Emmanuel Macron au Figaro: «Je crois en deux souverainetés» (Georges Malbrunot – Le Figaro)

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Dans des confidences au Figaro, le président de la République semble abandonner l’option des deux États pour régler le conflit israélo-palestinien.

Emmanuel Macron ne s’était pas encore prononcé sur le plan de paix de Donald Trump, favorable à Israël, rendu public mardi soir à Washington par le président américain. Il l’a fait mercredi en marge d’un dîner à Paris avec la communauté arménienne.

Interrogé par Le Figaro sur le point de savoir s’il croyait encore à la solution des deux États, mantra de la diplomatie française depuis quarante ans, Macron a répondu de manière sibylline: «Je crois en deux souverainetés.» Ces propos inédits pourraient amorcer une évolution sémantique, avant un renoncement public à cette solution des deux États. Qu’est-ce qu’une souveraineté sans État? Celle, toute théorique, des grandes villes palestiniennes encerclées par l’armée israélienne.

Cette formule est un renoncement à deux États, sans le dire explicitement

Denis Bauchard, ancien diplomate

Emmanuel Macron ne croit pas dans les chances de réussite du plan Trump. «Il faut être deux pour faire la paix. On ne peut y parvenir avec une seule partie.» Manière de dire que sans les Palestiniens, ce plan pourrait être mort-né, comme le reconnaissent la plupart des commentateurs, y compris certains Israéliens. Mais le chef de l’État ne veut pas insulter l’avenir, d’où sa formule ambiguë sur «deux souverainetés»«il faut attendre de voir» ce qui va se passer sur le terrain, dit-il. Israël voudrait engager rapidement les démarches en vue de l’annexion des colonies et de la vallée du Jourdain en Cisjordanie.

Interrogé sur la timidité de la réaction française, Macron fait montre de réalisme. «Je ne vais pas présenter de plan» aux uns et aux autres, sachant qu’un plan français serait rejeté par Israël. Bref, la suite des déclarations officielles devrait livrer une indication sur ce nouveau concept de «souveraineté» et dire s’il constitue un tournant dans le narratif français sur le conflit israélo-palestinien. «Cette formule est un renoncement à deux États, sans le dire explicitement», décrypte l’ancien diplomate Denis Bauchard. «Le dire impliquerait que le conflit se pose en termes nouveaux. Israël se retrouverait alors embarrassé, devant accorder les mêmes droits aux Palestiniens qu’à ses habitants ou alors pratiquer l’apartheid», estime Denis Bauchard.