants palestiniens. Apparemment le choc de la vérité leur fait perdre la tête.»

Plus encore que les noms d’oiseau, cependant, ce sont les mises en garde brandies par le chef de l’Autorité palestinienne qui suscitent l’inquiétude. Accusant ouvertement le Hamas d’avoir commandité l’attentat manqué contre le convoi du premier ministre Rami Hamdallah le 13 mars à Gaza, Mahmoud Abbas a menacé de mettre fin au processus de réconciliation amorcé en septembre dernier par les deux factions rivales. Si le mouvement islamiste, qui contrôle l’enclave depuis 2007, ne lui cède pas les ministères régaliens sans tarder, il a promis d’alourdir les sanctions contre le territoire côtier. Après la réduction des salaires que verse l’Autorité, la mise à la retraite de fonctionnaires et la réduction de l’approvisionnement en électricité, une telle extrémité risque fort de provoquer un effondrement généralisé – et pourrait déboucher sur une nouvelle confrontation avec Israël.

Soucieux de conjurer une telle spirale, les pays donateurs qui soutiennent traditionnellement la Palestine se sont réunis mardi à Bruxelles pour financer des interventions à court terme. Une dizaine de projets ont été évoqués la semaine dernière, à Washington, lors d’une rare rencontre qui a associé des représentants d’Israël et de plusieurs pays arabes. La réparation rapide des trois lignes électriques qui relient l’Égypte à l’enclave palestinienne, la reconstruction du réservoir de carburant accolé à la seule centrale électrique de Gaza ainsi que la fourniture de 10 millions de mètres cubes d’eau supplémentaires par Israël font partie des pistes envisagées. «Le problème, s’inquiète Nickolay Mladenov, coordinateur spécial des Nations-Unies pour le processus de paix, c’est qu’au-delà de ces mesures d’urgence, nous devons trouver des financements pour l’agence en charge des réfugiés palestiniens (l’Unrwa, NDLR). Or les pays donateurs sont clairement fatigués après tant d’années à soutenir les Palestiniens sans le moindre horizon politique.»

À plus long terme, la communauté internationale envisage de financer une vaste centrale pour dessaler l’eau de mer, un champ de panneaux solaires et l’agrandissement d’une zone industrielle qui fonctionne déjà à l’est de l’enclave. Mais il y a de fortes chances pour que ces projets pharaoniques restent au point mort aussi longtemps que le Hamas et le Fatah ne se seront pas décidés à enterrer la hache de guerre.